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Au cœur de l'Histoire 7

Au coeur de l histoireAu coeur de l histoire 1


Un oppidum qu'est ce que c'est ?

2000002982373Oppidum gaulois / Dessin d'illustration.

Oppidum, oppida (au pluriel) On en entend parfois parler quand on évoque la conquête de la Gaule, comme les agglomérations gauloises, souvent assiégées par les armées romaines. Mais concrètement, qu'est-ce qu'un oppidum exactement ? 

Site

Un oppidum est un terme latin qui désigne un site fortifié, Ces établissements étaient généralement situés sur des hauteurs stratégiques, comme des collines ou des promontoires, et étaient entourés de remparts défensifs. 

Villes

Les villes sont protégées par des enceintes de bois et de pierre, et s’étendent sur plusieurs centaines d'hectares. Les maisons sont rectangulaires, d'une dizaine de mètres de côté. 

Charpente

Elles se composent d'une charpente de bois et de panneaux de clayonnages recouverts d’argile. Les rues se coupent à angle droit. 

Fouilles

Les fouilles de cités telles que Villeneuve-Saint-Germain ont mis en avant une spécialisation de certains quartiers, par exemple des artisans travaillant la peau, le textile ou le métal. 

Refuge

Les oppida comportent parfois un espace non construit, servant de refuge pour la population des environs et le bétail en cas de danger.

Places

Vers 100 av. J.-C., les villes s’agrandissent et prennent de plus en plus d’importance. Ce sont de véritables places fortes grâce aux murs de protection construits selon une technique gauloise. Ils sont composés de pierres sèches renforcées d’une armature intérieure de bois et de fer, et sont épais de plusieurs mètres. 

2000002982373Famille Gauloise / Dessin d'illustration.

Colline

La plupart des oppida sont adaptés au relief et situés en hauteur. Ils se trouvent en général sur une colline dont le lien avec le plateau n’est qu’un mince terrain plat. Ces protections s'avèrent importantes contre les ennemis. Les murs sont suffisamment solides pour résister au bélier romain.

Changements

Avec l’apparition des oppida, on constate des changements essentiels dans l’organisation de la société celtique. Peu à peu, la royauté héréditaire fait place à un système oligarchique. 

Nobles

Le pouvoir est exercé par des familles nobles, influentes dont la majeure partie de la population dépend. En échange de services de guerre et du paiement d'impôts, elles offrent leur protection juridique. 

Aristocrate

Plus un aristocrate dispose de protégés, plus il a de poids dans la société et gagne en efficacité lors des procès. Cette position privilégiée permet à ces familles de contrôler la vie religieuse, politique et économique de la société gauloise

Changements

On peut remarquer deux autres changements essentiels : la naissance d’une cavalerie gauloise et l’absence de nécropoles à inhumation jouxtant les oppidums. 

Bourgades

À la fondation de ces bourgades, se crée une cavalerie permanente, alors qu’auparavant, les troupes n’étaient levées que temporairement. Ces nouveaux combattants sont longuement formés et font de la guerre leur métier.

Équipés

Ils se battent pour leur ville ou pour de riches nobles. Ils sont mieux équipés que leurs prédécesseurs, munis d’une longue épée et protégés par un casque, un bouclier, et même, parfois, une cotte de mailles.

2000002982373L’oppidum de Gaujac a été fondé à la fin du Ve siècle avant Jésus-Christ par la tribu gauloise des Samnagenses qui lui ont donné de nom de Samnaga.

Sépultures

À proximité de ces centres urbains, on n’a retrouvé aucune trace de sépultures l’on suppose qu’ils étaient simplement incinérés et que leurs cendres étaient enterrées. Le moment de ce changement correspond parfaitement à celui de l’apparition des oppida, ce qui constitue une nouvelle preuve tangible que l’essor de ces villes répond à un bouleversement profond dans la société celte.

Conquête

Après la conquête romaine, la plupart des oppida sont abandonnés au profit de nouvelles cités situées en plaine ou à proximité d'un fleuve ou d'une rivière.

Romains

Au fur et à mesure que les Romains ont étendu leur domination en Europe, de nombreux oppida ont été intégrés dans l'Empire romain. Certains oppida sont également devenus des centres urbains romains.

Étudiés

Ces sites sont souvent étudiés par les archéologues pour mieux comprendre la vie et la culture des populations, pré-romaines.


Lyon : 1831 la tour-observatoire de Fourvière

2000002982373En silhouette depuis la ville (Revue du Lyonnais, 7-1853).

En 1831 une haute tour carrée à côté de la chapelle de Fourvière a considérablement modifié la silhouette de la colline, vue depuis la ville. Elle attire l’attention sur de multiples peintures, dessins, gravures et photos du XIXe siècle. Elle est toujours là, mais réduite à mi-hauteur, et on ne l’aperçoit guère aujourd’hui.

Lettre

Le 2 janvier 1832 une lettre du préfet de Lyon, Gasparin, sollicite de l’Académie un rapport motivé sur la demande du Sr Gouhenant demeurant à Lyon, rue de la Reine n°38, qui a remis à S A R. Monseigneur le Duc d’Orléans, lors du séjour du prince dans cette ville, un placet dont l’objet est d’obtenir les fonds nécessaires à l’achèvement d’une construction sur la montagne de Fourvière, pour l’établissement d’un observatoire.

Projet

Après la visite des académiciens, le sieur Gouhenant leur fait tenir une longue lettre précisant et développant son projet.

Monument

Le monument sera de 40 pieds plus élevé qu’ils ne l’ont vu, décoré de grisailles figurant les quatre éléments, les quatre-saisons et les quatre vents au-dessus des croisées des trois étages, des têtes de Lyon en bronze aux angles des cordons, et des vases en bronze sur les angles de la terrasse.

Salon

Il y aura un salon au rez-de-chaussée, un atelier de peinture au premier étage, des salons d’exposition au bénéfice des artistes aux 2e et 3e étages, et l’observatoire garni des meilleurs instruments au 4e étage.

Quinquets

Quatre quinquets, multiplicateurs, pourront la nuit s’apercevoir à plus de 80 lieues. Un paratonnerre haut de 30 pieds protégera la ville de Lyon .

Horizon

« De l’horizon immense que l’on découvre sans obstacle, un général pourrait donner des ordres et voir exécuter des manœuvres dans la plaine du Dauphiné, aux redoutes de la Guillotière et des Brotteaux, et devant celles du Mont Essuy ».

But

« Sans autre but que celui d’être utile aux arts et aux sciences, de porter coup à l’ignorance, d’exhorter à l’étude et à l’instruction », le pétitionnaire, qui a « consacré toute sa fortune et épuisé toutes ses ressources », sollicite un don de dix mille francs pour tenir un engagement, et réclame une marque d’honneur et d’encouragement.

Commission

La Commission a disposé d’autres informations. Elle rend compte de ses observations le 6 février 1832. Les dimensions ont été trouvées moindres, avec 8 mètres de côté au lieu de 10 pour le plan, et une hauteur de seulement 29 mètres au lieu de 50.

2000002982373Observatoire de Fourvière en MDCCCXXX J. Pollet archit et ædif. Aug. Flandrin del. Lith. H. Brunet à Lyon – Coste 630, cl. J.B.

Surélévation

La surélévation proposée ajoutera beaucoup à l’élégance de la construction et à l’ornement de la montagne. Mais lorsque le constructeur dit avoir voulu se rapprocher de la tour des vents d’Athènes, c’est en vain que l’on chercherait quelque ressemblance avec elle.

Édifice 

L’édifice sera utile à l’astronomie, s’il est mis à la disposition des savants. Cependant le paratonnerre ne protégera qu’un cercle réduit, et non la ville.

Artistes

On ne voit pas que les artistes ne tirent aucun avantage des offres gratuites qui leur sont faites, ni qu’on puisse du 4e étage diriger des manœuvres, non plus de l’utilité du foyer de lumière pour les voyageurs.

Calculs

Malgré les calculs hasardés de l’entrepreneur et l’étroite limite des avantages qu’il se flatte de procurer, la commission, dans son rapport daté du 7 février 1832 et signé de E. Rey et A. Chenavard, émet le vœu, sous quelques conditions, que le secours sollicité soit accordé. 

Discussion

Cependant, après discussion, l’académie arrête que l’encouragement sollicité doit être refusé. 

2000002982373La chapelle de Fourvière et la tour-observatoire en 1852.

Érection

Dès son érection l’édifice, qui écrase la vieille petite chapelle, sa voisine, est l’objet d’ardentes polémiques à l’époque. « D’un genre bâtard et sans nom, cette grande tour carrée, cette grande masse de moellons, c’est de la barbarie » s’indignent E. Falconnet et L.A. Berthaud dans Lyon vu de Fourvières).

Haut-Clocher

Un Haut-Clocher est érigé sur la chapelle en 1850, et surmonté de la vierge colossale de Fabisch en 1852. La promiscuité insupportable : il faut démolir la tour !

Paul Saint-Olive

Paul Saint-Olive, cependant, en estimant que cette « gaine de cheminée n’a pas beaucoup exercé le gémie de feu Pollet » son architecte (1795-1839), pense que sa démolition serait « un véritable désastre. »

Commission

Une Commission de Fourvière créée en 1853 achète l’observatoire en 1857 et le fait démolir à mi-hauteur en 1858. Ne subsiste que les deux étages sur le rez-de-chaussée qui sert aujourd’hui d’entrée à un restaurant dont la terrasse est célèbre. Seul un œil averti sait reconnaître le bas de la tour-observatoire de Fourvière.


Pérouges : histoire d’une cité médiévale 

2000002982373Armoirie de Pérouges.

Les lointaines origines de Pérouges sont, hélas, du domaine de la légende et le nom même de la vieille cité a été l’objet de bien des discussions. Vient-il de cette colonie errante qui voulut rappeler en ces lieux évocateurs de poésie, le souvenir de Pérousse ? 

Per Rubia

Faut-il admettre avec Révérend du Mesnil qu’il vient de Per Rubia, parce que le sang des soldats d’Albin qui y auraient été massacrés y coula en plus grande abondance qu’ailleurs ? C’est possible, mais les précisions nous font absolument défaut.

Origine

L’origine du nom de Pérouges nous est inconnue. Les appellations « Perogiae » et « Peroges » sont les plus anciennes : castrum de perotgias (vers 1130). Ecclesia de Peroges (vers 1149). À partir du XVIe siècle, on ne retrouve plus, d’une façon générale que Peroges. Le nom moderne de Pérouges remonte au XVIIIe siècle.

Notaires

Au moyen-âge (XIII-XVè siècles), les notaires qui devaient écrire en latin le nom de la ville de Pérouges, latinisaient le toponyme (qui se prononçait Péroges) en rétablissant systématiquement la marque du pluriel, ce qui veut dire qu’à l’origine Pérouges était un mot pluriel. Cela va dans le sens des « Pierres rouges ».

2000002982373La cité médiévale de Pérouges.

Cité

La cité médiévale de Pérouges est située dans le département français de l'Ain, en région Auvergne-Rhône-Alpes  Elle est bâtie sur le relief de la côtière à l’extrême sud du plateau de la Dombes, sur un éperon de tuf, à 286 mètres d'altitude, escarpé sur trois de ses côtés.

Château

Le château et la cité de Pérouges sont en 1130 aux mains de Guichard d'Anthon, un vassal des comtes de Forez et de Lyon.

Forteresse

Dès 1167, la cité a un usage de forteresse ; le seigneur d'Anthon s'y réfugie pour résister aux troupes de l'archevêque de Lyon. Au cours du XIIIe siècle, la cité prospère notamment grâce à l'artisanat du tissage.

Cédé

En 1173, la permutation entre Guigues II, comte de Forez et de Lyon, et l’Église de Lyon, nous apprend que le comte a cédé, par-delà le Rhône et la Saône, tout ce qu'il possédait à l’Église de Lyon pour en jouir à perpétuité, dont le château de Pérouges, que Guichard d'Anthon possédait.

Seigneurie

Au XIIIe siècle, le château et la seigneurie échoient par mariage à la maison de Genève. En 1319, Pérouges est acquis par les Dauphins de Viennois. Le 29 mars 1349, elle passe au royaume de France lors du transport du Dauphiné à la France à la suite du traité de Romans.

Roi

Le 5 janvier 1354, le roi de France échange la cité avec le comte de Savoie à la suite du traité de Paris contre divers biens, et constitue ainsi un poste avancé du comté de Savoie.

2000002982373La cité médiévale de Pérouges.

Philippe de Bresse

Au XVe siècle, le château et la cité sont la possession du comte Philippe de Bresse, frère cadet d'Amédée IX de Savoie. 

Pérouges

En 1468, Pérouges résiste victorieusement aux deux mille hommes du sire de Comminges, gouverneur du Dauphiné, lors de l'envahissement de la Bresse. 

Récompense

En récompense, les habitants se verront, pour une durée de vingt ans, exempts de tailles, fouages, subsides et autres impositions, à charge de reconstruire l'église et de réparer les fortifications.

Traité

Le Traité de Lyon en 1601 adjoindra la cité médiévale à la France, à l'instar de plusieurs régions historiques ; la Dombes, la Bresse et le Pays de Gex. La vocation militaire de la cité médiévale disparaît alors.

Conservés

C’est entre le XIIIe et le XIVe siècle que le château de Pérouges sera partiellement détruit et qu’un village fortifiée sera établie sur le site, suite à un droit de franchise concédé aux habitants du lieu. Les murs d’enceinte datant du XIIe y sont encore relativement bien conservés.


Lyon : les Fortifications de la Croix-Rousse

2000002982373Fortifications de la Croix-Rousse / Plan de Simon Maupin vers 1620.

Les fortifications de la Croix-Rousse s’étendaient du Rhône à la Saône en ligne droite à l’emplacement du boulevard de la Croix-Rousse actuel. Un premier rempart existait probablement depuis le début du XVe siècle à cet endroit en avant du véritable rempart de Lyon qui était aux Terreaux.

Initiative

L’initiative du remplacement des « vieux fossés » par une enceinte bastionnée revient au Roi Louis XII en 1512. La construction commence dès 1513, mais est très lente ; François Ier en 1523 nomme Jean Pérréal responsable des fortifications, dont la construction se poursuit jusque vers 1550 sous l’impulsion de Jean d’Albon.

Plan

À cette date, le Plan Scénographique de Lyon montre un rempart continu, dessiné de manière schématique percé d’une porte avec un pont-levis, la porte Saint-Sébastien. 

Épisode 

Après l’épisode du gouvernement protestant de la ville (1562 - 63), le roi Charles IX et sa mère visitent la ville en 1564. Il décide la construction d’une citadelle en haut des pentes de la Croix-Rousse, pour maintenir la ville dans l’obéissance.

Construite

Construite, elle reçoit en 1565 une garnison royale. Cette citadelle porte atteinte aux libertés de la ville et les Lyonnais réclament sa démolition. 

Revendications

En 1585 Henri III cédera aux revendications des Lyonnais, les autorisant à la détruire, en leur faisant payer 40 000 écus pour lui en compensation. De même en 1602 le Consulat de Lyon craignant que les murailles puissent servir contre la ville obtient que les bastions soient ouverts vers la ville : des murs intérieurs sont donc démolis.

Ensemble

Vers 1600 l’ensemble compte 9 bastions à oreillons reliés par une courtine ; ils sont appelés en partant de la Saône.

1- bastion St-Jean dominant la Saône. 2- bastion Notre Dame. 3- bastion de la Grenouille. 4- bastion de la Tourette 5- bastion de St- André. 6- bastion St-Sébastien. (Porte de la Croix-Rousse), unique porte de l’enceinte au débouché de la montée de la Grand-Côte (rue des Pierres Plantées) donnant accès au plateau par la Grande Rue de la Croix-Rousse. 7- Bastion d’Orléans. 8- bastion St-Laurent. 9- bastion St-Clair au bord du Rhône.

2000002982373Le fort St Jean en 1670.

Charles d’Alincourt

Pendant les années 1630 sur l’initiative du gouverneur Charles d’Alincourt, la fortification est complétée et modernisée par une suite de 6 demi-lunes en avant du rempart entre les bastions : leur emplacement se retrouve aujourd’hui dans le plan triangulaire de certaines places ou rues. 

Fort

En contrebas du fort St-Jean est ouverte sur la rive gauche de la Saône une porte fortifiée, la « porte d’Alincourt ».Au début du XVIIIe siècle les fortifications sont à l’abandon, le bastion St-Clair sera démoli dès 1772 pour ouvrir le quai St-Clair le long du Rhône. Les pentes sont occupées en majorité par des établissements religieux.

2000002982373Plan des Remparts en 1789.

Siège

En 1793 pendant le Siège de Lyon, des batteries d’artillerie sont installées sur les bastions : sur le bastion 1 en direction de Vaise, 5, 6, 7 en direction du plateau et 8 en direction des Brotteaux. En 1796 certains bastions (Orléans et St-Laurent) sont vendus comme Biens Nationaux à des investisseurs privés et la ville doit les racheter en 1819.

Travaux

Pendant les Cent-Jours en mai-juin 1815 sont entrepris dans l’urgence des travaux de remise en état des fortifications de Lyon : on aplanit les bastions et on élève des parapets en terre. Mais il n’y aura pas de nouveau siège de Lyon, car les hostilités sont suspendues le 12 juillet 1815.

Bastions

Les bastions seront cédés à l’Etat en 1832 pour la réorganisation des fortifications (travaux du général baron Rohaut de Fleury directeur des fortifications de Lyon de 1831 à 1837).

Fortifications

Les fortifications sont réparées et consolidées : le bastion St-Jean est incorporé dans un fort constituant un puissant ouvrage superposant 7 niveaux d’artillerie avec des casernes intérieures (1834). 

Chartreux

Le bastion des Chartreux et la porte du même nom encadrent le terrain de manœuvre du Clos-Jouve situé à l’intérieur du rempart. Le bastion 6 très réduit dès les années 1820 inclut la porte de la Croix-Rousse, elle est défendue par la caserne fortifiée des Bernardines.

2000002982373Vue en direction de l’ouest: Porte et bastion des Chartreux.

Caserne

Le bastion St-Laurent est équipé vers 1835 d’une petite caserne fortifiée à 2 étages pour 400 hommes, flanquée d’une porte monumentale avec 2 pavillons d’octroi. Cette porte devait permettre aux soldats des casernes des pentes de sortir rapidement sur le plateau en cas de révolte.

Chute

Dès la chute de Louis-Philippe des militants révolutionnaires commencent la démolition de l’enceinte, qui avait la réputation d’avoir été construite pour contenir les révoltes.

20000029823731853: de gauche à droite la caserne des Bernardines, la porte, caserne et bastion Saint-Laurent.

Enceinte

Ce type de fortification urbaine devient obsolète. L’enceinte est rétrocédée à la ville en 1862 et est percée par le chemin de fer de Sathonay, qui vient faire la correspondance avec le funiculaire de la rue Terme en 1863. Le plan ci-dessous donne l’état des lieux vers 1865.

Porte

La demi-lune entre le bastion d’Orléans et la porte de la Croix-Rousse a été convertie en gymnase militaire (il en reste un portail isolé à l’intérieur du pâté de maisons qui l’a remplacé.) 

Rempart

En 1867, le rempart est démoli pour faire place au boulevard de la Croix-Rousse (d’abord nommé boulevard de l’Empereur), en 1868, la porte St-Laurent est également démolie. Conservés pour leurs casernes, ne restent alors que le fort St-Jean et le bastion St-Laurent.

Caserne

Le fort St-Jean côté Saône héberge une partie du régiment logé à la caserne de Serin en contrebas. Puis il abrite la Défense anti-aérienne en 1939, la Pharmacie Régionale du Service de Santé de 1932 à 1984, puis l’Inspection des services vétérinaires et un magasin de réserve de mobilisation du Service de Santé jusqu’en 1998. 

Réaménagé

Bien réaménagé, il accueille depuis 2004 l’École Nationale du Trésor. Le bastion St-Laurent côté Rhône a hébergé depuis 1936 la Direction Régionale du Service de Santé des Armées, elle a déménagé au quartier général Frère en juin 2014. En 2023, le site de St-Laurent est en voie de transformation en résidence hôtelière.


Histoire du Château de la Motte à Lyon

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Ce château du 15e, à la transition entre la résidence fortifiée médiévale et la maison des champs de la Renaissance, est la principale maison-forte conservée à Lyon. 

Propriétaires

Ses premiers propriétaires connus étaient la famille de Villeneuve, dont il est mentionné qu’elle accueillit dans sa demeure les assises du Parlement de Grenoble en 1476. Il paraîtrait même que la future épouse du roi Henri IV, Marie de Médicis, aurait assisté à une messe et un dîner dans le château en l’an 1600.

Domaine

Le domaine fut ensuite loué par les religieuses du couvent de Sainte-Élisabeth de Bellecour au XVIIe siècle, jusqu’à ce qu’il soit saisi comme bien national pendant la Révolution.

Édifice

L'édifice présente un plan complexe formé par l'association de deux corps de logis principaux, est et ouest, flanqués de tours, reliés par des corps de bâtiment ou des courtines autour d'une cour irrégulière. Bien qu'ayant subi de profondes transformations intérieures, les structures d'origine.

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Château

Le château de La Motte (ou La Mothe) est situé dans le 7e arrondissement de Lyon, rive gauche, dans le département du Rhône. Il se dresse au voisinage de la bifurcation des anciennes routes de l’est et du sud de Lyon, à la frontière entre le Dauphiné et le Lyonnais. 

Motte

Il occupe une petite élévation, une motte castrale (d’où il tire son nom) qui le mettait à l’abri des inondations et lui assurait une bonne visibilité avant l’urbanisation du quartier de la Guillotière.

Bâtiments

Les bâtiments, flanqués de tours rondes et d’une tour carrée composent un quadrilatère irrégulier entourant une cour d’honneur. 

Entrée

L’entrée, au sud, a conservé des mâchicoulis. Un donjon domine l’ensemble. Au XIIIe siècle, le mur occidental fut remplacé par une terrasse. Une chapelle était encore visible au XIXe siècle.

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Dépendances

Les dépendances, sans doute édifiées à la fin du XVIe siècle, comprennent deux étables avec greniers, un auvent abritant un pressoir et un bassin, et deux granges. Le domaine couvre un peu plus de 17 hectares.

Fort

Au cours des siècles suivants, le château se transforme en fort militaire puis devient une cité militaire. Le domaine est ainsi rebaptisé caserne Sergent-Blandan en 1942, en hommage au soldat mort en Algérie. L’armée pliera toutefois bagage au début des années 2000, laissant le site à la gendarmerie, puis aux mains de la Métropole de Lyon.


Le Grand Hiver de 1709 et ses mortelles conséquences

2000002982373En 1709, l'Europe fut paralysée par une vague mortelle de neige et de glace. Tableau anonyme du 18e siècle, exposé au Castello Sforzesco de Milan.

Cet hiver impitoyable a arraché à la vie un grand nombre d'Européens et perturbé deux guerres majeures. Le froid extrême de cette année-là favorisa la propagation du virus dans toute l'Europe.

Nuit

Il n'aura fallu qu'une seule nuit de l'année 1709 pour que le climat bascule. Le 5 janvier 1709, les températures chutèrent, rien d'étonnant, a priori, aux premières heures de l'hiver en Europe, mais celui de 1709 n'avait rien d'une vague de froid ordinaire. 

Soleil

Le lendemain, le soleil se leva sur un continent glacé de l'Italie à la Scandinavie et de l'Angleterre à la Russie, le surlendemain également, puis tous les jours pendant près de trois mois.

Froid

Le froid extrême provoqua des pénuries alimentaires qui entraînèrent la mort de centaines de milliers de personnes rien qu'en France. Il gela des lagons en Méditerranée et modifia le cours d'une guerre. Depuis une Angleterre grelottante, le philosophe William Derham écrivit : « De mémoire d'Homme, jamais nous n'avons connu d'hiver aussi rude. »

Pays

Le pays le plus touché par la terrible vague de froid fut sans nul doute la France. L'année 1709 avait déjà mal commencé. 

Paysans

Les paysans français devaient composer avec de maigres récoltes, de lourds impôts et l'enrôlement pour la guerre de Succession d'Espagne. 

2000002982373Le gouvernement de Louis XIV dut faire face à une crise alimentaire catastrophique engendrée par le froid extrême.

Températures

Les vagues de froid endurées à la fin de l'année 1708 n'étaient rien face à l'effondrement des températures de la nuit du 5 au 6 janvier 1708. Les deux semaines suivantes, la neige tomba sur la France et les thermomètres affichèrent des températures avoisinant les -20 °C.

Prévisions

En l'absence de prévisions météorologiques, les autorités n'eurent pas le temps de se préparer à ce qui est désormais qualifié de Grand Hiver. Des milliers de personnes moururent d'hypothermie avant la prise de mesures visant à aider les citoyens. Autres victimes de ces conditions extrêmes : les animaux tués par le gel dans leurs enclos, étables ou poulaillers.

Territoire

Sur l'ensemble du territoire français, les fleuves, les canaux et les ports furent figés par le gel et les routes bloquées par la neige. Dans le port de Marseille et à différents points du Rhône et de la Garonne, la glace supportait le poids des charrettes, ce qui situe son épaisseur autour de 28 cm. 

Villes

Dans les villes privées de provisions, des témoignages racontent que les habitants étaient forcés de brûler leur mobilier pour se réchauffer. À Paris, l'approvisionnement fut suspendu pendant trois mois.

Disette

Même les plus aisés qui se pensaient à l'abri de la disette avec leurs stocks de nourriture et de boissons réalisèrent bientôt que le froid les rendait inutilisables. 

Pain

Le pain, la viande et certaines boissons alcoolisées gelèrent tout simplement. Il ne resta de liquide que les spiritueux comme la vodka, le whisky ou le rhum. Le piège glacé du climat vint se refermer sur les pauvres comme sur les riches. 

Demeures

Les vastes demeures de l'élite avec leurs grandes fenêtres, conçues pour impressionner, mais sans aucune considération pratique, laissaient passer un air glacial.

2000002982373Les pauvres mouraient dans leurs taudis et les riches grelottaient dans leurs châteaux, comme à Versailles, où la duchesse d'Orléans « peinait à tenir sa plume ».

Versailles

À Versailles, Élisabeth-Charlotte de Bavière, duchesse d'Orléans et belle-sœur du roi Louis XIV, adressa ces quelques lignes à la duchesse Sophie de Hanovre. 

Froid

« Il fait un froid si affreux qu'on ne peut l'exprimer. Je suis assise devant un feu flamboyant, il y a un paravent devant ma porte, qui est fermée, afin que je puisse m'asseoir ici avec une fourrure autour du cou et les pieds dans une peau d'ours, mais je frissonne quand même et peine à tenir la plume. Je n'ai jamais connu un tel hiver, le vin gèle dans les bouteilles. »

Europe

Dans le reste de l'Europe, aussi, apparurent les étranges conséquences du froid. De nombreux témoins racontèrent comment la chute soudaine de température fragilisa ce qui était pourtant perçu comme robuste. 

Troncs

Les troncs d'arbre se brisaient avec fracas, comme si un bûcheron invisible s'affairait à les abattre. Dans les églises, les cloches se fendaient au lieu de résonner.

Londres

À Londres, où l'on parla plus tard de « Great Frost » (en français, le Grand Gel), la Tamise fut prise par les glaces. Les canaux et le port d'Amsterdam connurent un sort similaire. 

Mer

La mer Baltique se figea pendant quatre longs mois et les voyageurs, dit-on, la traversaient à pied ou à cheval depuis le Danemark pour rejoindre la Suède ou la Norvège. 

Gel

Le gel toucha la quasi-totalité des rivières de l'Europe du Nord et Centrale, même les sources chaudes d'Aix-la-Chapelle. 

Chariots

Des chariots lourdement chargés se frayaient un chemin sur les lacs gelés de la Suisse et les loups rôdaient dans les villages à la recherche de quelque nourriture, jetant parfois leur dévolu sur les villageois morts de froid.

Adriatique

Dans l'Adriatique, une foule de navires furent piégés dans la glace et leurs équipages moururent de froid et de faim. À Venise, les habitants utilisaient des patins à glace au lieu des traditionnelles gondoles pour arpenter la ville. Rome et Florence furent coupées du monde par d'importantes chutes de neige. 

2000002982373L’hiver terrible de 1709 en Aveyron.

Espagne

En Espagne, l'Èbre fut couvert de glace, et même la douce Valence vit ses oliviers anéantis par le froid.

Conflit

Ces conditions météorologiques extrêmes eurent aussi des répercussions en politique. Le conflit entre la France et la Grande-Bretagne dans la guerre de Succession d'Espagne fut suspendu jusqu'au retour des beaux jours. Plus important encore, les températures glaciales auraient en partie contribué à faire de la Russie une puissance régionale. 

Bataille

En effet, alors que les historiens considèrent la victoire russe de Pierre Ier le Grand sur la Suède lors de la bataille de Poltava en juin 1709 comme une étape décisive de cette transition, celle-ci aurait été arrachée à une armée suédoise réduite et affaiblie par la mort d'un grand nombre de soldats en raison des conditions climatiques épouvantables.

Fléaux

Cependant, tout aussi épouvantables soient-elles, ces conditions glaciales n'étaient que le premier événement d'une série de fléaux à s'abattre sur l'Europe cette année-là. Les températures restèrent anormalement basses jusqu'au mois d'avril 1709, mais une fois la neige et la glace fondue, elles laissèrent place à des inondations.

Maladies

L'an 1709 vit également les maladies proliférer. Après l'émergence d'un virus à Rome, le froid et la faim du Grand Hiver en facilitèrent la propagation et entraînèrent une épidémie à l'échelle européenne en 1709 et 1710. 

Peste

Pour ne rien arranger, la peste frappa aussi cette année-là, venue de l'Empire ottoman via la Hongrie.

Maux

Mais de tous les maux dont souffrait l'Europe, la faim était, à bien des égards, le plus implacable. Les conséquences des pénuries alimentaires durèrent jusqu'à la fin de l'année 1710. Arbres fruitiers, céréales, vignes, légumes, troupeaux, tout fut perdu.

Récoltes

Les récoltes de l'été suivant ne purent même pas être plantées. Face à cette situation, le prix des céréales atteignit des sommets en 1709, jusqu'à six fois le cours habituel.

Louis XIV

En France, Louis XIV organisa des distributions de pain et obligea l'aristocratie à suivre son exemple. Il fut également tenté de répertorier l'ensemble des stocks de céréales afin d'empêcher la création de réserves en envoyant des inspecteurs veiller au bon respect des lois.

Misère

Malgré son bon vouloir, de telles mesures étaient bien dérisoire face à l'atroce misère qui s'installait. Des épisodes de violence dans lesquels les paysans réduits à la soupe de fougère formaient des bandes pour piller les boulangeries ou dévaliser les convois de céréales.

Conséquences

« Le Grand Hiver » et son macabre sillage eurent des conséquences tragiques pour des centaines de milliers de personnes. 

2000002982373Le grand hiver de 1709 est un fléau de glace qui a dévasté la France, ainsi que l’Europe, rasant les récoltes et la population sur son passage.

Population

En France, la population connut un net déclin au cours des années 1709 et 1710 : 600 000 morts supplémentaires et un recul de 200 000 naissances par rapport à la moyenne annuelle de l'époque. Il n'en fallait pas plus pour achever une économie déjà chancelante.

Record

Encore aujourd'hui, cette période détient le record de l'hiver européen le plus froid des 500 dernières années et occupe toujours l'esprit des climatologues. Diverses théories ont vu le jour pour tenter de l'expliquer.

Volcans

Dans les années antérieures à la vague de froid, plusieurs volcans sont entrés en éruption autour de l'Europe, notamment le Teide sur les îles Canaries, le volcan de Santorin en Méditerranée et le Vésuve près de Naples. D'énormes volumes de poussière et de cendre ont envahi l'atmosphère et entravé le passage des rayons du Soleil.

Climatologues

L'année 1709 tombe également dans la période appelée minimum de Maunder (1645 - 1715) par les climatologues, époque à laquelle les émissions d'énergie solaire ont connu un affaiblissement considérable. 

Catastrophe

Quant à savoir si la catastrophe hivernale subie par l'Europe en 1709 est bel et bien le fruit de ces différents facteurs, le débat a encore de beaux jours devant lui.


1628 : la peste à Lyon

2000002982373Lyon a été fortement frappée par les épidémies de peste entre les XIVe et XVIIIe siècles.

L’objet de cet article n’est pas de fournir une synthèse sur l’histoire des épidémies, mais de présenter deux témoignages sur celle qui frappa Lyon de juillet 1628 au printemps 1629. Les deux témoignages offrent un récit complet des événements et proposent des interprétations selon les critères de leur époque.

Extrait

Il s’agit d’une part d’un extrait du Mercure français, recueil annuel des faits marquants survenus en France, et d’autre part du témoignage du P. Jean Grillot, jésuite.

Un extrait du Mercure français de 1629

« Si les hommes font et continuent leur guerre par le malheur du siècle, Dieu, irrité de nos péchés et irrévérences, continue aussi la sienne, envoyant le fléau de la peste, verge de laquelle sa divine justice se sert ordinairement pour crever les apostumes de notre orgueil, et nous faire penser que nous sommes hommes mortels, qui n’avons aucun terme assuré de la durée de notre vie. »

Indignation

« Cette indignation divine s’est fait puissamment ressentir, avec des effets prodigieux, en ce royaume de France, cette année 1628, et singulièrement en la ville de Lyon, laquelle a expérimenté, aux dépens de la vie de plus de soixante mille personnes, combien Dieu est terrible en la vengeance qu’il prend de nos péchés. »

Contagion

« On a parlé diversement du sujet de cette contagion de Lyon, et pour la plus vraisemblable cause d’icelle on a remarqué ce qui suit : au mois de juillet 1628, les troupes conduites par le marquis d’Uxelles, venant de Bourgogne, et s’en allant au secours du duc de Mantoue. »

Traversé

« Ayant traversé tout le Lyonnais et étant entrées dans le Dauphiné, furent logées en partie dans un village nommé Vaux, à une lieue de la ville de Lyon, où un soldat mourut de peste le jour précédent qu’il devait déloger, et fut enterré la nuit par ses camarades dans un jardin, à deux pieds dans terre seulement, à l’insu des habitants dudit lieu. »

Pluie

« Quelques jours après, la pluie ayant découvert ce corps, le maître de la maison le fait enlever et porter au cimetière. Cela fait, le même jour ceux de cette maison se trouvèrent frappés de maladie contagieuse, et en peu de temps, avant qu’elle fut reconnue, tous les voisins de ladite maison en furent aussi atteints. »

2000002982373Gravure de Paul Fürst, 1656

Maladie

«La nouvelle de cette maladie étant parvenue aux oreilles des commissaires de la santé de la ville de Lyon, aussitôt, ils y envoient des capucins et un chirurgien, et leur font tenir tous vivres nécessaires pour les empêcher de se communiquer. »

Tentative

« Malgré la tentative de mettre en place un cordon sanitaire, le mal se répand jusqu’à Lyon. »

Maison

« Cela fut au commencement du mois d’août, que l’on découvrit une maison infectée au quartier de Saint-Georges, laquelle, avant que d’être découverte, avait déjà épandu son venin en d’autres quartiers qui se firent bientôt connaître, en telle sorte qu’en moins d’un mois tous les quartiers de la ville se trouvèrent infectés. »

Effroi

« Cela donna tel effroi à tous les habitants d’icelle que tous les officiers de judicature, des finances, de l’élection et autres juridictions, quittèrent leur exercice et se retirèrent à la campagne avec la plupart des principaux bourgeois et marchands, et de demeura dans la ville que le prévôt des marchands et les échevins, lesquels peu de temps après furent réduits au dernier desdits échevins. »

Absentés

« Les autres s’étant absentés à cause que la maladie avait attaqué leurs familles ; ce qui arriva à plusieurs autres bourgeois et marchands qui étaient demeurés. »

Voleurs

« Et ce qui augmenta l’effroi fut que plusieurs voleurs, se prévalant de la misère et calamité du temps, se mirent à engraisser les portes des maisons et chambres des habitants, leur imprimant la crainte de la maladie par l’attouchement de cette graisse, leur dessein étant de leur faire quitter leurs maisons pour plus facilement exercer leurs voleries. »

Religion

« Cela anima tellement le peuple contre ceux de la religion prétendue réformée, qu’ils estimaient les auteurs de ces engraissements pour se rendre maîtres de la ville (ayant appris qu’en l’année 1562 ceux de la religion prétendue réformée avaient pratiqué cette ruse pour s’emparer de la ville, comme ils firent.), que tous ceux de la religion prétendue réformée que le peuple rencontrait par la ville étaient tués. »

Tuèrent

« Et pour un seul jour ils en tuèrent plus de dix, en sorte que les magistrats et officiers qui étaient encore restés dans la ville furent contraints, s’étant saisis de quelques-uns de ces engraisseurs, de les faire pendre. »

Maux

« Tels engraisseurs causèrent véritablement de grands maux dans Lyon. On a remarqué qu’aux mois de septembre et octobre furent tués quinze ou seize personnes par la populace, sous prétexte, disaient-ils, d’être engraisseurs. »

2000002982373Lyon au 17e siècle. Dessin et gravure de Joannès Drevet. De toutes les épidémies de peste qu’a connues Lyon, aucune n’a fait autant de ravages que celle de 1628.

Exécution

« Nonobstant, cette exécution, le peuple ne se laissait pas encore de continuer la sédition, si bien que les magistrats et officiers de la justice étaient contraints de marcher par la ville pour retenir le peuple. »

Religion

« Cependant tous ceux de la religion prétendue réformée se resserrèrent dans leurs maisons ou abandonnèrent la ville, et lesdits prévôts des marchands et échevins firent en sorte que, pour contenter le peuple, l’on les désarma ; et mirent des gardes jour et nuit aux deux avenues du pont de Saône, pour courir sur ceux qui feraient semblables émotions ; ce qui arrêta la furie du peuple. »

Réprimée

« Laquelle fut encore bien mieux réprimée par la grande mortalité qui s’en suivit les mois de septembre, octobre, novembre et décembre, et partie de janvier. Pendant lequel temps, il n’y eut que les sieurs de Silvecane, conseiller du Roi, et garde des Sceaux en la sénéchaussée et siège présidial, et président au bureau de la santé de Lyon. »

Mellier

« Mellier, aussi conseiller du Roi au siège présidial, et second conseiller audit bureau de la santé ; et Coppet, lieutenant criminel de robe courte en ladite ville, avec dix autres commissaires de la santé, tous bourgeois ou marchands, qui demeurèrent pour donner ordre au fait d’icelle ; l’un duquel commissaires fut attaqué de la peste et mourut. »

Protection

« Les autres, pour cela n’ayant pas perdu courage, entreprirent la protection de cette ville ainsi abandonnée. Mais ce qui tenait plus en cervelle lesdits prévôts des marchands, échevins et les commissaires de la santé, était de trouver moyen de nourrir et entretenir plus de vingt mille pauvres qui demandaient du pain, leur travail ayant entièrement cessé, se voyant à la veille d’un saccagement ou d’un pillage s’ils n’y pourvoyaient. »

Assemblées

« Pour cet effet donc ayant fait plusieurs assemblées de ville, il fut enfin résolu qu’il serait fait un rôle des aisés en chaque quartier, auquel, à qui plus, à qui moins, l’on assignait desdits pauvres à nourrir, à raison de trois sols pour chacun par jour. »

Misères

« Les misères de ladite ville pendant ce temps-là sont incroyables, car on ne voyait par les rues que corps morts, que malades et invalides ; toutes les boutiques fermées et le négoce entièrement cessé ; et comme au commencement, on ne trouvait des gens pour le soulagement des malades et pour enlever les corps des décédés. »

Désespoir

« On ne voyait que désespoir, maladie et infections des maisons des décédés, d’autant que les corps croupissaient trois ou quatre jours, et parfois huit ou quinze, avant qu’on les enleva, faute de gens. »

Effrayées

« Les femmes enceintes, effrayées d’horreur et de tant de spectacles, avortaient, et si leur terme était venu, elles mourraient à l’enfantement, sans secours et sans assistance ; et que peut-on dire que, de cinq cents qui sont accouchées, il n’en est pas échappé deux ; entre lesquelles est remarquable une jeune Parisienne, laquelle ayant deux charbons aux bras accoucha de deux fils, et en échappa, ses enfants, enfin, étant morts. »

Mort

« Il y est mort plus de quarante mille personnes, entre lesquelles il n’y a pas eu six ou huit personnes de qualité tant soit peu relevée par-dessus le commun. »

Prévôts

« Les prévôts des marchands et échevins firent un vœu au commencement de la maladie à Notre-Dame-de-Lorette, et y envoyèrent deux religieux Minimes, natifs de ladite ville. »

Processions

« Il s’y est fait plusieurs processions générales. Les confrères de la congrégation de Notre-Dame en firent trois diverses fois, étant revêtus de gros sacs, liés sur les reins de cordes rudes et âpres, les pieds nus au plus fort de l’hiver, portant de gros cierges et flambeaux en main. »

Pères

« Les pères Cordeliers, aussi accompagnés des Pénitents blancs et des commissaires de la santé, portèrent les reliques de saint Bonaventure en procession. »

Extrait du Mercure français, année 1629. Publié par F. Danjou, Archives curieuses de l’histoire de France depuis Louis XI jusqu’à Louis XVIII, 2e série, 1838, t. III, pp. 141-148. Orthographe modernisée.

Archives

Les Archives municipales de Lyon conservent un exemplaire du petit livre de Jean Grillot : Lyon affligé de contagion ou narré de ce qui s’est passé de plus mémorable en ceste Ville depuis le mois d’Aout de l’an 1628 jusques au mois d’Octobre de l’an 1629, par le P. Jean Grillot de la Compagnie de Jésus, à Lyon, chez François de la Bottière, en rue Mercière, 1629, 132 p.). 

Opuscule

Cet opuscule raconte et analyse les événements avec les yeux d’un contemporain qui confronte ses observations avec les théories médicales de son temps, mais aussi avec des considérations d’ordre moral, voire spirituel.

Liasse

Il s’insère dans une liasse consacrée à la peste de 1628-1629 (3GG/7). Celle-ci comprend de nombreuses pièces justificatives de dettes contractées par la ville à l’occasion de l’épidémie, mais aussi des affiches administratives informant la population des mesures prises. 

2000002982373Lyon au Moyen-Âge. 

Affiches

Ainsi, en mars 1629, plusieurs affiches certifient que l’épidémie a cessé et qu’il est temps que les marchands qui avaient quitté la ville reviennent.

Ville

« Durant tous le mois de septembre, octobre et novembre 1629, la face de la ville était si hideuse qu’elle remplissait d’horreur et de compassion ceux qui la considéraient. »

Gens

« Peu de gens marchaient dans les rues, le visage couvert de leurs manteaux, de petites boîtes de parfums en main, qu’ils portaient au nez et à la bouche. Tous se tenaient indifféremment pour suspects les uns, les autres, quelques parents ou amis qu’ils fussent. »

Hospitaliers

« Mais quand on voyait les hospitaliers ou les religieux députés pour assister les malades, parés de leurs soutanes de treillis, la baguette blanche en une main et le Crucifix en l’autre, les plus courageux changeaient de couleur et leur quittaient la place en s’éloignant d’eux. »

Nécessité

« Ceux que la nécessité contraignait de venir à la ville couraient à toute bride, comme si l’ennemi les eût suivis de près, avec un danger évident de tomber sur le pavé et de rencontrer la mort en évitant la peste. »

Enfermée

« La plus grande partie des habitants demeurait enfermée dans les chambres et regardait des fenêtres, ou à travers les fentes des boutiques ceux qui passaient. »

Rue

« J’ai traversé toute la rue Mercière sans rencontrer personne que les hospitaliers et les morts, tant la désolation était grande. L’on trouvait à chaque pas des corps au-devant des maisons et au milieu des rues, couverts d’un linge, ou dans leurs habits. »

Chariots

« Cinq ou six chariots roulaient sans cesse, et deux ou trois bateaux, et il n’était pas aisé de les avoir à temps. Nous en trouvions en même lit trois ou quatre, dont l’un rendait l’âme, l’autre était furieux, le dernier assoupi d’un profond sommeil. »

Confesser

« Voire presqu’ordinairement pour aborder les malades, il fallait passer au milieu des morts, comme il m’arriva en la première maison où je fus appelé, pour confesser une femme dont le mari était étendu auprès de la porte. »

Regarder

« Qui eût pu regarder sans avoir le cœur attendri de compassion, en une même chambre, le mari aux abois, sa femme qui l’avait servi malmenée des douleurs violentes du mal, une pauvre fille déjà frappée se traîner à toute peine pour ouvrir la porte au confesseur. »

Incommodés

« Jusque-là que souvent ceux qui nous venaient appeler n’étaient pas moins incommodés que les malades et maintes fois en entrant, nous ne trouvions que des morts, dans les lits et chambres, au lieu des malades. »

Onguent

« Sur le milieu de septembre, l’on s’aperçut qu’on engraissait les portes, les habits d’une sorte d’onguent si extrêmement puant qu’on n’en pouvait souffrir l’odeur. »

Peuple

« Le Peuple surprit quelques-uns de ces engraisseurs qu’il assomma sur la place. Il est vrai que j’ai appris qu’en la chaleur de la colère il y avait eu quelques innocents massacrés, comme celui qui, portant une chandelle en main, qui coulait sur ses habits et sur ses mains. »

Accusé

« Fut accusé comme engraisseur et tué devant sa maison par la fureur de la populace qui, en semblables accidents, lâche les rênes à la colère sans discerner les fautes apparentes des vrais crimes. »

Intrigué

Intrigué par les « engraisseurs », j’ai trouvé qu’il s’agissait de petits malins (au sens fort du terme !) qui cherchaient à faire croire, par la puanteur, que telle ou telle maison était infectée par la peste, afin que les habitants quittent rapidement les lieux. Ainsi, ces malfaiteurs pouvaient tranquillement faire main basse sur tout ce qui avait été abandonné dans la panique.


L'attaque du World Trade Center le 26 février 1993

2000002982373Le 26 février 1993, une voiture piégée explose sous la tour Nord du World Trade Center, faisant 6 morts et 1'042 blessés.© FBI.

le 26 février 1993 six personnes perdaient la vie dans un attentat à l'explosif perpétré par al-Qaïda dans le parking du World Trade Center.

Bombe

À 12 h 17, une bombe explose dans le parking souterrain de la tour Nord du World Trade Center. Une déflagration perturbe Wall Street et ses secousses font l'effet d'un tremblement de terre. 

Secours

En quelques heures, les secours reçoivent près de 16.000 appels et l'inquiétude gronde dans la ville qui ne dort jamais. « Le territoire américain n'avait jusqu'alors jamais connu d'attaque de cette nature ».

Avant

Huit ans et demi avant le terrible attentat du 11 septembre 2001, les tours jumelles avaient été déjà le théâtre d'un attentat djihadiste. Considérée comme un échec, l'attaque fait tout de même six morts et plus d'un millier de blessés.

Manhattan

« À midi, à Manhattan en plein cœur de New York. Une explosion sous l’une des deux tours du World Trade Center a fait s’écrouler le plafond d’une gare bondée et a enfumé le gratte-ciel de 110 étages où des milliers de gens se sont trouvés bloqués ».

Téléjournal

L’animatrice du Téléjournal du 26 février 1993 confirme aux téléspectateurs qu’un incident très grave s’est produit au World Trade Center.

2000002982373Les décombres dans le cratère de l'explosion du 26 février 1993 dans un parking souterrain du World Trade Center qui a tué six personnes et en a blessé des milliers d'autres.

Hugues Poulin

Le correspondant Hugues Poulin s’est rendu sur place et résume la situation dans un compte-rendu qu’il présente ce jour-là. Il décrit une forte explosion qui a eu lieu vers 12 h 15.

Pannes

Les pannes d’électricité et la fumée dense bloquent des milliers de personnes dans les étages supérieurs des deux tours. Un incendie s’est aussi déclaré dans la gare de banlieue logée dans les sous-sols des tours.

Panique

Tout cela entraîne de la panique qui se transforme presque en psychose quand un appel à la bombe force l’évacuation d’un autre gratte-ciel célèbre de New York, l’Empire State Building. Les policiers de la ville sont débordés. Ils n’ont jamais rien vu de semblable.

Cratère

Hugues Poulin s’entretient quelques instants avec l’animatrice Michèle Viroly. Il explique notamment les raisons qui font croire que la catastrophe est le fruit d’un attentat. Les policiers ont révélé qu’ils ont découvert un cratère de 30 mètres sur 60 provoqué par une déflagration.

Détonation

Cette dernière aurait été le résultat de la détonation d’un engin explosif. Les autorités surveillent les gares et les aéroports pour s’assurer qu’aucun terroriste ne peut s’échapper.

Lendemain

Le lendemain, le 27 février 1993, l’animatrice du Téléjournal Michèle Viroly confirme que les autorités policières de New York se concentrent sur l’hypothèse d’une attaque terroriste contre le World Trade Center.

Indices

Le compte rendu du correspondant Hugues Poulin présenté ce jour-là révèle que plusieurs indices laissent croire qu’il s’agit d’un attentat. Le gouverneur de l’État de New York, Mario Cuomo, se dit scandalisé qu’on s’attaque ainsi à des Américains.

2000002982373Tour Nord du World Trade Center,

Psychose

Quant aux New-Yorkais, ils développent une psychose de la peur. Un homme d’affaires, dont les bureaux se trouvent dans le World Trade Center, affirme que ses employés refusent catégoriquement de retourner travailler sur les lieux.

Dangereux

D’autres personnes interrogées par Hugues Poulin confirment leur sentiment que l’endroit est devenu dangereux. On apprendra rapidement que l’attaque a été perpétrée par des terroristes islamistes. Leur but, que la tour Nord s’écroule sur la tour Sud et détruise le World Trade Center en faisant des milliers de victimes.

Attentat

L’attentat de 1993 n’a été finalement qu’une répétition générale avant la destruction du World Trade Center par Al-Qaïda le 11 septembre 2001.


Décollage de la montgolfière des frères Montgolfier à Lyon

2000002982373Ascension de montgolfière en 1784 par Jean-Jacques Boissieu.

La ville de Lyon eut la chance d’être témoin d’un événement historique important : le second vol humain à bord d’une montgolfière. 

Exploit

L’exploit eut lieu le 19 janvier 1784 et le départ se fit de la place des Brotteaux. Ce projet est né d’une ambition des frères Montgolfier, celle de construire un ballon capable de relier Lyon à Paris en emportant un équipage. 

Ballon

Le ballon portait le nom de “Le Flesselles”, car c’est Jacques de Flesselles qui permit son financement. Le 19 janvier 1784, l’engin décolla des Brotteaux, mais son vol fut de courte durée, car, emporté par le vent, il termina sa course à proximité de l’actuel Parc de la Tête d’Or.

2000002982373Ascension de montgolfière en 1784 à Lyon par Jean-Jacques Boissieu.

Scène

Cette scène fut reproduite par Jean-Jacques de Boissieu, célèbre dessinateur lyonnais du XVIIIe siècle, qui réalisa des travaux pour l’Encyclopédie de Diderot et qui fut reçu à l’Académie de Lyon en 1780. Sur le dessin de l’ascension de Montgolfier en 1784, réalisé à l’encre, à la plume et au lavis (c’est-à-dire une seule couleur qui est diluée pour obtenir différentes nuances).

Foule

Nous pouvons voir une foule massée pour assister au départ de la montgolfière au premier plan. Derrière nous apercevons le Rhône et l’Hôtel-Dieu et enfin les collines de Fourvière et de la Croix-Rousse. 

Dessin

La vue de ce dessin est erronée, l’engin a bien décollé des Brotteaux, un quartier qui n’est pas encore bien développé à cette époque et qui comporte l’espace nécessaire pour faire décoller le ballon.


Le réveillon de Noël n’a pas toujours été comme aujourd’hui : petite histoire d’un repas fétiche

2000002982373Le repas de Noël au Moyen Âge.

La norme du repas de Noël semble bien installée. Mais cela n’a pas toujours été le cas : depuis les premières célébrations du réveillon au Moyen Âge jusqu’à l’apparition de très contemporains menus véganes, notre alimentation de fête a beaucoup changé, et raconte l’histoire de la société.

Souvenirs

Ouvrez les papilles et la boîte à souvenirs, jouons à un petit jeu : si l’on vous demande quelques idées d’entrées, plats et desserts typiques d’un repas de Noël, que citez-vous ? 

Il y a fort à parier qu’huîtres et saumon figurent au menu des entrées, qu’une dinde trône sur la table pour le plat principal, et que la bûche vienne clore le festin. 

Pourquoi ces aliments-là  est-ce le fruit de traditions ancestrales ou du marketing américain ? 

« Les mots "traditionnels ou authentiques" n’ont ici pas beaucoup de sens », explique Florent Quellier, professeur d’histoire moderne à l’Université d’Angers.

Histoire

Nous vous offrons une petite plongée dans les entrailles de l’histoire culinaire afin de vous apporter quelques informations croustillantes pour égayer votre table.

Bruno Laurioux

Selon Bruno Laurioux, historien médiéviste et président de l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA). La période est propice à la fête dans des sociétés encore largement paysannes.

Période

« C’est une période de relatif repos dans le calendrier agricole, et un moment où la viande est disponible, car on tue le cochon l’hiver », indique Florent Quellier.

Moyen Âge

À écouter nos historiens, Moyen Âge et époque moderne semblent se dérouler dans une relative continuité. Quand la fête chrétienne a pris le dessus, elle a imposé son menu. Car toute veille de célébration religieuse suppose un moment de pénitence. 

Recueillir

« Il faut se recueillir avant la fête, comme le carême avant Pâques », dit Bruno Laurioux. Il y a donc un repas maigre le 24 au soir, suivi de la messe de minuit, puis, au retour, un repas gras. 

Minuit

« À minuit et une minute, on peut consommer de la viande, vous passez d’un jour maigre à un jour gras, il y a donc deux repas », complète Florent Quellier. 

2000002982373Au Moyen Age, la célébration de Noël est précédée par une période de jeûne qui débute le 11 novembre, à la Saint Martin, puis d’un autre de 8 jours, juste avant Noël.

Réveillon

D’où l’origine du terme de réveillon : on veille, puis on « re-veille ». Le réveillon est donc le repas gras. « Sous l’Ancien Régime, le terme n’était pas réservé à Noël, il pouvait être utilisé dans diverses situations de fêtes religieuses ».

Repas

Le repas maigre a laissé des traces dans nos habitudes. En Provence, on s’abstient encore dans certaines familles de manger de la viande le soir du 24 Décembre, préférant le poisson. 

Le saumon, les huîtres ou les fruits de mer, considérés comme des aliments maigres, ne sont-ils pas aussi des restes de ces règles religieuses ?

« Les huîtres sont un aliment de maigre classique, mais elles ne sont pas particulièrement associées à Noël. On a des recettes d’huîtres cuites dès le Moyen Âge »

« Sauf pour les régions côtières, elles restent un aliment luxueux jusqu’à la fin du XVIIIe siècle ». Autres aliments autorisés pendant les périodes maigres, les denrées sucrées. « Cela a fait l’objet de débats » .

Peut-on manger du sucré une nourriture qui procure du plaisir pendant les périodes de pénitences ?

 « Il n’est pas interdit. » Au contraire, « il y a une habitude du don d’aliments autour de Noël, poursuit son confrère Florent Quellier, spécialiste de la période dite moderne (de la Renaissance à la Révolution française). 

On s’inscrit dans un cycle de festivités qui commence avec la Saint-Nicolas et dure jusqu’à l’Epiphanie. On est dans une société de pénurie et en plein hiver en plus, ces dons alimentaires sont de bon augure pour l’année à venir. »

Les cadeaux dépendent de la catégorie sociale. Fruits secs, noix, amandes, noisettes et petits pains pour les plus pauvres. À une époque où le pain rassis et noir est la règle, « il faut imaginer que l’immense majorité population salive pour du pain blanc et frais, c’est la principale gourmandise, poursuit M. Quellier. 

Pour ceux qui ont les moyens, on s’offre des fruits confits, des brioches, du vin, des gaufres, des pains d’épices, on retrouve des moules pour faire des pains d’épices en forme de personnages ou autres. » En revanche, l’orange ou l’agrume de Noël, importée de la Méditerranée, n’apparaît que sur les tables les plus fortunées.

Pénitence

Une fois passée la période de pénitence, on peut, enfin, passer au repas gras. « Ce sera de la viande, mais à l’époque moderne, il n’y a pas de plat spécifiquement lié au repas de Noël. »

Cochon

Il peut y avoir, comme on l’a déjà indiqué, du cochon, tué en hiver. Surtout, la volaille est reine. « Les volatiles sont la viande de référence au Moyen Âge »

Aliments

« Dans l’échelle des aliments, tout ce qui est près du ciel est valorisé. » « On recherche de la viande rôtie. C’est ce qui marque le côté festif. Car pour qu’une viande rôtie soit bonne, il faut qu’elle soit grasse, et on veut manger de la viande grasse. » Oie, chapon, ou même canettes puis dinde. 

Origine

« D’origine américaine, la dinde est arrivée au XVIe siècle. Elle a été à la mode au moment de son introduction, puis c’est devenu une variation parmi d’autres origine ». L’oiseau peut-être farci. « Au XVIIIe siècle, dans les journaux, on trouve des annonces pour des volailles et des pâtés truffés. 

Plaisirs

Des plaisirs réservés aux élites pendant très longtemps. Il est plus compliqué de savoir ce que mangeait la paysannerie, car il y a moins de sources. Il n’est pas dit que le repas de Noël, mis à part dans les quantités servies, qui permettent de mimer l’abondance, ne sorte de l’ordinaire. 

Population

Or, « pour l’immense majorité de la population, ce que l’on mange en général est une soupe avec un peu de beurre rance et du lard ».

Bouillie

Et quand on a accès à la viande, ce n’est en général pas de la viande rôtie, mais plutôt de la bouillie : la vieille poule qui ne pond plus d’œufs que l’on met dans la soupe. « La viande de quadrupèdes, tels que le porc ou le bœuf, est considérée comme de la viande de paysan », ajoute Bruno Laurioux.

2000002982373Réveillon de Noël, tableau de Carl Larsson (1904-1905).

Époque

Les choses changent à l’époque contemporaine. « Dans le dernier quart du XIXe siècle, la chute du prix du pain permet aux gens pauvres et de la classe moyenne d’acheter plus souvent de la viande », observe Peter Scholliers, professeur honoraire d’histoire contemporaine à l’Université libre de Bruxelles. 

Observations

Il pense que beaucoup d’observations sur la Belgique peuvent être communes à la France. Dans les livres de cuisine, il ne trouve des indications de menus de Noël qu’à partir du début du XXe siècle.

Guerre

« Après la Première Guerre mondiale, dans les livres de cuisine paysanne, le porc est au centre du repas de Noël, il est préparé avec des pommes de terre. Les volailles aussi sont présentes dans les menus, mais cela reste des plats luxueux pour l’époque. »

Nadine Cretin

Notons l’apparition de la bûche, sans doute sous forme d’un gâteau roulé, chez les pâtissiers dans la deuxième moitié du XIXe siècle. « Elle est inspirée de la vraie bûche de Noël, quand on la mettait dans le foyer, on priait pour l’année à venir », eplique Nadine Cretin, historienne spécialiste des fêtes.

Livres

« Mais c’est surtout après la Deuxième Guerre mondiale que l’on voit apparaître le repas de Noël dans les livres de cuisine », poursuit M. Scholliers. 

Luxe

« D’abord, le luxe est la quantité. Puis à partir des années 1960-1970, ça s’accélère, le repas de Noël commence à devenir plus complexe, recherché, sophistiqué. 

Noël

On commence à élever des volailles spécifiquement pour le repas de Noël. On la voit apparaître comme aliment de luxe pour la classe populaire. » Il n’observe, dans ces livres, le grand retour de la dinde que dans les années 1980. « C’est l’influence anglo-saxonne », indique-t-il. « Le prix des oranges, lui, devient abordable pour tous dans les années 1970. »

2000002982373La dinde est l’un des plats traditionnels dégustés en France et dans plusieurs pays européens au moment des fêtes de Noël.

Aliments

Les aliments autrefois réservés à une infime classe aisée se répandent sur toutes les tables. « Mais je n’aime pas parler de "démocratisation", précise Peter Scholliers. Car du moment où les classes populaires commencent à manger de la volaille ou du saumon, les plus riches gardent énormément de moyens de montrer leur différence avec les classes inférieures. 

Choisir

Elles vont par exemple choisir un saumon livré directement de Norvège, qui coûte dix fois plus cher que celui du supermarché. Une hiérarchie culinaire se fait et le repas de Noël est un excellent moyen d’afficher son identité et son appartenance sociale. »

Indicateur

Le repas de Noël, par ailleurs, est un bon indicateur des évolutions alimentaires de nos sociétés. « Maintenant, on propose même des repas de Noël véganes, je n’observais pas cela il y a cinq ans ».

Constante

En revanche, il y a une constante : « Noël est considéré comme le moment de la bonne chair ».« La table de Noël doit être très fournie, car l’abondance promet l’abondance » .

Sociétés

Dans nos sociétés où les mauvaises récoltes sont bien moins craintes, l’origine du symbole s’est un peu diluée, mais la pratique, elle, reste bien vivante.


Croix-Rousse : la véritable histoire de la vogue des marrons

2000002982373La "Vogue des marrons" de la Croix-Rousse.

La dernière grande fête foraine lyonnaise, qui remonterait au 17e siècle, c'est une institution à Lyon, au même titre que les Pennons ou les lampions sous les fenêtres. Mais à la différence des deux autres, la Vogue des Marrons n'a pas d'origine précise ni de date patentée.

Date

Si la date du 4 octobre 1851 est souvent mentionnée (En raison d'un arrêté du maire Auguste Cabias), en réalité, il semblerait que les origines soient plus lointaines.

Robert Luc

Un article de Robert Luc, mémoire vivante de l’histoire des canuts et de la Croix-Rousse, écrivain, historien, conférencier, guide et reporter au Progrès mentionne la monarchie. 

Remonter

Il faut remonter au XVIIe siècle pour assister à sa naissance."Souligne l'auteur." Il faut attendre la destruction des remparts et leur remplacement par l'actuel boulevard de la Croix-Rousse, en 1866 pour avoir une vogue proche de l'actuelle.

Fête

On parlait alors de "fête baladoire". La Croix-Rousse, est alors "le lieu incontesté du loisir avec ses 24 fêtes baladoires" écrit Alexandre Nugues-Bourchat dans sa thèse Représentations et pratiques d'une société urbaine : Lyon 1800-1880.

Expression  

L'expression de fête baladoire était alors le plus couramment employé dans la première moitié du siècle avant d’être supplanté par celui de vogue.

Populaire

"La fête populaire lyonnaise par excellence était la fête baladoire ou vogue, variante régionale de la fête foraine, à l’origine organisée par la population et notamment les jeunes, elle était l’expression festive d’un quartier accueillant pour quelques jours toute la ville". 

Déshérence

En déshérence au milieu du siècle, elle fut remise au goût du jour par le pouvoir impérial et fut désormais de plus en plus organisée par des professionnels, malgré tout, elle restait entièrement investie par le peuple qui ne se lassait pas du spectacle. 

2000002982373Lyon en 1869 depuis la Croix-Rousse.

Carnaval

"Nous dirons également un mot du carnaval et des brandons, qui tinrent une place importante dans la cité avant de disparaître peu à peu après 1848."

Accueillir

"Il ne pouvait en être autrement, car accueillir une vogue nécessitait de l’espace, et ce n’étaient pas les ruelles médiévales de Saint-Jean ou de Saint-Paul, pas plus que le lacis enchevêtré courant de Bellecour aux Terreaux qui pouvait s’en charger".

Périphéries

"Il fallait donc s’excentrer dans les périphéries à l’urbanisation incertaine, laissant de larges plages de vide où les forains pouvaient venir planter leurs baraques."

Ville

La Croix-Rousse est alors une ville suburbaine à la ville centre, Lyon (elle fusionnera avec Lyon, par décret de Louis-Napoléon Bonaparte, en mars 1852).

Nom

La Croix-Rousse dont le nom provient du nom d'une croix en pierre jaune-rouge (la pierre de Couzon, au pied des monts d'Or, a cette couleur), qui s'élevait sur l'emplacement du carrefour actuel formé par la rue Coste, la rue de Margnolles et la montée de la Boucle compte alors 19 000 habitants (177 000 dans Lyon).

Vogue

Vogue. Le mot est attesté dès 1552 dans les Alpes et le Lyonnais. Il désignait la fête annuelle patronale d'une localité. 

Dictionnaire

Selon le Dictionnaire de la société des amis de Lyon et de Guignol dont le but consiste à œuvrer pour la conservation et la protection du patrimoine et de ses traditions, à perpétuer l'enseignement du parler lyonnais.

Terme

Le terme viendrait du bas allemand wogon, variation de wagon signifiant littéralement "se balancer". Selon d'autres, vogue signifierait "abondance", "affluence".

Encyclopédie

Dans L'Encyclopédie de D'Alembert et Diderot (1751), les danses baladoires sont "les danses contre lesquelles les saints canons, les Peres de l’Eglise & la discipline ecclésiastique se sont élevés avec tant de force".

Payens

"Les Payens mêmes reprouvaient ces danses licencieuses. Les danseurs et les danseuses les exécutaient avec les pas et les gestes les plus indécents."

Places

On y apprend que "toutes les places et promenades publiques où se tiendra la Vogue seront complètement illuminées au gaz, avec des appareils d'une invention toute nouvelle".

2000002982373Place de la Croix-Rousse.

Autorités

Tirs à la cible, à l’épée et à la boule, courses en sac, casse-pot... Les autorités ont souhaité faire les choses en grand le jour de l'ouverture des festivités sont prévues "des salves de ballons tirées au déclin du jour".

Démarre

La vogue se tient alors sur six jours, mais pas en continu. Elle démarre le dimanche 5 octobre se poursuit les lundis et mardis pour reprendre le dimanche, lundi et mardi suivants.

Programme

Au programme : tirs à la cible, à l’épée et à la boule, courses en sac, casse-pot, tirs à l’oiseau, avec pour prix "une timbale d'argent" ou "une bague chevalière en or".

Entrecoupé

Le tout était entrecoupé de "danses publiques", de "promenade des jeunes gens, avec tambours et musique" et agrémentés de "spectacles de curiosités" et "autres amusements", des illuminations étaient aussi prévues, de quoi attirer la foule. D'autant qu'un grand bal était donné en ouverture de la vogue, d'où le nom de "fête baladoire"

Édition

Dans son édition du 13 octobre 1869, Le Progrès raconte d'ailleurs "la prodigieuse quantité de visiteurs" du dimanche, "à tel point que sur le boulevard de l'Empereur comme sur la grande place la circulation était presque impossible". 

Lendemain

Le lendemain, poursuit le quotidien, "l'affluence était tout aussi considérable que la veille", ajoutant que la compagnie du chemin de fer de la Croix-Rousse avait "dû faire de belles recettes".

Ville

En 1896, la ville totalisait 207 jours de vogues qui s'étalaient de Pâques à Toussaint. "La première était programmée en avril et se tenait quai Claude Bernard. Il y en avait ensuite dans tous les quartiers. 

Dernière

La dernière de l’année était celle de la Croix-Rousse sur le plateau, on y dégustait les premiers marrons de l’année et le premier vin blanc. D’où son nom de "Vogue des marrons", les baraques des forains envahissaient l’espace public."

Trottoirs

Les trottoirs étaient jonchés de pelures de marrons, la Vogue des Marrons est la dernière grande fête foraine historique de Lyon.


Le récit de la mystérieuse disparition de l'Erebus

Akg4737233La disparition de l’Erebus, parti en 1845 dans l’Arctique ouvrir le passage du Nord-Ouest, inspire les artistes: John Wilson Carmichael peint ici le navire cerné par les glaces.

Outre-Manche, ce navire est une légende et un mystère. Pionnier de l’exploration des deux pôles, il disparaît en Arctique, vers 1848. Jusqu’à ce que son épave soit retrouvée en… 2014. 

Michael Palin

Dans son remarquable livre, L’Erebus, Michael Palin, pilier des Monty Python, mais aussi ancien président de la Royal Geographical Society, remonte le fil du temps et d’une incroyable aventure.

Mission 

Jamais plus puissante mission d’exploration polaire ne vit le jour. D’emblée placée sous les auspices de l’orgueilleuse confiance de l’amirauté britannique.

Vaisseaux 

Le lundi 19 mai 1845, lorsque les vaisseaux Erebus et Terror, aux ordres de sir John Franklin, appareillent à Greenhithe pour remonter la Tamise puis mettre cap vers les Orcades, nul ne doute du succès de l’entreprise. 

Passage

D’ici un an, ils auront reconnu et franchi le fameux passage du Nord-ouest, aux extrêmes Canadiens, ouvrant enfin une route maritime au septentrion pour relier Atlantique et Pacifique.

Exploration

Les deux navires partent auréolés de la gloire d’une exploration antarctique sans précédent, achevée moins de deux ans plus tôt. L’Erebus, baptisé en référence à Érèbe, fils de Chaos, et ainsi "associé au cœur obscur des Enfers", comme l’écrit Michael Palin, est le dernier bâtiment de type bombarde à sortir, en 1826, des chantiers navals britanniques. 

Terror

Comme le Terror, son aîné de treize ans, il appartient à une conception désormais dépassée de la guerre navale. Mais sa robustesse le désigne pour la grande aventure qui succède aux guerres napoléoniennes : l’exploration.

Renforcés

Déjà renforcés pour affronter les aléas d’une campagne antarctique qui aura duré quatre années, les deux navires le sont de nouveau en vue de l’expédition arctique qui les attend. 

Alourdir

Mieux, au risque de les alourdir plus que de raison, on les dote chacun de moteurs de locomotive leur permettant d’avancer si nécessaire à la force d’une hélice. 

Vivres

Tant de vivres sont prévus qu’il faut un navire d’escorte pour les transporter à travers l’Atlantique et ne les charger à bord des bâtiments qu’une fois atteinte la baie de Disko, sur la côte occidentale du Groenland. De quoi tenir cinq ans, au moins.

Dannett 

"Le 26 juillet, le capitaine Dannett du (baleinier) Prince of Wales, repéra l’Erebus et le Terror par 74° 48’ de latitude Nord et 66° 13’ de longitude ouest (dans le nord de la baie de Baffin), lit-on sous la plume de Michael Palin.

Officiers

Plusieurs officiers étaient montés à son bord pour s’entretenir avec lui, et sir John Franklin l’avait invité à dîner sur l’Erebus.

Aperçu

"Un autre capitaine de baleinier affirmera avoir aperçu le bout des mâts des deux navires d’exploration jusqu’au 29 ou au 31 juillet 1845 et puis plus rien. Le silence, le néant. Jusqu’aux expéditions de secours, tardives, aux impossibles recherches pour savoir, comprendre, reconstituer"

Épave

Et à ce 2 septembre 2014 où dans la baie de Wilmot et Crampton, au nord-ouest de la péninsule Adelaide, l’épave de l’Erebus est découverte à faible profondeur.

Mystères

Très vite, les mystères entourant le plus fameux navire de l’aventure polaire britannique et les hommes qui s’y illustrèrent avant de courir à leur perte deviennent pour lui une véritable obsession. 

Rapports

De journaux de bord de rapports d’expéditions en livres de souvenirs, d’archives en recherches comme en voyages incessants sur la trace de l’Erebus depuis le chantier naval de Pembroke jusqu’au passage du Nord-ouest, en passant par l’Antarctique et chaque escale de ses deux campagnes exploratoires Michael Palin reconstitue les pièces du puzzle.

Travail

Un travail passionné et passionnant que le lecteur peut aujourd’hui découvrir avec L’Erebus, "vie, mort et résurrection d’un navire".

James Clark Ross

Le plus bel officier de la Royal Navy James Clark Ross, le premier homme à avoir atteint le pôle Nord magnétique, le 1er juin 1831, le commandant entêté de l’expédition antarctique de l’Erebus, de 1839 à 1843, longeant la grande barrière de Ross et allant jusqu’à 78° 9’ 30’’ de latitude Sud, soit plus au sud qu’aucun voilier n’est jamais allé et qu’aucun bateau n’ira jusqu’au début du XXe siècle.

Joseph Hooker

Un Jeune aide médecin embarqué dans cette même campagne, Joseph Hooker publiera Flora Antarctica et s’imposera comme le grand botaniste de l’ère victorienne.

Francis Crozier

Francis Crozier, second de l’expédition et capitaine du Terror, remarquable marin, mais d’un tempérament plus effacé, est l’homme des deux voyages. Il reprend le commandement du Terror en 1845, cette fois en adjoint de sir John Franklin, un vétéran de l’Arctique qui n’était pas le premier choix de l’amirauté pour mener la mission chargée d’ouvrir le passage du Nord-ouest.

John Franklin

Sir John rentre de la Terre de Van Diemen (future Tasmanie) après un mandat de lieutenant-gouverneur controversé, n’a plus commandé à la mer depuis plus d’une décennie et va sur ses 60 ans. Mais Ross a décliné l’offre. 

Bateaux

Les bateaux sont trop lourds, l’expédition a été lancée trop à la hâte et arrive en baie de Baffin alors que commencent ce que les Inuits nommeront par la suite les "années sans été". Le destin, déjà, tourne à la fatalité.

Akg82204Portrait de sir John Franklin, commandant de l’Erebus et de l’expédition. © akg-images.

Alarme

À Londres, l’alarme est donnée en 1847, par des personnalités mal considérées. Franklin a dû hiverner à deux reprises ? La belle affaire. Il a encore de quoi tenir et l’envoi d’une expédition de secours est prématuré, selon l’amirauté. Pourtant, l’inquiétude grandit et trois missions mettent le cap sur l’Arctique quelques mois plus tard. 

Bredouilles

Elles rentreront bredouilles.

Traces

Il faut attendre 1850 pour que les premières traces de l’Erebus soient enfin trouvées. Quelques fragments d’équipements et trois tombes sur l’île Beechey, au nord-ouest du détroit de Lancaster. 

Cairns

Deux cairns aussi, précieux points de repère, mais dépourvus de message à l’intention d’éventuels sauveteurs. Incompréhensible. Le mystère s’épaissit à mesure que s’installe la certitude d’une tragédie.

Affaire

L’affaire prend un tournant atroce avec les découvertes de l’explorateur écossais John Rae. En avril 1854, alors qu’il effectue le relevé de la côte arctique sur le rivage de la baie de Pelly, il rencontre un Inuit, Inukpuhiijuk.

Hommes

Lequel "avait entendu parler d’un groupe de nombreux hommes blancs qui étaient morts de l’autre côté d’un large fleuve, quelque part à l’ouest", il rachète au chasseur et à d’autres Inuits des reliques, dont des couverts en argent au chiffre de Crozier.

John Rae

Peu à peu, "Rae rassembla les fragments de l’histoire de ce qui semblait avoir été les derniers jours de l’expédition". On lui raconta qu’on avait vu quarante hommes en provenance de l’île du Roi-Guillaume se diriger vers le sud quatre hivers plus tôt, soit en 1850. 

Traîneaux

"Ils tiraient des traîneaux dont l’un était chargé d’un canot. Aucun d’eux ne parlait l’inuktitut, mais ils expliquèrent par des signes que leur navire (ou leurs navires) avait été pris dans la glace et qu’ils avaient dû l’abandonner pour essayer de trouver de la nourriture plus au sud."

Corps

Plus tard, 35 corps avaient été retrouvés sur deux emplacements, non loin de l’embouchure de la rivière du Gros Poisson. Les mutilations sur certains cadavres laissaient penser à des actes de cannibalisme. Une révélation que rejette l’Angleterre et dont elle pardonnera mal à Rae de s’être fait le messager.

Abaca brworldhistoryarchive20170831 3491Gravure publiée dans le livre Heroes of Britain, en 1880, et représentant Francis McClintock rachetant aux Inuits des reliques de l’Erebus. © World History Archive/Abaca.

Découverte

En 1859, nouvelle découverte, capitale, la note de Victory Point, laissée dans un tube à message, sur un cairn situé au nord-ouest de l’île du Roi-Guillaume. 

James Fitzjames

Elle est de la main de James Fitzjames, second de l’Erebus, et mentionne, dans un premier temps, la tentative de passage au nord, par le chenal de Wellington, de l’expédition, contrainte de faire demi-tour pour hiverner sur l’île Beechey.

Partie

Cette partie, datée du 28 mai 1847, se conclut sur les mots "tout va bien". Bien différent le ton de l’ajout écrit dans les marges de la note et daté du 25 avril 1848, "Les navires de Sa Majesté Terror et Erebus ont été abandonnés le 22 avril 1847, à huit kilomètres au nord-nord-ouest, ayant été enclavés par les glaces depuis le 12 septembre 1846." Sir John Franklin est mort le 11 juin 1847.

Commandement

C’est Francis Crozier qui commande, cosigne l’addendum et ajoute, "nous nous mettrons en route demain, 26 avril (1848) pour la rivière du Gros-Poisson". Ils n’en virent pas l’embouchure.

Témoignages

Cependant, d’autres témoignages inuits, recueillis en 1878, permettent de déduire que les survivants s’étaient scindés en plusieurs groupes, dont un, au moins, eut la force de rebrousser chemin jusqu’à l’Erebus et au Terror où quelques moribonds résistèrent à un quatrième hiver. Puis "les marins quittèrent de nouveau les navires pour aller chasser le caribou, mais ils ne revinrent jamais." 

Morts

À la fin de l’année 1850, pas un des cent vingt-neuf hommes de l’expédition Franklin n’était encore vivant. Même si la légende de leur odyssée commençait tout juste à enflammer les imaginations.



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Date de dernière mise à jour : 05/02/2024

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