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Exorcisme : il ne faut pas avoir peur

2000002982373Abbé Alain Goinot. Exorciste du diocèse de Monaco. © Photo Iulian Giurca.

En septembre 2015, l’abbé Alain Goinot est devenu le premier exorciste du diocèse de Monaco. Chaque année, il recevrait en moyenne plus de 150 personnes qui viennent chercher son aide.

Pratique

Il raconte cette pratique, plus que jamais utilisée aujourd’hui, selon lui.

Chaque diocèse doit avoir un exorciste ?

Ce ne fut pas toujours le cas, mais, aujourd’hui, chaque diocèse doit avoir un exorciste. En septembre 2015, je suis devenu le premier exorciste nommé à Monaco.

Pourquoi n’y avait-il pas d’exorciste à Monaco avant 2015 ?

Peut-être qu’avant, le besoin ne s’était pas vraiment fait ressentir. Il fut aussi un temps où, d’une manière générale, l’Église n’a pas voulu revenir à des pratiques que l’on disait « moyenâgeuses ».

Beaucoup de prêtres exorcistes étaient alors très « psychologisants ». C’est-à-dire que tout était mis sur la base de la psychiatrie, de la psychologie, ou du pathos.

L’influence démoniaque n’était pas niée, mais elle était beaucoup minimisée.

En France, il y avait une trentaine d’exorcistes en 1984 répartis dans 90 diocèses, contre environ 120 aujourd’hui : des réunions, structurent-elles le travail des exorcistes ?

Chaque année, deux réunions permettent aux prêtres exorcistes de se retrouver. Une réunion internationale se déroule tous les deux ans en Italie, à Rome.

Cette réunion a été instituée à Rome depuis le début du pontificat du pape François, le 13 mars 2013. Dans l’année intermédiaire, une réunion nationale a eu lieu. Fin janvier 2022 à Lyon.

Tout évêque ou cardinal peut être exorciste ?

L’évêque a le pouvoir suprême, en quelque sorte. Les évêques sont des successeurs des apôtres. De leur côté, les prêtres reçoivent le pouvoir de confesser, et éventuellement de confirmer, par délégation de l’évêque.

La délégation de l’exorcisme vient aussi de l’évêque. Aucun autre prêtre, hormis celui qui est nommé par l’archevêque, ne peut pratiquer un exorcisme.

« Toutes les personnes qui viennent me voir ne sont pas possédées. Mais toutes ces personnes sont victimes de quelque chose qu’elles n’expliquent pas. »

Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon prêtre exorciste ?

Il faut avoir les pieds sur terre et ne pas partir dans des délires. Lorsque j’ai demandé à l’évêque de Monaco qui m’a nommé, Monseigneur Bernard Barsi, pourquoi il me demandait de devenir exorciste, il m’a dit qu’il savait que je croyais en l’existence du démon.

Mais il faut aussi ne pas le voir partout, et ne pas imaginer que le démon puisse être plus fort que Dieu. Le prêtre exorciste doit également avoir un peu d’expérience, posséder un bon discernement, et ne pas être facilement impressionnable.

Un prêtre exorciste est nommé pour quelle durée ?

À Monaco, le prêtre, l'exorciste reste en poste jusqu’à ce que l’archevêque trouve quelqu’un de plus compétent.

Comme c’est une activité à la fois prenante et éprouvante, ce peut aussi être le prêtre qui demande à être relevé de ses fonctions.

Selon les Évangiles de saint Matthieu, de saint Marc, ou encore de saint Luc, Jésus-Christ aurait été le premier exorciste : est-ce exact ?

Il y a eu des exorcismes dans l’Ancien Testament. Mais tous nos pouvoirs viennent du Christ. Or, en effet, le Christ a exorcisé. Il a chassé les démons. Et il a ensuite demandé à ses apôtres de faire de même.

Quelle est la formation à suivre pour devenir prêtre exorciste ?

À ce jour, il n’y a pas de formation spécifique dans les séminaires pour ce ministère. Lorsque l’archevêque m’a nommé, je lui ai d’ailleurs posé cette question de la formation.

À Rome, il existe des formations un peu longues et compliquées. Je suis donc allé à Toulon, auprès de confrères qui sont exorcistes depuis plusieurs années déjà.

J’ai fait un stage et j’ai appris sur le tas, en assistant, pendant plusieurs semaines, à leurs consultations. Je me suis aussi informé en me documentant, avec un certain nombre de livres.

Comment reconnaît-on un véritable cas de possession ?

Toutes les personnes qui viennent me voir ne sont pas possédées. Mais toutes ces personnes sont victimes de quelque chose qu’elles n’expliquent pas.

Personne ne vient me dire : « Mon père, je suis possédé. ». Mais ils me racontent des faits étranges qui leur arrivent.

La plus grande difficulté, c’est de discerner ce qui est de l’ordre du psychologique et de l’ordre du paranormal.

Surtout que tout peut être mêlé. Mais il existe quelques critères de discernement pour les cas de possession. Je ne discerne pas seul, je suis entouré d’une équipe.

Nous devons poser un diagnostic, qui reste toujours subjectif. Je ne suis pas un radiologue qui peut commenter un cliché sans se tromper.

Parmi les critères qui permettent de discerner un cas de possession, on peut citer, par exemple, une aversion très marquée pour toutes les choses de la religion.

Il y a aussi l’impossibilité de rentrer dans une église, une réaction violente à l’eau bénite, ou encore parler un langage que la personne ne connaît souvent même pas.

Ce langage peut même parfois ne pas avoir d’existence.

2000002982373Abbé Alain Goinot. Exorciste du diocèse de Monaco. © Photo Iulian Giurca.

Quels sont ces « critères de discernement » que vous évoquez ?

Parmi les critères qui permettent de discerner un cas de possession, on peut citer, par exemple, une aversion très marquée pour toutes les choses de la religion.

Il y a aussi l’impossibilité de rentrer dans une église, une réaction violente à l’eau bénite, ou encore parler un langage que la personne ne connaît souvent même pas.

Ce langage peut même parfois ne pas avoir d’existence.

La personne peut aussi être dotée d’une force physique décuplée inimaginable. Mais il faut savoir que, lorsque je rencontre ces personnes, elles ne manifestent pas ces signes.

Ces signes apparaissent quand ?

Ces signes apparaissent souvent au moment de la prière. Or, nous ne pouvons pas faire d’exorcisme « expérimental » pour vérifier la présence de ces signes.

On ne peut faire un exorcisme que lorsque, préalablement, on s’est convaincu que la personne est bien possédée. Heureusement, il y a des prières de délivrances, que chaque prêtre peut faire, sans être exorciste.

Vous intervenez seul ?

La difficulté, c’est que le prêtre exorciste n’a pas nécessairement une formation scientifique. Du coup, je me suis entouré d’une équipe composée d’un médecin, d’un psychologue, d’une infirmière.

D’une personne chargée du catéchuménat, car tous les gens que nous recevons ne sont pas nécessairement des chrétiens.

J’ai besoin d’avis scientifiques. Ainsi, au fil du temps, j’ai beaucoup appris, notamment sur la bipolarité, ou sur la différence entre la paranoïa et la schizophrénie, par exemple.

Combien d’exorcismes avez-vous réalisé ?

Je reçois environ trois à quatre personnes par semaine. Je parle ici de nouveaux cas, pas du suivi. Il faut savoir qu’il existe des exorcismes mineurs ou majeurs.

En ce qui concerne le grand exorcisme, que l’on pratique lorsqu’on est persuadé d’être face à un cas de possession, cela représente entre 1 et 2 % des quelque 150 personnes que je rencontre chaque année.

« Nous ne sommes pas des magiciens blancs. On ne fait rien à distance. Et si la personne est passive, on n’est pas dans la démarche de l’exorcisme chrétien. »

Et pour le reste ?

Il y a différents paliers dans l’exorcisme. Il peut y avoir ce que l’on appelle des « infestations », ou encore des « vexations », qui ne vont pas jusqu’à la possession.

Mais cela nécessite cependant des prières adaptées et progressives. C’est comme en médecine. On ne donne pas à un patient un antibiotique, si on peut se débrouiller avec du Doliprane.

La personne est libérée juste après l’exorcisme ?

Après un exorcisme, la personne n’est pas nécessairement libérée. Il faut parfois continuer, sans savoir pendant combien de temps.

Comment ces personnes deviennent-elles « possédées » ?

Pour environ 80 % des personnes que je reçois, il s’agit d’une imprudence. On me dit que, sans vouloir faire du mal, on a voulu rigoler avec des copains. On a fait tourner des tables, par exemple.

D’autres me confient avoir acheté à leur petit-fils un ouija, comme on offrirait un jeu de société. Comme on n’y croit pas vraiment, on fait parler l’arrière-grand-père, on va voir des cartomanciens, des guérisseurs, des magnétiseurs…

Tout ça n’est pas répréhensible. Parce que quand on est mal, on va voir n’importe qui. On va chercher des réponses et des soulagements, parfois auprès de charlatans qui demandent de l’argent.

Mais en agissant ainsi, on ouvre des portes qui permettent au mal de s’engouffrer. Et ensuite, on ne sait pas comment les refermer. Souvent, les gens reviennent vers nous après un parcours du combattant incroyable.

On fait appel aussi à vous pour des lieux ?

Environ un tiers des demandes concerne des lieux, que je suis parfois amenés à bénir. Là encore, je mène une petite enquête, afin de savoir si le problème est lié à une personne ou à un lieu. J’ai par exemple eu le cas de quelqu’un qui déclenchait le feu partout où elle passait, quel que soit le lieu. En revanche,

j’ai parfois pu constater que certains lieux étaient « habités ». Je bénis alors la maison, et l’on prie. Là aussi, nous ne sommes pas sûrs du résultat. Il faut donc parfois revenir.

2000002982373Des cas de possession.

Quel est le profil des personnes qui font appel à vous ?

Les profils ne sont pas les mêmes d’un diocèse à un autre. À Monaco, c’est très variable. Il y a autant d’hommes que de femmes. On retrouve les classes sociales de la principauté.

Les cas concernant des enfants sont infimes, mais il peut y avoir des jeunes gens, que ce soit des filles ou des garçons. Sinon, on retrouve un peu toutes les tranches d’âge, avec un âge moyen situé entre 40 et 50 ans.

La plupart des gens qui viennent me voir sont croyants, mais pas tous pratiquants.

Comment se déroule un rituel d’exorcisme ?

Pour un exorcisme majeur, il faut célébrer la messe. Ensuite, le prêtre dit deux sortes de prières. Il y a des prières dépréciatives, c’est-à-dire des prières où l’on demande à Dieu de faire en sorte de nous exaucer.

Et puis, il y a des prières impératives, où l’on s’adresse au démon en disant : « Sors ! Je te l’ordonne, au nom du ministère qui m’a été confié et du pouvoir qui m’a été donné. »

On utilise aussi de l’eau bénite, un crucifix, et des signes de croix. On procède également à une imposition des mains, avec une étole.

Et puis, il faut s’entourer d’une équipe importante, car il faut qu’il y ait des témoins. Parce que, malheureusement, on peut être en face de personnes hystériques, qui pourraient nous accuser ensuite.

Quels sont les cas les plus difficiles que vous avez dû affronter ?

La véritable difficulté, c’est de parvenir à apaiser les gens. Mais ce ne sont pas toujours les événements les plus spectaculaires qui sont les plus difficiles.

Il faut en tout cas toujours se dire que nous sommes dans le camp des vainqueurs. Il ne faut pas avoir peur. On n’a peut-être pas gagné toutes les batailles, mais on a gagné la guerre.

2000002982373L’exorcisme chrétien.

L’exorcisé doit aussi participer au rite ?

C’est à chacun d’être son principal exorciste, car il y a des choses que je ne peux pas faire à la place de la personne concernée.

Si on mène la vie habituelle de tout chrétien, qui consiste à vivre les sacrements, à vivre son baptême, à vivre son mariage, à aller se confesser, à aller à la messe et à communier, alors environ 80 % de la force de l’exorcisme est faite.

Nous ne sommes pas des magiciens blancs. On ne fait rien à distance. Et si la personne est passive, on n’est pas dans la démarche de l’exorcisme chrétien.

Ce qui est très impressionnant, c’est de voir une personne dire des choses me concernant, ou concernant les participants, qu’ils ne peuvent pas savoir par eux-mêmes.

Une personne que je ne connaissais pas, m’a par exemple dit quelque chose que j’ai réellement fait il y a 20 ans. 

À quel type de manifestations avez-vous assisté ?

J’ai rencontré des personnes qui parlaient des langues inconnues, j’ai vu des gens qui répondent dans leur transe.

Souvent, ils perdent connaissance. Avant le début de l’exorcisme, ils sont adorables, et ils s’excusent par avance de ce qu’il va se passer.

Ce qui prouve qu’ils se rendent compte qu’ils ne sont plus tout à fait eux-mêmes. Après l’exorcisme, ils posent des questions pour savoir ce qu’il s’est passé.

Depuis vos débuts en 2015 qu’est-ce qui vous a le plus impressionné ?

Ce qui est très impressionnant, c’est de voir une personne dire des choses me concernant, ou concernant les participants, qu’ils ne peuvent pas savoir par eux-mêmes.

Une personne que je ne connaissais pas, m’a par exemple dit quelque chose que j’ai réellement fait il y a 20 ans. J

e dis toujours à mon équipe que, quoique ce que la personne que l’on exorcise dise, que cela soit vrai ou faux, le démon est le père du mensonge. La règle, c’est donc que le père du mensonge dit faux.

D’autres phénomènes vous ont marqué ?

J’ai assisté à des vomissements, à des tremblements… Certains ont aussi la volonté de fuir. D’ailleurs, des personnes demandent parfois à être attachées, et elles viennent d’ailleurs avec des sangles.

Il faut dire que cela peut être dangereux. Il ne faut rien laisser traîner. Car tout peut devenir une arme à destination.

Un crucifix, une statue. La force de l’exorciser est décuplée, a tel point que j’ai vu des personnes de 50 kg arracher des épaisseurs de bois rivés.

Quoi d’autre ?

À Toulon, j’ai assisté à un exorcisme où un prêtre a reçu une jeune fille. Il a commencé à faire une prière, et là, cette jeune fille a vomi des lames de rasoir dans une cuvette.

J’ai ensuite demandé à mon confrère si elle avait ces lames de rasoirs dès le départ dans sa bouche. Il m’a répondu : Mais non. Vous avez bien vu que l’on a parlé pendant 20 minutes.

Donc, si elle avait eu ces lames de rasoirs dans la bouche, elle se serait blessée. Ces lames se matérialisent en sortant. 

2000002982373Exorcisme au moyen age.

Comment cela est-il possible ?

Je ne peux pas vous expliquer comment c’est possible. En-tout-cas, les lames de rasoirs étaient bien dans cette cuvette. De son côté, l’exorciste du diocèse de Rome, le père Gabriele Amorth (1925-2016), a dit avoir constaté des vomissements de clous.

Il y a des choses hallucinantes.

Les scènes du film L’Exorciste (1973) de William Friedkin sont fidèles à la réalité ?

Le film L’Exorciste met en scène un ancien rituel, qui est réaliste. Un nouveau rituel est sorti, mais on peut toujours utiliser l’ancien.

Quand on est mal, on va voir n’importe qui. On va chercher des réponses et des soulagements, parfois auprès de charlatans qui demandent de l’argent.

Mais en agissant ainsi, on ouvre des portes qui permettent au mal de s’engouffrer. Et on ne sait pas ensuite comment les refermer. Souvent, les gens reviennent vers nous après un parcours du combattant incroyable. »

Avez-vous déjà eu peur pendant certains exorcismes ?

Je n’ai jamais eu peur pendant un exorcisme. J’ai davantage peur des fous

Un grand nombre de catholiques ne croient plus dans l’existence du diable : qu’en pensez-vous ?

Ces catholiques devraient lire les Évangiles, afin de voir combien de fois le Christ a fait des exorcismes. Il a chassé des démons, et il a donné le pouvoir de procéder à des exorcismes à ses disciples.

L’Église n’a pas voulu ni culpabiliser, ni faire peur. Le mal a plusieurs formes. Cela peut être un tsunami, une maladie, un péché, ou des interventions extraordinaires du mal.

Face aux charlatans et aux escrocs comment se démarque un exorciste ?

Un exorcisme n’est jamais payant, c’est toujours gratuit. Pour tromper les gens, certains utilisent l’adjectif « catholique », pour rassurer.

Mais ce ne sont pas des prêtres. Et ils font leur business. Ça coûte cher, parfois 500 euros la séance. Mais tout ça, ça ne peut pas être l’Église.

Parce que le don de Dieu ne se monnaye pas.

Un exorcisme n’est jamais payant, c’est toujours gratuit. Pour tromper les gens, certains utilisent l’adjectif « catholique », pour rassurer.

Mais ce ne sont pas des prêtres. Et ils font leur business. Ça coûte cher, parfois 500 euros la séance. Mais tout ça, ça ne peut pas être l’Église. Parce que le don de Dieu ne se monnaye pas.

Depuis septembre 2016 le Vatican n’a plus d’« exorciste en chef » : pour quelles raisons ?

Il n’y a pas de « super exorciste » officiel. Le père Gabriele Amorth s’est imposé médiatiquement. Dans chaque diocèse, il y a un prêtre exorciste, que ce soit en Italie, en France, ou dans le monde entier.

Dans le diocèse de Rome, il y a un ou plusieurs exorcistes. Le pape François est l’évêque de Rome. Mais il ne peut pas tout faire.

Il y a donc un vicaire, qui est l’évêque auxiliaire de Rome, et qui est chargé de nommer les prêtres, exorcistes dans Rome. Aujourd’hui, le père Francesco Bamonte préside l’Association internationale des exorcistes (AIE).

Comprenez-vous ceux qui ne croient pas dans les possessions démoniaques et l’exorcisme ?

C’est comme croire en Dieu. Ça n’arrive pas au terme d’une expérience scientifique. Croire en Dieu ne vient pas de l’intelligence.

Ça vient du cœur. Il n’est pas absurde de croire, ni de faire confiance. C’est tout ce que l’on peut dire. Et puis en se faisant oublier, le démon est plus efficace.

Aujourd’hui pourquoi la question du diable semble toujours présente dans nos sociétés ?

Parce que c’est l’histoire éternelle du combat du bien contre le mal. Le mal utilisera toujours le bien, car on ne fait pas le mal pour le mal. Malgré le péché, malgré le mal, la nature humaine reste bonne.


Le mystère du Christ de Sierck-les-Bains

2000002982373Le visage du christ à Sierck les Bains.

Le 31 août 1985, un coiffeur du village fait une découverte hallucinante. Sur un mur, une tache d'humidité a pris la forme du visage de Jésus-Christ. Depuis, Sierck est surnommé le "Lourdes" de la Moselle et les curieux affluents.

Paul Huther

Le 31 août 1985, Paul Huther, rentre de la fête de la mirabelle à Metz. Dans la Grand-rue, il jette un coup d'œil à la façade d'un immeuble.

Humidité

Depuis 2 ou 3 ans, suite à un dégat des eaux, s'y trouve une tache d'humidité. Mais là, cette tâche a pris une forme nouvelle : des yeux, le nez, la bouche, des cheveux.

Visage

C'est un visage. Paul le scrute davantage et soudainement, il y met un nom.

Jésus

C'est Jésus-Christ qui vient d'apparaître sur le mur de cette maison de Sierck-les-Bains. Il en parle autour de lui et sa découverte se répand comme une traînée de poudre et Sierck Les bains est envahie par une foule de curieux et de croyants

Village

Le village envahi par plus de 30 000 personnes est même surnommé le "Lourdes de la Moselle." Des architectes, des experts se penchent sur le phénomène. Mais aucune explication scientifique n'est avancée.

Appparition

Les plus croyants estiment de leur côté que cette appparition est liée à la présence à Sierck-les-Bains, d'un édifice religieux hautement symbolique : la chapelle de Marienfloss, où fut crée en 1415 un célèbre rosaire.

Engouement

Aujourd'hui l'engouement n'est plus tout à fait le même, mais ce qui est surprenant voir mystérieux,  c'est que ce visage du Christ n'a pas disparu.

Altéré

Ni les aléas climatiques, ni l'usure n'ont altéré cette image apparu il y a 28 ans sur ce mur défraichi du centre-ville. Et le Christ de Sierck est entré dans le patrimoine de la ville.


Arles-Sur-Tech : la fin d’un mystère ?

2000002982373le sarcophage d’Arles-sur-Tech.

Depuis plusieurs siècles, un sarcophage de pierre situé dans une courette de l’église d’Arles-sur-Tech (66) produit une quantité d’eau importante (200 à 300 litres par an en moyenne).

Thèse 

La thèse du miracle a bien évidemment été la première avancée, tandis que d’autres hypothèses ont vu le jour tout au long de l’histoire, relayées par des médias avides de sensationnel.

Travail

Malgré un premier travail sérieux et concluant dans les années 60, le panneau situé au-dessus du sarcophage explique encore aujourd’hui que « La Sainte Tombe n’a pas livré son mystère ». 

Conclusions

Quarante ans après, les conclusions de la première étude sérieuse consacrée au « mystère » du sarcophage d’Arles-sur-Tech sont confirmées par de nouvelles recherches.

Sarcophage

Pour la deuxième fois en un demi-siècle, le sarcophage d’Arles-sur-Tech a livré son secret.

Étude

Une étude menée sur plusieurs années vient en effet d’être rendue publique, confirmant ce que l’on savait déjà sur l’origine de l’eau recueillie (essentiellement de l’eau de pluie) et précisant en particulier la part que tient la condensation dans le phénomène.

Publication 

Étonnamment ignorée depuis sa publication (dans La Houille Blanche décembre 1961), l’enquête de trois hydrologues 1, suite à des expériences et relevés effectués avec l’accord des autorités paroissiales, fournissait pourtant des conclusions claires et précises. 

Fond

Le fond du sarcophage est le quasi-imperméable (dépôt de poussières et calcaire). 

Couvercle

Le couvercle du sarcophage est perméable. L’eau met en moyenne 5 jours pour le traverser (2 à 20 jours). 30 % de l’eau de pluie est récupérée. 

Circulation

Il y a peu de circulation d’air entre intérieur et extérieur, donc peu d’évaporation. Il était également dit que l’eau « ruisselle sur le couvercle et pénètre entre couvercle et corps... ». Le travail était sérieux, ses résultats probants, malgré les faits, on continua à afficher un peu partout que la « Sainte Tombe n’a pas livré son secret .» 

Médias

Nombre de médias reprirent cette thèse du mystère, si bien que le plus grand monde n’évoquait pas le travail des hydrologues. 

Émission 

Et quand ils l’évoquaient, à l’image de l’émission Mystères de TF1 (1992), c’était pour prétendre que « les études menées jusqu’à présent laissent un petit peu à désirer ». 

Préciser

Sans préciser en quoi évidemment. Comme il fallait cependant expliquer la présence de l’eau, une hypothèse revint souvent à la surface...

Hypothèse

Cette hypothèse a été évoquée comme la solution à maintes reprises, et ce, depuis fort longtemps. Dans un article de 1975-1976 3 consacré aux puits aériens, C. R. Cheveneau recensait quelques auteurs ayant proposé cette théorie pour expliquer l’eau du sarcophage. 

Capteur

« C’est un capteur d’humidité atmosphérique à rendement élevé » (P. Basiaux, 1933).

Autorités

« L’opinion des autorités de l’abbaye est qu’il s’agit là d’un phénomène naturel, d’une condensation spontanée, qui s’expliquera tôt ou tard par la physique le phénomène considéré comme miraculeux s’explique fort bien par la physique » (H. De Varigny, 1934). 

Circonstances

On se trouve là en présence de circonstances exceptionnelles : exposition au Nord dans une cour profonde où ne pénètre pas le soleil, ensemble architectural environnant comportant des constructions massives formant probablement un volant thermique.

Circulation

Et surtout bonne circulation de l’air chaud et humide déversé par-dessus la paroi sud, se refroidissant au niveau du sol, dont l’humidité se condense dans la cuve du sarcophage (René Colas, 1957). 

Confirmation

Il admet la production d’eau par condensation de l’air, mais reste quand même dubitatif ici (Nicolas Chtechapov 1960).

Plume

Le 27 juillet 1998, sous la plume de J. Vilaceque, le quotidien Midi Libre amenait une « information » étonnante dans le dossier du sarcophage. 

Auvent

Celui-ci était censé se trouver sous un auvent : « Il est là sous son auvent dans une courette à gauche de l’église, posé sur deux socles de pierre de 20 cm de haut ». 

Précisé

Il était également précisé que le sarcophage se remplissait d’eau « tout seul. Sans que la pluie ne l’effleure... » ! 

Livre

Mieux, dans son livre les dossiers scientifiques de l’étrange (Michel Lafon 1999, page 148), Yves Lignon reprenait l’information et ajoutait. « Le sarcophage est bien un sarcophage, pas une citerne ouverte à l’air libre : quand il pleut ».

Mystère

Un nouveau mystère dans le mystère ? Une visite déjà ancienne (H.B.) au site nous avait pourtant clairement montré un sarcophage... À l’air libre. 

Ajouté

Mais un auvent aurait pu être ajouté récemment et MM. Vilaceque et Lignon faire ainsi référence à ce nouvel état des lieux. 

Juger

Afin de juger précisément de la crédibilité de ces deux messieurs, il nous fallait une information complémentaire. 

Fax

Suite à un fax à la paroisse Ste Marie d’Arles-sur-Tech le 16 mai 2001, le curé a eu la gentillesse de nous répondre rapidement puisque son fax nous parvint le 18 mai, il y est dit : « Il n’y a jamais eu d’auvent placé au-dessus du sarcophage d’Arles ni avant ni après 1998 ». 

Classée

L’affaire est donc classée. Elle montre cependant comment peut se créer un mythe : le couple souvenir inexact et absence de vérification (pour le formuler gentiment) par un tenant du mystère est redoutablement efficace.

Auteurs

Et l’on peut parier que dans le futur, d’autres auteurs reprendront l’histoire de l’auvent fantôme.

Piste

La piste de la « paroi froide » n’est donc pas nouvelle. Elle fut privilégiée une dernière fois et présentée encore comme nouvelle par M. Pomarede en 1998 et Yves Lignon en 1999. 

Phénomène

Or, les auteurs de l’étude de 1961 n’excluaient évidemment pas cette hypothèse, mais avaient conclu qu’elle ne permettait pas la production d’une quantité d’eau suffisante pour expliquer le phénomène.

Puits 

Les puits aériens ont fait l’objet de plusieurs expériences et études. Le plus célèbre est sans doute celui de Trans-en-Provence, conçu en 1928 et terminé en 1931, grâce aux travaux de l’ingénieur belge Achille Knapen, lauréat de la Société des Ingénieurs Civils de France.

Ouvrage

L’ouvrage, aux dimensions imposantes (12 m de diamètre à la base, près de 13 m de haut, paroi de 2,5 m d’épaisseur percée d’orifices permettant la circulation d’air, 3 000 plaques d’ardoise afin d’augmenter la surface de condensation) ne put jamais concrétiser les espoirs de son créateur.

Production

La production espérée de 30 à 40 mètres cube par jour ne vint jamais, les résultats des meilleures nuits s’arrêtant à quelques litres...

Essai

À la même période (1929), un essai fut réalisé à Montpellier Bel-Air (Hérault) avec un autre type de récupérateur par condensation. Léon Chaptal, directeur de la station de bioclimatologie agricole de Montpellier, qui mena ces travaux.

Pyramide

L’ouvrage, une pyramide de pierres calcaires d’environ 13 mètres cube érigée sur une base bétonnée, ne fournit que 0,2 à 0,5 litres par jour.

Calculer

À partir de ces travaux, on pouvait « calculer » que le Sarcophage d’Arles-sur-Tech, avec son volume « global » inférieur à un mètre cube ne pouvait se remplir uniquement ni même essentiellement par le phénomène de condensation.

Article

Un article vient de paraître dans la revue scientifique internationale Atmospheric Research. C’est le résultat des recherches d’une équipe menée par D. Beysens, du Commissariat à l’Énergie Atomique.

Relevés

Après trois années de relevés, le résultat est sans ambiguïté ; la production d’eau est due au bilan global de trois phénomènes : eau de pluie, condensation et évaporation. 

Quantité

La quantité d’eau issue de la condensation est six fois plus élevée que celle qui s’évapore, et la condensation produit en moyenne 10 % de l’eau présente dans le sarcophage : l’eau de pluie représente ainsi 90 % du phénomène.

Hydrologues

Les trois hydrologues de 1961 n’étaient pas aussi « nuls » que certains voulaient le faire croire.

Science

Pour la science, le « mystère » est une nouvelle fois éclairci. Mais pour ceux qui ont la Foi, et quelques autres de mauvaise foi, nul doute que cette nouvelle étude ne suffira pas.

Auteurs

Cependant, les auteurs de cette nouvelle recherche portent une appréciation critique envers les résultats des trois hydrologues sur deux points.

Début

Ils supposent qu’au début des mesures du niveau d’eau dans le sarcophage effectuées en 1961, celui-ci était vide. 

Rapport

Or, une lecture attentive du Rapport technique de 1961 permet de démontrer que ce n’était pas le cas. À partir de cette opinion (fausse), Beysens et al. remettent en question l’explication de la durée moyenne du décalage observé.

Contestent  

Ils contestent le degré de porosité du couvercle ( « Nous pensons que le marbre peut être poreux sur une épaisseur de quelques millimètres, mais pas en son cœur. » ), oubliant que des expériences sur le sarcophage lui-même avaient permis d’attester cette porosité. 

Courriers

Suite à plusieurs courriers, les réponses de D. Beysens n’ont pas permis d’obtenir des arguments qui puissent étayer sérieusement les opinions des auteurs, un dossier plus complet sur cet aspect de l’affaire sera bientôt disponible sur le serveur du Laboratoire de zététique.

Solution

Le dossier du sarcophage d’Arles-sur-Tech et la solution datant de 1961 sont disponibles depuis très longtemps. 

Réponse

En effet, en réponse à la célèbre émission Mystères de TF1 en 1992, un dossier explicitant la solution était publiquement accessible dès cette date sur le serveur de l’université de Nice. En 1996.

Site

Avec l’ouverture de son site internet, le Cercle Zététique du Languedoc-Roussillon mettait en ligne une synthèse de ces éléments.

Arguments

Début 2001, le site du Laboratoire Universitaire de Zététique, Centre J. Theodor d’étude des phénomènes paranormaux, reprenait et complétait le dossier, répondant notamment aux arguments critiques (et ridicules...) contre l’étude de 1961.

Résurgence

La nouvelle résurgence de l’hypothèse « paroi froide » comme explication du phénomène. 

Origine

Nous sommes en droit d’espérer que, suite à cette claire confirmation de l’origine de l’eau qui remplit le sarcophage d’Arles-sur-Tech, nous puissions enfin voir une plaque (et entendre des médias) annonçant.

Secret

« La sainte Tombe a livré son secret. Pluie et condensation ».



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Date de dernière mise à jour : 07/10/2023