Croyances 1
Les sorcières de Zugarramurdi : délire collectif dans un village Espagnol au 17e siècle
Les Sorcières de Zugarramurdi.
La vaste chasse aux sorcières de Zugarramurdi. Maria de Ximildegui, née de parents français, était née en pays espagnol, mais à la fin de son adolescence, elle avait été placée pendant quatre ans comme servante à Ciboure en France.
Sabbats
Revenue au foyer, Maria avoua à ses proches que lors de son séjour à Ciboure, elle avait assisté à des sabbats.
Erreur
Heureusement, un jour de carême, elle avait eu la révélation de son erreur et était revenue dans le giron de l’Église.
Sort
Furieuses de sa désertion, les sorcières lui avaient jeté un sort l’affligeant d’une maladie mortelle. L’absolution d’un prêtre lui avait permis d’échapper à un trépas imminent.
Pieuse
Fermement décidée à redevenir la plus pieuse des chrétiennes, Maria de Ximildegui affirma vouloir débusquer les sorcières de Zugarramurdi, qu’elle savait nombreuses, et commença par citer Maria de Jureteguia.
villageois
Une partie des villageois la crurent, mais d’autres, menés par l’époux de l’accusée Esteve de Navarorena, s’insurgèrent contre ses accusations. Le village se scinda en deux clans.
Accusatrice
Esteve ramena l’accusatrice devant sa ferme afin qu’elle s’expliquent en public des attaques portées contre sa femme.
Servante
L’ancienne servante maintint ses accusations, tout en haussant d’un cran l’horreur de ces récits au fur et à mesure que Maria de Jureteguia niait de plus en plus farouchement.
Malheureuse
L’assistance s’excitait et la malheureuse accusée finit par perdre connaissance. Quand elle revint à elle, contre toute attente, elle avoua avoir participé à de nombreux sabbats, entraînée par sa tante Maria Chipia Barrenechea, sur sa lancée et pressée par son confesseur Felipe de Zabatela, la jeune femme se dit persécutée par des démons lui apparaissant en chats, en chiens, en cochons.
Graciana
Graciana, une octogénaire, prit la tête d’une troupe qui alla fouiller les maisons en quète de preuve de pratiques diaboliques.
Condamnés par l'Inquisition, de Eugenio Lucas Velázquez (1862).
Felipe de Zabaleta
Fort de son pouvoir de prêtre dans une petite bourgade, Felipe de Zabaleta enjoignit à toutes les sorcières de se dénoncer.
Torturées
En cas de refus, affirmait l’ecclésiastique, les suspectes seraient horriblement torturées. Il se produisit alors une folie collective et une vague d’aveux de sortilèges
Meurtres
Usage de poudre empoisonnée, ainsi que de meurtres de sept adultes et de dix-huit enfants dont elles avaient sucé le sang.
Coutumes
Dans les coutumes basques, cette affaire n’était pas la première à avoir été réglée par la communauté villageoise.
Confession
Une confession publique, un repentir sincère pouvaient mener à une réconciliation et la vie reprenait ensuite son cours normal.
l’Inquisition
Mais il y eut une fuite. En janvier 1609, l’Inquisition décida de mener sa propre enquête sur cette mauvaise querelle villageoise.
Procès
L’affaire prit la tournure d’un retentissant procès, car les aveux spontanés se multiplièrent et se transformèrent en délire collectif.
Diableries
C’était à qui irait le plus loin dans les diableries. Graciana, qui avait mené la traque aux crapauds dans les demeures de Zugarramurdi, se prétend désormais la reine des sorcières du village.
Sorcières
Beaucoup de femmes avouèrent être sorcières depuis l’enfance, la tâche des jeunes sorcières étant de garder le troupeau de crapauds !
Batraciens
L’une d’elles, ayant manqué de respect à l’un des batraciens, avait été rossée par les autres sorcières. Les sorcières âgées avaient le pouvoir de réduire la taille de leurs jeunes initiées de manière à ce qu’elles puissent passer par les trous de serrure ou les fissures dans les murs.
Sorcière
Chaque sorcière, jeune ou vieille, avec son crapaud apprivoisé, se rendait régulièrement à des assemblées nocturnes où tout le monde forniquait pêle-mêle et évoquait les actes commis, infanticides, vampirisme, cannibalisme, profanation de sépultures et festin de cadavres.
Récits
Comme tous les récits se ressemblaient, les deux inquisiteurs chargés de l’enquête envoyèrent un rapport au Conseil de la Suprême Inquisition.
Persuadés
Ils étaient persuadés de la véracité des faits rapportés par ces villageoises visiblement frappées d’hystérie collective. Se sentant dépassés, les inquisiteurs en appelaient à leurs supérieurs.
Coupable
Dans l’esprit de beaucoup de nos contemporains, l’Inquisition espagnole est la plus grande coupable de la chasse aux sorcières.
Reproches
En fait, malgré tous les reproches qui peuvent lui être faits à juste titre dans d’autres persécutions, elle fut relativement prudente en matière de sorcellerie.
Questionnaire
Le 2 mars 1609, le Conseil de la Suprême Inquisition fit parvenir aux deux inquisiteurs locaux un questionnaire auquel ils devaient soumettre les accusés emprisonnés, en effet, le Conseil voulait savoir si les faits avoués étaient avérés ou relevaient de la pure surenchère d’imagination de gens arriérés.
Preuves
Les inquisiteurs étaient aussi sommés d’apporter des preuves concrètes. Trois inquisiteurs de Logroño en vinrent à la conclusion que tout était vrai et qu’il fallait organiser un autodafé.
Nier
Ceux qui persistaient à nier furent soumis à la torture et très peu continuèrent à nier leur participation au sabbat.
Affaire
Si l’affaire n’avait pas été si sordide et n’avait pas entraîné autant de malheurs, la sorcellerie à la manière de Zugarramurdi aurait de quoi faire rire par sa naïveté et son absurdité.
Sottise
Le plus bel exemple de cette sottise est le rôle dévolu aux crapauds dans cette affaire. Lors de son intronisation, chaque sorcière se voyait confier un crapaud dont elle devait prendre soin.
Diableries
Il représentait son meilleur auxiliaire en matière de diableries.
Donner
Il fallait donc le vêtir et lui donner une nourriture de choix faite de maïs, de pain et de vin. Rassasié, le crapaud recevait quelques légers coups de baguette afin qu’il enfle et devienne vert, que ce fût à cause de la nourriture ou les coups de baguette, le crapaud évacuait ses excréments verdâtres, fournissant ainsi aux sorcières l’onguent indispensable à leur envol.
Bouillie
Il semble que les crapauds devenus peu efficaces dans cette délicate fonction scatologique finissaient, malgré leur statut, en bouillie avec des couleuvres, des salamandres, des limaces, des escargots et des vesses-de-loup afin de composer un excellent poison.
Ennemis
Destiné aux ennemis et même aux proches, comme le raconte une sorcière s’accusant d’avoir ainsi éliminé son propre petit-fils.
Délire collectif dans un village espagnol au 17e siècle.
Bûchers
À Logroño, les bûchers s’allumèrent, faisant de ces villageois aux esprits simples des victimes expiatoires. Celles qui échappèrent aux flammes connurent le bannissement et la confiscation de leurs biens.
Exécution
L’exécution des gens de Zugarramurdi eut lieu en présence de 30 000 spectateurs dont l’imagination fut à ce point frappée que, en très peu de temps, une vague de sorcellerie se répandit comme une traînée de poudre dans toute la vallée.
Hystérie
L’hystérie se répandit alors en Navarre où, dans plusieurs villages, des sorcières furent lynchées sans autre forme de procès.
Accusations
Les enfants, surtout, se montraient de plus en plus prompts à s’accuser ou à porter des accusations sur des voisins, voire des membres de leur famille.
Contrée
Toute la contrée se trouva désorganisée sur le plan économique et, au sein du clergé, certains commencèrent à se poser les bonnes questions.
Venegas de Figuerroa
L’évêque de Pampelune, Venegas de Figuerroa, des jésuites et quelques curés s’insurgèrent. Ils en appelèrent au Conseil de la Suprême Inquisition.
Aveux
Suggérant que ces aveux n’étaient que divagations nées des racontars au sujet des procès de sorcellerie se déroulant en France.
Pedro de Valencia
Ils appuyaient ainsi la version de l’humaniste Pedro de Valencia qui voyait dans cette logorrhée populaire la conséquence d’un « bourrage de crâne.»
Exécutions
Lors des exécutions, lecture était faite au public des turpitudes des sorcières avec un luxe inouï de détails propre à impressionner des gens sans culture ni beaucoup de discernement, l’inquisiteur Alonso de Salazar y Frias, qui avait déjà participé à la toute première enquête, fut à nouveau sollicité.
Sillonner
Il fut chargé de sillonner les villages en folie des Pyrénées et d’y appliquer l’Édit de Grâce, qui absolvait des crimes les plus odieux si un repentir sincère était exprimé.
Tâche
Il s’appliqua à la tâche avec deux interprètes basques et finit par se rendre compte du caractère chimérique des aveux comme des accusations.
Méthode
Salazar décida de changer de méthode. Il délaissa les interrogatoires musclés et la torture pour auditionner (pour user d’un terme moderne) ceux qui avouaient tout à tort et à travers, surtout, pour observer les enfants de certains villages, souvent des délateurs prolixes de premier ordre.
Enquête
Si Salazar, lors de sa première enquête menée à Zugarramurdi, avait cru à la culpabilité des sorcières, il révisa son jugement en relevant les multiples contradictions et les invraisemblances qui lui avaient échappées naguère.
Avouer
Il finit par avouer au Grand Inquisiteur : « Je n’ai pas trouvé une seule preuve, ni même une indication qu’un acte de sorcellerie ait effectivement eu lieu » et il fit son mea-culpa en affirmant que rien ne justifiait des arrestations.
Délibérations
Après de longues délibérations sur base des rapports de Salazar, le Conseil Suprême décida en 1617 de ne plus poursuivre, en Navarre, les sorcières sur simple dénonciation ou rumeur publique.
Affaire
Depuis le début de l’affaire en 1608, des centaines de personnes avaient été accusées et beaucoup condamnées, si leur mort ne fut pas vaine en Espagne, d’autres régions continuèrent à manquer de discernement et à se livrer à la chasse aux sorcières allant au sabbat.
Sodome et Gomorrhe
Tableau du peintre Pieter Schoubroeck représentant la destruction de Sodome et Gomorrhe | via Wikimedia Commons (domaine public).
Le patriarche Abraham fut témoin d'une catastrophe provoquée par la colère du Créateur, qui anéantit totalement les villes de Sodome et de Gomorrhe, l'Éternel reprochait à leurs habitants de graves fautes morales, notamment des comportements pervers incluant l'homosexualité.
Genèse
Dans la Genèse, il est question de ces villes à deux reprises : d'abord à l'occasion d'une guerre entre cinq cités proches de la mer Morte et des souverains chaldéens, ensuite au moment de leur destruction par le feu céleste (Gn. 13 ; Gn. 14 ; Gn. 18 ; Gn. 19).
Cités
Les deux cités étaient bâties à proximité d'une plaine ou d'une "mer de sel". Elles auraient été victimes de projections d'un feu destructeur venant du ciel, et leur destruction aurait été totale (Gn. 19, 24-25).
Soufre
"Yahweh fit alors pleuvoir sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu. Il détruisit ces villes et toute la plaine, tous les habitants des villes et la végétation du sol."
Biblistes
Nombre de biblistes ont cherché à savoir si les deux villes avaient réellement existé et si leur fin était due à une catastrophe naturelle ?
Études
Des études approfondies du terrain ont permis de formuler plusieurs scénarios de destruction possibles.
Caractéristiques
La région de la mer Morte possède des caractéristiques géologiques tout à fait original. Elle est située sur la grande faille tectonique du Levant, sorte de fracture rocheuse géante qui sépare deux plaques continentales de la croûte terrestre.
Faille
Cette faille nord-sud court du golfe d'Aqaba, suit la mer Morte et la vallée du Jourdain et se poursuit jusqu'à l'est de la Turquie. Le déplacement progressif deux plaques constitue une source occasionnelle d'activité sismique.
Mer
Le niveau de cette mer isolée est situé 400 mètres plus bas que celui des océans, et sa salinité leur est dix fois supérieure.
Roches
Elle est entourée de roches très chargées en sel, dont la profondeur souterraine atteint plusieurs kilomètres, l'eau en évaporation permanente est renouvelée principalement par le Jourdain ainsi que par des sources très chargées en divers sels minéraux.
Menacée
La mer Morte est aujourd'hui menacée de disparition, à cause du détournement partiel du Jourdain exploité par les pays riverains.
Scénarios
Si l'on suppose que les villes de Sodome et Gomorrhe existaient et furent rayées de la carte, plusieurs scénarios ont été proposés pour expliquer leur disparition.
Jack Finegan
Une hypothèse avancée en 1951 par le professeur Jack Finegan, de l'University Christian Church de Berkeley, fait appel à un affaissement de terrain de très grande ampleur.
Effondrement
Il suppose que toute la partie sud de la mer Morte était alors à sec, et qu'un effondrement brutal de cette plaine se serait produit, laissant s'y engouffrer les eaux de la partie nord de la mer Morte.
Texte
Quelques indications issues du texte biblique paraissent, en effet compatibles avec ce schéma. La première référence biblique aux cités de la mer Morte est faite lors de la révolte contre la tutelle chaldéenne.
Villes
Cinq villes sont impliquées dans ce soulèvement : Sodome, Gomorrhe, Adama, Séboïm et Bala (ou Ségor) (Gn. 14, 2).
Combat
Un combat aurait eu lieu "dans la plaine de Siddim" et se serait terminé par la fuite des rois de Sodome et de Gomorrhe, qui auraient péri en tombant dans des puits de bitume, la plaine de Siddim, définie comme une mer de sel, correspond peut-être à la partie sud alors asséchée de la mer Morte.
Séisme
Une autre explication un peu moins spectaculaire fut proposée en 1995 par les géologues anglais Graham Harris et Anthony Beardowin. Selon eux, un fort séisme aurait provoqué une remontée brutale de matières fluides souterraines.
Sol
Le sol liquéfié devenu instable aurait subi un glissement de terrain juste sous les deux villes, qui auraient été précipitées dans la mer Morte.
Hypothèses
A côté de ces hypothèses "maximales" qui font disparaître Sodome et Gomorrhe sous les eaux, il a été envisagé une destruction terrestre, laissant éventuellement des vestiges visibles en surface.
Fouilles
C'est ce que semblent indiquer les résultats de plusieurs campagnes de fouilles menées sur les rives.
Les vestiges de Sodome auraient été découverts dans l'actuelle Jordanie, sur le site de Tall El-Hammam.
Cité
En 1924, les restes d'une cité antique disparue furent mis à jour à Bab ed-Drha, à l'est de la péninsule d’El Lisan, ses vestiges furent fouillés à partir de 1973 par les archéologues américains Walter Rast et Thomas Schaub dans le cadre d'un programme nommé Expédition of the Dead Sea Plain.
Vestiges
Ce programme fut particulièrement productif, car dans la région sud-est de cette mer on découvrit les vestiges de quatre autres villes, alignées selon un axe nord-sud au pied du plateau jordanien : Numeira, Safi, Feifa et Khanazir.
Fouilles
Les fouilles permirent de dater leur occupation de l'âge du Bronze ancien, vers 3300-2300 environ avant notre ère, deux d'entre elles, Bab ed-Dhra et Numeira, ont montré les traces d'une destruction violente avec tremblement de terre et incendie.
Habitations
Dans les deux cas, l'intérieur des habitations a révélé une épaisse couche de cendres recouvrant le niveau d'occupation le plus récent, dans les deux cas, on a trouvé des bases de murs aux parois inclinées. A Numeira subsistent les restes d'une tour abattue qui a dans sa chute écrasé trois personnes, en outre, on découvrit au voisinage de ces villes plusieurs vastes cimetières qui furent eux aussi la proie des flammes.
Identifier
Rast et Schaub ainsi que d’autres chercheurs ont pensé identifier Bab ed-Dhra avec Sodome, et Numeira avec Gomorrhe, cet avis est encore discuté.
Sceptiques
Pour les sceptiques, les destructions peuvent très bien avoir été provoqués de main d'homme.
Destruction
De plus, la date de leur destruction est bien antérieure à l'époque présumée des patriarches que propose la chronologie biblique traditionnelle (autour de 1800 av. J.-C.).
Indice
Cependant un indice provenant d'un autre site est venu à l'appui de la thèse biblique. Dans l'ancienne ville syrienne d'Ebla, fut mise à jour en 1975 une tablette d'argile gravée de signes cunéiformes.
Tablette
Elle décrit le trajet d'une route commerciale qui contourne la mer Morte par l'est et le sud. La tablette dresse la liste des villes qui jalonnent l'itinéraire. la 210ème ville citée porte clairement le nom de Sodome, que le document positionne au niveau de la presqu'île El Lisan.
Traduction
Si la traduction de cette tablette est exacte, elle confirme que les ruines de Bab ed-Dhra sont bien celles de Sodome.
Gomorrhe
Curieusement, Gomorrhe n'est pas mentionnée sur la tablette d'Ebla. Ceci n'est pas surprenant lorsqu'on sait que les ruines de Numeira (Gomorrhe ?) ont montré une occupation de très courte durée, une centaine d'années tout au plus, il est donc possible que Gomorrhe n'existait pas au moment où la tablette a été gravée.
© Tall el-Hammam Excavation Project.
Cataclysme
En 1929, le géologue américain Frederick Clapp étudia minutieusement la région de la mer Morte. Il déclara ce secteur à risque sismique élevé et constata que son sous-sol était riche en matières inflammables.
Gaz
Notamment en bitume et en soufre, et que le terrain reposait sur des réservoirs naturels de gaz et d'hydrocarbures sous haute pression.
Particularités
Ces particularités géologiques l'incitèrent à imaginer un scénario catastrophe pour Sodome et Gomorrhe. Un fort séisme aurait fait jaillir du sous-sol des matières inflammables, qui auraient pris feu et seraient retombées sur les villes.
Incendies
Provoquant de violents incendies s'ajoutant aux fortes secousses. C'est ce processus qui aurait été décrit par les auteurs de la Bible.
Faille
Il ignorait encore que les ruines de Bab ed Drha et de Numeira sont situées exactement sur la ligne de la faille géologique.
Scénario
Leur position a conduit Briant Wood à appliquer ce scénario à la destruction des deux sites fouillés, et à confirmer leur identification aux villes bibliques.
Spectacle
En définitive, le spectacle apocalyptique de cette plaine fumante et crachant le feu a pu ressembler à ce dont Abraham aurait été le témoin (Gn. 19, 27-28) :
Abraham
"Abraham se leva de bon matin et se rendit à l'endroit où il s'était tenu devant la face de Yahweh. Il regarda du côté de Sodome et de Gomorrhe et vers toute l'étendue de la plaine et vit que de la plaine s'élevait de la terre comme la fumée d'une fournaise."
Datation
Reste le problème de la datation de l''événement. La destruction de Bab ed Drha et de Numeira est datée de la fin de l'âge du Bronze ancien III, vers 2300 av. J.-C., ce qui est bien trop tôt pour qu'elle coïncide avec l'époque supposée des patriarches.
Incertitude
Briant Wood expliqua l'écart par une incertitude sur l'âge conventionnel de la fin du Bronze ancien III en Palestine. Il propose de la retarder de trois ou quatre cents ans, de sorte que la destruction de ces cités se place vers 2070 avant notre ère.
Doute
Ainsi, malgré le doute qui subsiste à propos de la concordance des dates, les cinq sites de Bab ed Dhra, Numeira et des autres découverts au sud-est de la mer Morte restent bien placés pour s'apparenter à Sodome, Gomorrhe et aux trois autres cités bibliques.
Fuite
L'épisode de la destruction des deux villes est précédé de la fuite de Loth, neveu d'Abraham. Loth se trouvait précisément à Sodome ainsi que sa famille, lorsque deux anges les visitèrent et les pressèrent de quitter Sodome pour échapper au désastre.
Ville
Ils leur prescrivirent de s'éloigner de la ville sans se retourner pendant leur fuite. La femme de Loth désobéit et regarda en arrière, ce qui lui coûta d'être transformée en statue de sel (Gn. 19, 26).
Corps
Autour de la mer Morte, les formations de sel ne manquent pas : beaucoup d'excursionnistes se sont amusés à y chercher le corps de l'épouse pétrifiée, dans une démarche plus anecdotique que scientifique.
Désastre
Ayant échappé au désastre de Sodome, Loth et ses deux filles s'arrêtèrent dans la ville voisine de Ségor qui avait été épargnée, puis ils montèrent séjourner dans une grotte proche de là (Gn. 19, 30).
Grotte
Si l'on en croit la tradition locale, cette grotte est aujourd'hui identifiée : il s'agirait d'une caverne existant non loin du village actuel de Safi, transformé au VIème siècle de notre ère, en un petit monastère byzantin construit devant cet abri naturel, et appelé la "grotte de saint Loth".
Tradition
L'édifice aujourd'hui en ruines témoigne d'une longue tradition locale, et sa localisation à proximité de Safi rend son identification assez crédible.
Carte
Il existe à Madaba, en Jordanie, une splendide mosaïque du VIème siècle qui représente une carte de la Palestine.
Localisation
Elle place clairement l'ancienne Zoar à l'emplacement de l'actuel Safi. D'autre part, les deux mots Zoar et Ségor sont équivalents, puisqu'ils signifient "petit", l'un en syriaque, l'autre en hébreu.
Neveu
Il est donc assez vraisemblable que la grotte proche de Safi soit bien celle qu'occupa jadis le neveu d'Abraham.
Genèse
Le rapprochement entre les cinq sites datés de l'âge du bronze et les cinq villes de la mer Morte évoqués dans la Genèse semble donc possible, Bab ed Drha serait la Sodome biblique, Numeira ne serait autre que Gomorrhe, Safi serait Ségor, Feifa serait Adama et Khanazir serait alors Séboïm.
La Divine Comédie de Dante
La carte de l'Enfer par Sandro Botticelli, illustration d'un manuscrit de la Divine Comédie.
Écrite au début du XIVe siècle par Dante Alighieri, la Divine Comédie évoque, en une longue série de tercets, le voyage allégorique de son auteur dans les trois mondes de l’au-delà, l’enfer, le purgatoire, le paradis.
Époque
Conçue à une époque où l’Europe sortait progressivement du Moyen Âge, elle n’en représente pas moins le symbole de la pensée médiévale. À l’époque où il écrivait, la division s’installait partout, la pensée laïque tendait à se séparer de la pensée religieuse ; le pouvoir politique s’opposait au pouvoir religieux ; les cités d’Italie connaissaient la lutte des partis.
Enfer
Or, Dante était séduit par une unité représentée autrefois par la chrétienté. La première partie de son œuvre, L’Enfer, montre les âmes des damnés comme ayant manqué à cet esprit d’harmonie, le voyage de l’écrivain à travers les trois mondes va être perçu comme une volonté de retrouver cette unité perdue, jusqu’à son expression ultime au sein du paradis.
Dante
Dante n’est pas un mort. Il est au contraire bien vivant et comme tel projette son corps dans l’Univers d’outre monde, non désincarné, il dispose de toute sa personnalité, avec ses sentiments, sa peur, ses émotions, sa raison, tout son psychisme, et ses réactions, lors de sa confrontation avec les âmes, donnent un relief à son périple.
Mortel
Mais il ne voyage pas seul. Mortel vulnérable, il lui faut un guide et en celui-ci l’écrivain va voir un père.
Celui-ci a manqué à Dante dans sa jeunesse, car très vite, il a perdu le sien. Aussi toute son œuvre est marquée par la quête du père, le profond désir de se relier à ses racines perdues.
Virgile
C’est un poète qu’il va choisir pour combler cette absence en la personne de Virgile, auteur de L’Enéide.
La poésie permet d’exprimer des idées par des images concrètes et une métaphore bien choisie présente un personnage mieux que plusieurs pages de description.
Enfer
Virgile va le guider en enfer et au purgatoire. À l’entrée du paradis, il cédera la place à Béatrice. Grand amour de Dante, morte quand il était jeune, celle-ci a illuminé l’œuvre de l’écrivain, l’Enfer se présente comme un entonnoir, une longue spirale parcourue par Dante et son guide en empruntant des chemins sinueux ponctués d’une série de rencontres.
Personnages
L’écrivain y est confronté à des personnages mythologiques et historiques, fruits de sa grande érudition, aussi des personnages de son temps qu’homme politique florentin, il a su apprécier à leur mesure, pris dans les querelles entre guelfes et gibelins sévissant à Florence, Dante a envoyé ses ennemis en enfer avec sérénité.
Haines
Il n’en a pas moins transfiguré ses haines en leur donnant une amplification apte à rendre compte du caractère intemporel de la nature humaine, allant jusqu’à lui conférer un caractère actuel.
Péchés
Plus il descend en enfer, plus les péchés sont graves et chaque damné reçoit le châtiment le plus approprié à son crime, ce périple est aussi une descente progressive à l’intérieur de soi.
Autoportrait
Dante fait son autoportrait en parlant à la première personne et, à sa suite, invite ses lecteurs à entreprendre le même voyage, à pénétrer en leur âme de façon à acquérir une meilleure connaissance de celle-ci.
Entrée
L’entrée des enfers est somptueuse comme celle d’un palais ; large et spacieuse c'est la route menant à la perdition, cette vision n’est pas sans rappeler le mythe d’Hercule dont rend compte Pétrarque, celui du héros qui doit choisir entre deux chemins, l’un montant et ardu, l’autre descendant et couvert de roses, mais menant à la déchéance.
Forêt
Dante traverse ensuite une forêt et a une réaction de peur. Il est confronté à une panthère symbolisant la luxure ; un lion, image de l’orgueil ; une louve, image de la cupidité, projection des péchés capitaux dont notre auteur aura plus tard la vision par l’intermédiaire des âmes châtiées.
Effroi
« Contre l’effroi qui me saisit d’un lion paraissant. Il me semblait qu’il vînt droit devers moi, plein de rageuse faim, la tête haute ». Heureusement, l’écrivain finit par rencontrer Virgile.
Premier
Ce dernier l’entraîne dans le premier cercle de l’enfer où se trouvent les âmes de ceux qui n’ont jamais été réellement vivants. Il est en enfer sans y être vraiment, le perron d’une maison précédant le vestibule, agglutinés et piqués par des insectes, les morts sont des égoïstes punis par l’anonymat. « À quoi servent ces âmes mortes ? »
Gloire
Disait Saint-François de Salles. À l’époque de Dante, la gloire tenait une place capitale chez les élites ; elle ressort dans Phèdre et dans Nicomède de Racine.
Limbes
Puis, Dante est confronté aux Limbes, terme issu d’un mot latin signifiant « marge ». Là végètent les non-baptisés, ceux qui ont vécu avant la venue du Christ, ainsi que ceux qui ont vécu à son époque et qui n’ont pas su le reconnaître, ces derniers précisément méritant leur sort, car le Christ est peu attesté historiquement.
Dieu
Tous ces gens, qui n’ont pas eu accès à la connaissance de Dieu, sont décolorés ; misérables, ni tristes, ni joyeux, ils connaissent le même tourment, celui de ne jamais voir Dieu.
Esprits
À côté d’esprits païens, Orphée, Platon, est présent Averroès, le philosophe ayant rédigé le premier commentaire d’Aristote et à qui Dante reproche d’avoir eu l’audace de dire qu’existaient deux vérités.
Êtres
Une pour les êtres éclairés, l’autre pour le peuple, une conception antichrétienne. Toutes ces personnalités représentent une bibliothèque, un savoir resté inconscient, mais demandant à être exhumé.
La barque de Dante.
Pénétrant délibérément dans le monde des damnés, Dante et son guide rencontrent Minos, juge des enfers dans la mythologie antique, qui « juge aux enfers tous les pâles humains » ainsi que le dit Racine.
Combat
Il est la voix de la conscience, et pour cela, se tient aux portes de l’enfer. Voyant au-delà des apparences, incitant chacun à renouer avec son être profond, il représente le combat entre la loi et sa transgression, à partir de là, les deux voyageurs vont se faire les spectateurs de l’incontinence, notamment par l’intermédiaire des péchés capitaux.
Luxure
La luxure va présenter à leurs yeux ses redoutables attraits. Dante éprouvait la plus grande méfiance pour les formes d’amour limitées uniquement à leur caractère terrestre.
Amour
À l’amour courtois, il opposait l’amour spirituel, celui qu’il a éprouvé pour Béatrice qui le lui fera entrevoir au paradis.
Mêler
Ainsi, l’écrivain va mêler ensemble les amours célèbres dont la tradition rend compte, Sémiramis, la belle Hélène.
Femmes
Bien des femmes ont incarné ce pouvoir machiavélique dans l’art et la littérature : Phèdre, chez Racine, la reine de la nuit dans la flûte enchantée de Mozart, la marquise de Merteuil dans Les liaisons dangereuses.
Destin
À chaque fois, elles ont connu un destin tragique, symbole de la culpabilité tenaillant leur âme, image de son enfer intérieur.
Relation
Il est cependant un exemple de relation amoureuse qui a suscité l’attention de Dante, celui, célèbre entre tous, connu par Paolo Malatesta et Francesca da Rimini.
Amants
Les deux amants, pour avoir entretenu une relation adultère, furent tués par le mari de Francesca et mis en enfer par Dante. Pourtant, on sent à le lire que l’écrivain cède à la jalousie, car, jeune.
Béatrice
Béatrice ne l’a jamais regardé d’un œil complaisant. Aussi atténue-t-il leur châtiment en décidant, c’est une différence avec Hélène coupée de Paris, que de toute éternité, ils auront la satisfaction d’être ensemble.
Choix
Son choix pose le problème de la responsabilité de l’écrivain, et pour s’y soustraire, il se dérobe en s’évanouissant.
Ombres
« Tandis que se disait l’une des ombres, l’autre pleurait ; si bien que de pitié, je me pâmai, cuidant la mort sentir ; et chus, comme corps mort à terre tombe ».
Incontinence
D’autres péchés relevant de l’incontinence ont suscité la condamnation, la gourmandise, l’avarice, la prodigalité, ville riche, Florence offre un contexte particulier qui est celui de l’abondance.
Gourmandise
La gourmandise est la conséquence d’une faiblesse personnelle que l’âme n’a pas su rendre consciente et peut aller de pair avec un langage non dominé.
Excès
Ce trait particulier, Dante l’a exprimé avec le personnage de Ciacco. Plongé dans les excès alimentaires, il se posait en pseudo-prophète annonçant que l’appétit généralisé à Florence amènerait son déclin.
Mange
Il mange et hurle en même temps. « Après longue querelle, viendront au sang ; et le parti sauvage chassera l’autre avec mainte offencives » dit-il au voyageur.
Devins
Plus loin, Dante ne sera pas tendre avec les devins qui se mettent à la place de Dieu en prolongeant le temps par anticipation.
Dante rencontrant les non-baptisés, Chant IV de l'Enfer illustré par Gustave Doré.
L’excès en tout étant décidément un défaut, Dante renvoie dos à dos les avares et les prodigues ; les premiers amassent tandis que les seconds dépensent, mais quel que soit leur choix, ils cèdent tous à l’égoïsme et à l’envie.
Écrivain
Pour l’écrivain, la vertu ne saurait se définir en opposition à un vice contraire, et entre deux extrêmes, il existe une voie moyenne que chacun doit trouver par lui-même, pour cela, les uns et les autres, sont sans cesse à se battre sous l’œil des deux voyageurs.
Châtiments
D’autres châtiments répondent à des crimes plus graves, ceux commis par des individus dont l’ego s’est davantage éloigné des lois divines.
Coupables
Ceux coupables d’hérésie en offrent le meilleur exemple. Celui qui s’éloigne de ce qui est perçu comme l’ordre cosmique en exprimant des idées exclusivement personnelles est pour ainsi dire « à brûler », car il contribue à remettre en cause l’harmonie générale.
Psychologie
Une certaine psychologie est même à relever dans la présentation de ce vice en la personne de Cavalcant Cavalcanti.
Hérétique
Hérétique et en même temps épicurien, celui-ci avait mérité sa damnation. Mais à travers lui, Dante présente le cas de son fils Guido Cavalcanti, poète comme lui et qui fut son ami.
Sage
« Je ne viens pas de mon chef le sage qui attend là me mène par ces terres de vision : mais votre Guy (Guido), peut-être en eut dédain… » dit Dante à Cavalcant.
Catharisme
Très chagriné parce qu’il avait été séduit par le catharisme, le poète avait, en vain, tenté de le faire revenir vers la religion officielle, pour lui, la partie la plus raisonnable de Guido reposait sur ce qu’il y avait de plus haïssable en lui, son père, son propre enfer.
Langage
Il en est de même avec le langage. Celui-ci fait en sorte que la communication s’accorde avec la pensée et la poésie consiste à marier le langage avec les lois du Cosmos.
Conditions
Dans ces conditions, le blasphème, qui vise à mêler Dieu à des injures, ne peut qu’être perçu que comme un péché mortel. Il est arrivé à notre époque que des journalistes aient été abattus pour avoir blasphémé.
Malédiction
Quoi qu’il en soit, il est devenu courant que le langage perde le caractère sacré qu’il avait autrefois. Le terme malédiction vient de « maledictum », « parole injurieuse, injure, outrage ».
Souci
Un tel souci de la part de l’écrivain ne saurait étonner de la part d’un homme qui a écrit son œuvre en langue vulgaire et permis l’émergence de l’italien dans la littérature.
Blasphémateur
Chez lui, le blasphémateur s’apparentait aux auteurs faisant des infidélités à sa langue maternelle, ces péchés sont dépassés en gravité par la violence, et la vision que l’écrivain donne de ceux qui y ont cédé est très révélatrice.
Bestial
C’est par l’intermédiaire du minotaure, être mi-homme-mi bête, que Dante les caractérise, signifiant que l’homme qui se laisse aller à de tels emportements se montre particulièrement bestial.
Minotaure
Le minotaure rappelle que chaque homme peut céder, notamment lorsqu’il est sujet à la colère, autre péché capital, à des réactions de bête et qu’alors il perd sa dignité.
Observe
Dante l’observe en train de s’agiter de manière malsaine, une manière de symbole, car l’agitation, le contraire de l’action, ne correspond à rien.
Violents
Existent aussi les violents contre eux-mêmes, c’est-à-dire ceux qui choisissent de se suicider. L’écrivain considère que l’acte consistant à se donner la mort est une faute sans remède, car l’on n’a pas le temps de se repentir.
Miséricorde
Par ailleurs, il montre que l’on a désespéré de la miséricorde de Dieu qui écoute toutes nos prières, Dante les présente comme des errants jusqu’à ce qu’ils finissent par retrouver leur corps.
Péchés
Jusqu’à présent, les péchés évoqués ne représentent que l’exagération de comportements qui auraient pu être acceptables s’ils avaient témoigné de plus de modération.
Cercle
À partir du huitième cercle, le voyageurs et son guide vont croiser ceux qui ont péché contre l’intelligence et là il n’y a pas de pardon.
Tromperie
La tromperie est en premier lieu la cause des châtiments dont rend compte Dante et dans le même cercle il a rassemblé l’ensemble des fraudeurs.
Attaques
Ces attaques prennent leur source dans le sentiment amour-haine que l’écrivain a éprouvé envers sa ville natale, Florence a été admirée (son art surtout), crainte et aussi détestée.
Aimée
Dante, qui l’a passionnément aimée, a manifesté à son égard une vindicte féroce dès qu’il en a été banni, cette perfidie est d’abord celle dont se sont rendus coupables les séducteurs.
Sévérité
À ce sujet, Dante témoigne d’une sévérité pouvant étonner les personnes de notre temps en citant par exemple Jason, pour lui plus coupable que Médée.
Héros
Le héros, au lieu de trouver en lui seul les moyens de surmonter ses obstacles, a préféré choisir la facilité en se servant des pouvoirs de la femme magicienne.
Vie
Dante qui avait une vie austère a aussi condamné les courtisanes, se refusant à considérer l’évolution faisant d’elles des femmes d’esprit.
Côté
À côté des flatteurs, des hypocrites et des simoniaques, Dante a exécré les voleurs. Le sort de ceux-ci offre un certain intérêt dans la mesure où l’époque de l’écrivain, contrairement à la nôtre, ne faisait pas la différence entre l’être et l’avoir.
Considéré
Celui-ci était considéré comme le prolongement de l’être, ce qu’il avait gagné, et par son acte le voleur remettait en question l’identité de sa victime.
Effort
L’effort psychique de chacun représente une tension comme en témoigne le penseur de Rodin tentant de s’élever au-delà de la bête en mobilisant ses ressources intérieures.
Voleurs
Aussi, les voleurs ont-ils été punis de façon effroyable par Dante en étant changé en bêtes. C’est l’idée, très présente chez lui, que Satan, à la différence de l’homme normal et sain existant dans la lumière divine, n’est pas net et brouille les formes.
Écrivain
L’écrivain ne craint pas de faire appel au spectateur : « Ore, lecteur, si tu es lent à croire ce que je dirai, jà n’en ferai merveille, puisque moi qui l’ai vu j’y cède à peine ».
Connaissance
Plus encore que cette mauvaise foi, le désir de connaissance à l’écart de Dieu a suscité la réprobation de Dante.
Ulysse
Aujourd’hui, Ulysse, héros de L’Odyssée, suscite de la part de chacun une admiration sans bornes en raison de la force de caractère qu’il a su manifester pour rejoindre sa patrie.
Enfer
Dante ne l’en place pas moins en enfer, car, en l’homme aux mille ruses, il n’a vu que l’être dévoré par le besoin de connaître le monde.
Abandonne
Il abandonne son épouse Pénélope pour aller courir la mer et pour cela a mérité d’être damné. « Considérez la race dont vous êtes, créés non pas pour vivre comme brutes mais pour suivre vertu et connaissance », dit Ulysse à ses compagnons.
Miroir
En le punissant, Dante se punit lui-même. Ulysse est un miroir de Dante, mais un miroir déformant, le poète a voulu violer les lois de la Nature, aller en enfer, au purgatoire et au paradis, et ainsi tenter de percer les mystères de la divinité.
Élan
Mais si l’élan d’Ulysse est horizontal, en voulant aller aussi loin que peut aller un homme, l’élan de Dante est vertical, car, connaissant la grâce, il tente de s’élever vers Dieu.
Trahison
La trahison comble de la désunion intérieure, pénétrant dans le neuvième cercle, Dante et Virgile parviennent au fond de l’enfer, là où se trouvent ceux qui ont commis les crimes les plus graves.
Châtiment
Subissant leur châtiment, ils connaissent l’immobilité dans un lac gelé, le « Cocyte ». Tout au long de son parcours dans la spirale infernale, Dante voit les damnés de plus en plus plongés dans la matière, ouragan, pluie, boue, autrement dit prisonniers des forces de la terre, bien loin de la lumière divine.
Dante
« Lors vis-je entour, jusque sous mes semelles, reluire un lac qui par âpre gelée eut semblance de verre et non d’eau vive », dit l’écrivain.
Mouvements
Les mouvements sont de plus en plus difficiles à mesure que l’on descend, ainsi qu’il apparaît dans les bolges du huitième cercle et leurs trous où ne peuvent que difficilement se mouvoir les damnés.
Enfer
« L’Enfer est le lieu de la discontinuité, qui empêche le mouvement d’un cercle à l’autre ». Les âmes sont à chaque fois davantage victimes de leurs pulsions incontrôlées.
Situation
Cette situation culmine avec l’image du diable, de Lucifer, présent au centre de la terre. Le corps à moitié pris dans le lac de glace, il incarne cette immobilité forcée attachée aux plus terribles châtiments.
Scission
Une scission délibérée au sein de la personne est provoquée par la trahison. Exprimant sa haine pour celle-ci, Dante affirme son désir d’unité.
Ouvrage
Dans son ouvrage de philosophie politique, le De Monarchia, il manifestait le souhait de voir la chrétienté dirigée par une seule tête, l’empereur, tandis que le pape n’aurait que la direction spirituelle.
Vœu
Un tel vœu allait à l’encontre de l’évolution suivie par le monde à son époque, soit l’affirmation des indépendances nationales.
Condition
« Il est nécessaire pour la meilleure condition du genre humain qu’il y ait dans le monde un Monarque et par conséquent la Monarchie est nécessaire au bien-être du monde » soutenait Dante.
Individu
En trahissant, l’individu use de plain-pied de son libre arbitre en faisant de sa seule volonté le critère de son action.
Emprise
Autrement dit, il n’agit que sous l’emprise des forces terrestres. Pour cela, ce sont les géants, païens ou bibliques, qui introduisent les deux voyageurs dans ce cercle.
Nemrod
Le premier de ces êtres rencontré par Dante est Nemrod, roi de Babylone qui aurait tenté de s’élever vers Dieu en édifiant la tour de Babel. « Cil est Nemrod qui par folle cuidance fit que d’un seul langage au monde on n’use » révèle Virgile à Dante.
Foudroya
Le Très Haut foudroya sa construction et pour punir son orgueil décida que dorénavant les hommes parleraient des langues multiples.
Langage
Si un seul langage, avec sa grammaire et sa syntaxe, exprime l’harmonie de l’esprit, plusieurs langages représentent le chaos.
Monde
Le monde hellénique en a proposé un autre symbole avec le cyclope Polyphème, « qui parle beaucoup », une autre image de ce désordre obscur du subconscient.
Graduation
Dante va établir une graduation entre les crimes de trahison en établissant une distinction entre les traitres envers leur patrie, ceux envers leur famille, ceux envers Dieu.
Personnages
L’écrivain finit par présenter à ses lecteurs les trois personnages estimés par lui les plus odieux et comme tels placés au fin fond du séjour des damnés, Brutus, Cassius, les assassins de César, Judas, l’apôtre ayant trahi le Christ, si ces derniers sont honnis par le poète, c’est parce qu’en eux il voit les pires perturbateurs de l’unité qu’il préconisait.
Judas
Brutus et Cassius, en assassinant César, avaient porté atteinte à l’unité politique incarnée à l’époque de Dante par l’empereur : Judas, par son action envers Jésus « antagoniste à l’égard de la vraie vocation de l’esprit » remettait en question le pouvoir religieux du pape.
Jonas
Il faut se plonger dans l’obscurité pour trouver la lumière. Ainsi fit Jonas qui, après avoir pénétré dans le ventre de la baleine en ressortit transfiguré.
Damnation
Confrontés à la pire damnation, Dante et Virgile ne pourront que s’élever peu à peu vers la lumière. Ils entreront alors dans le purgatoire, non une spirale mais une montagne, celle que forma par réaction Lucifer après sa déchéance.
Marchant
Marchant vers le sommet, ils rencontreront des pêcheurs travaillant à leur repentir avant que Béatrice, se substituant à Virgile, introduise le poète au paradis, séjour de la suprême béatitude.
La prophétie de saint Malachie
La prophétie dite de «saint Malachie».
La prophétie dite de «saint Malachie», selon laquelle François serait le dernier pape, bénéficie encore de beaucoup d’intérêt, notamment sur internet.
Document
Mais une recherche approfondie sur le document révèle de sérieux doutes sur sa crédibilité. Avec le chamboulement actuel de l’ordre mondial, dans le sillage de la pandémie de coronavirus.
Prophéties
Les prophéties apocalyptiques trouvent un regain d’écho, parmi ces dernières, il en est une directement liée à l’Eglise catholique: la « Prophétie des pape s» dite de « saint Malachie ».
Sentences
Le document énumère 113 brèves sentences écrites en latin décrivant les papes devant succéder à Célestin II (en 1143).
Texte
Le texte est «apocalyptique», dans le sens où le pape François y apparaît comme le dernier successeur de Célestin II, et que la devise qui lui est associée fait état d’une destruction de Rome et d’un « jugement ». Le texte dit exactement: « Pierre le Romain, qui fera paître ses brebis à travers de nombreuses tribulations ; celles-ci terminées, la cité aux sept collines sera détruite, et un juge redoutable jugera son peuple ».
Exégète
Des « exégète » de ce texte en concluent que la fin du monde doit se produire sous le pontificat de Jorge Mario Bergoglio.
Prédictions
De telles « prédictions » laissent certainement beaucoup de personnes perplexes, mais elles trouvent leur « public », si l’on en croit la popularité de ce thème de recherche sur internet.
Joseph McHugh
Les mots-clés « Malachy Prophecy » aboutissent en effet à près de 700’000 résultats. Le journaliste américain spécialisé dans la religion Joseph McHugh dit savoir, de son propre milieu d’origine, en Irlande, que « de nombreux catholiques prennent ces prophéties très au sérieux ».
Redoutait
Sa grand-mère redoutait déjà ainsi, à l’époque, que le successeur de Pie XII (1939-1958) choisisse le nom de « Pierre », donnant ainsi le signal de la fin du monde.
Indices
Nombre d’indices tendent néanmoins à démontrer que les prétendues prophéties ont été imaginées de toutes pièces et qu’elles ne sont le fruit d’aucune révélation mystique,un premier point à relever est le caractère passablement « tiré par les cheveux » des correspondances entre les papes et leurs devises.
Exemple
Un exemple frappant est la difficulté des «interprètes» du document à trouver des liens entre le pape François et la devise qui lui est associée. Principalement concernant le nom de Pierre. On trouve ainsi sur internet diverses explications, l’une d’elles rapproche le patronyme «Bergoglio» de « Berg » qui veut dire ‘montagne’ en allemand, le faisant correspondre à la roche et donc à la « pierre ».
Citer
On pourrait citer d’autres tentatives d’associations, également sur les autres papes, qui font tout autant froncer les sourcils.
Antidaté
Un document « antidaté » ? Certaines sentences semblent plus convaincantes. En fait, elles sont claires et précises jusqu’en 1590, note le site philosophieduchristianisme, qui présente un exposé complet sur ce thème.
Date
Après cette date, les devises deviennent « sibyllines et interchangeables ». Cela viendrait du fait que c’est justement à cette époque que le document, censé dater du 12e siècle, a réellement été écrit.
Devises
Les devises concernant les papes ayant vécu avant 1590 auraient donc été écrites sur la base de documents historiques disponibles au 16e siècle et ensuite attribuées à saint Malachie, ce dernier, né à Armagh, en actuelle Irlande du Nord vers 1094 et mort à l’abbaye de Clairvaux, dans l’Aube, en 1148, a été canonisé en 1199.
Moine
Il a été moine bénédictin et archevêque d’Armagh. Il est difficile de dire pourquoi il aurait joué ce rôle de prête-nom à cette Fake News avant la lettre. Peut-être eu égard à son aura «mystique» venant de ses dons rapportés de guérisseur.
Arnold Wion
Ses prétendues prophéties auraient été découvertes par le moine bénédictin Arnold Wion, en Flandres, en 1590, ce dernier les a présentées aux cardinaux lors du conclave d’octobre de cette même année.
Publier
Il a ensuite fait publier, en 1595 à Venise, un volumineux ouvrage, intitulé Lignum vitæ, Ornamentum et decus Ecclesiæ, dont la prophétie des papes constitue l’un des passages.
Saint Malachie et sa prophétie sur la fin du monde..
Publier
Il a ensuite fait publier, en 1595 à Venise, un volumineux ouvrage, intitulé Lignum vitæ, Ornamentum et decus Ecclesiæ, dont la prophétie des papes constitue l’un des passages.
Philosophie
Philosophie du christianisme relève au passage le fait intrigant que l’on ne trouve aucune trace de ces prophéties avant le 16e siècle, Ange Manrique, contemporain de saint Malachie, ne mentionne aucune prophétie dans les papiers de l’évêque irlandais qu’il a eus en sa possession après la mort de ce dernier à l’abbaye de Clairvaux.
- Saint Bernard de Clairvaux, contemporain et ami de Malachie, a publié sa biographie peu de temps après sa mort, sans jamais évoquer de prophéties.
- Pierre le Vénérable et Jean de Salisbury, également contemporains de Malachie, ont travaillé sur son œuvre et n’évoquent pas davantage de telles choses.
Faits
Mais l’un des faits les plus confondants est peut-être la présence de malheureuses « erreurs de copie » dans les prophéties.
Erreurs
Les sentences se trompent en effet pour Jean XXII et Eugène IV. La devise de Jean XXII est « Du cordonnier d’Os », ce que le Lignum vitæ rattache à l’idée que Jean XXII était « un Français, de la famille Ossa, fils d’un cordonnier ».
Pape
Or ce pape était fils de banquier et non de cordonnier. De même, la devise d’Eugène IV est «la louve célestine», ce que le Lignum vitæ fait correspondre à « un Vénitien, ancien chanoine des Célestins, évêque de Sienne ».
Moine
Mais Eugène IV était un moine augustin et non célestin. Ces erreurs se trouvent en fait dans les Notices des papes, publiées quelques décennies plus tôt par Onofrio Panvinio en 1557, l’on peut donc raisonnablement penser que le faussaire des «prophéties» s’est basé sur ce texte erroné pour imaginer ses devises.
Arnold Wion
Ces dernières sont-elles issues des cogitations d’Arnold Wion lui-même, ou a-t-il été trompé par un faux plus ancien ? nul ne le sait. Certains pensent même que le texte proviendrait de Nostradamus, eu égard à des correspondances stylistiques et de termes.
Favoriser
Favoriser l’élection comme pape du cardinal Girolamo Simoncelli, d’après philosophie du christianisme, les « prophéties » auraient pu servir à favoriser l’élection comme pape du cardinal Girolamo Simoncelli, lors du conclave de 1590.
Devise
En effet, la devise décrivant le successeur d’Urbain VII, qui venait de décéder était Ex antiquitate Urbis (de la vieille ville), et le cardinal Simoncelli venait d’Orvieto, en Ombrie, dont le nom dérive du mot « vieille ville » en latin.
Conclave
Le conclave ne fut cependant pas décisivement influencé car le cardinal ne fut jamais élu pape.
Date de dernière mise à jour : 27/04/2024