Mystères 26
Quelque chose produit de « l'oxygène noir » au fond de l’océan
Bulles de gaz au fond du Pacifique (photo d'illustration).
Cette découverte vient chambouler nos connaissances sur l’oxygène, élément indispensable à l’apparition de formes de vie complexes. D’où vient l’oxygène naturel ? À l’école, on nous apprend qu’il est le fruit de la photosynthèse des plantes, terrestres mais aussi marines.
Organismes
Ces organismes vivants exploitent la lumière du soleil pour transformer le dioxyde de carbone et l’eau en molécules dont ils ont besoin, et produisent en contrepartie de l’oxygène. Mais une nouvelle étude à découvert une autre source d’oxygène dans un endroit qui n’est pas censé en contenir, le fond de l’océan.
Lumière
Alors que la lumière du soleil n’atteint pas ces profondeurs, l’oxygène y est particulièrement rare. Pourtant, le professeur Andrew Sweetman, de l’Association écossaise des sciences marines, a bien relevé des niveaux élevés d’oxygène à environ 500 km au sud-est d’Hawaï dans l’océan Pacifique.
Découverte
Cette découverte, publiée le 22 juillet 2024 dans la revue Nature, est si inédite qu’elle a d’abord été prise pour une erreur. « Lorsque nous avons reçu ces données, nous avons pensé que les capteurs étaient défectueux », a déclaré Andrew Sweetman dans un communiqué.
Capteurs
« Nous rentrions chez nous et réétalonnions les capteurs, mais, au cours des 10 années qui ont suivi, ces étranges mesures d’oxygène ont continué à apparaître. » Pour confirmer sa découverte, l’équipe de recherche a même utilisé une seconde méthode de détection d’oxygène.
Scientifiques
De par son côté mystérieux, les scientifiques ont appelé cette découverte « l’oxygène noir ». Cela fait aussi référence à l’endroit où il a été découvert, à plus 4 000 mètres de profondeur dans la zone Clarion-Clipperton.
Noir
Aussi profond, aucun rayon de lumière ne passe, c’est le noir complet. Mais alors, d’où vient cet oxygène ? Les chercheurs n’ont pour l’instant pas trouvé de réponse.
Pistes
Ils ont cependant quelques pistes. La première concerne les nodules polymétalliques, des sortes de gros galets constitués d’un mélange de minéraux qui font saliver les sociétés minières. Ces derniers, à cause de l’électrolyse naturelle due à la rouille des métaux et de l’eau de mer, pourraient produire de l’hydrogène et de l’oxygène.
Hypothèse
Techniquement, cette hypothèse est plausible, car les chercheurs ont confirmé que les nodules produisaient seuls une charge électrique de 0,95 volt.
Franz Geiger
S’ils se combinent, ils peuvent donc en théorie dépasser le seuil d’environ 1,5 volt nécessaire pour l’électrolyse. « Il semble que nous ayons découvert une « géobatterie » naturelle », a déclaré le professeur Franz Geiger de l’Université North-Western.
Nodules
La composition des nodules polymétalliques varie, mais ceux responsables de l’oxygène découvert regorgent de matériaux précieux. Ils « contiennent des métaux tels que le cobalt, le nickel, le cuivre, le lithium et le manganèse, qui sont tous des éléments essentiels utilisés dans les batteries », a ajouté Franz Geiger.
Exploitation
D’où l’attrait d’entreprises minières pour les fonds marins. L’exploitation minière est en vogue. Objet de convoitises, les nouvelles technologies ont fait baisser les coûts de production, si bien qu’il est aujourd’hui possible de généraliser l’exploitation du fond des océans.
Catastrophe
Il s’agirait néanmoins d’une potentielle catastrophe pour la biodiversité marine, dont une grande partie demeure méconnue.
Biologistes
« En 2016 et 2017, des biologistes marins ont visité des sites exploités dans les années 1980 et ont constaté que même les bactéries ne s’étaient pas rétablies dans les zones exploitées », explique Franz Geiger, ajoutant qu’on « ne sait toujours pas pourquoi de telles « zones mortes » persistent pendant des décennies ».
Faune
Cette mise en garde est d’autant plus importante que la faune et la flore des fonds marins est plus riche dans les zones à nodules que dans les forêts tropicales comme l’Amazonie. Exploiter ces fonds marins s’apparente donc à de la déforestation marine, détruisant l’habitat de nombreuses espèces.
Vie
Si cette découverte met en avant les risques liés à l’exploitation du fond des océans, elle rebat également les cartes de l’apparition de la vie.
Terre
Sur Terre, la vie a émergé entre autres à l’aide d’oxygène, « et nous savons que l’approvisionnement en oxygène de la Terre a commencé par les organismes photosynthétiques », note Andrew Sweetman.
Oxygène
Mais si l’oxygène est aussi produit dans les profondeurs de nos océans, n’y a-t-il pas eu d’autres chemins ayant amené à l’apparition de la vie ? Le rôle joué par cet oxygène noir dans l’évolution pourrait être la plus grande question que pose une telle découverte.
Eva Stüeken
Pour Eva Stüeken, biogéochimiste à l’Université de st Andrews, au Royaume-Uni, l’oxygène noir pourrait aussi aider à détecter de potentielles formes de vie extraterrestre.
Gaz
En effet, « la présence de gaz O2 sur d’autres planètes devrait peut-être être interprétée avec une prudence supplémentaire », estime la chercheuse.
Cryptozoologie : de nombreux animaux mystérieux partout dans le monde
Le monstre du loch Ness / Photo d'illustration.
Professionnels comme amateurs l’exercent, cependant, « certains scientifiques sont très opposés à la pratique, car ils trouvent que c’est une pseudoscience », ajoute l’auteur de « à la recherche des animaux mystérieux : idées reçues sur la cryptozoologie ».
Bases
Quoi qu’il en soit, posséder des bases scientifiques (en zoologie, en particulier) solide est fondamental. Pour se lancer dans cette aventure, Éric Buffetaut nous explique qu’il existe plusieurs approches : « les documents sur lesquels s’appuie la cryptozoologie sont très divers ».
Témoignages
On peut citer les témoignages de personnes lambdas : « quelqu’un qui a aperçu un animal étrange pas vraiment identifié au hasard d’une promenade » ; des faits plus concrets : photos et films montrant un animal ; des empreintes de pas ; des traces de poils ou bien encore des restes d’os.
Indices
L’auteur ajoute qu’il y a un « tout un faisceau d’indices qui peuvent servir pour ce genre d’études. » Une pratique que certains qualifient de supercherie, en prenant pour la décrédibiliser l’exemple du monstre du loch Ness : « on en a fait beaucoup de bruit, et c’est embêtant, car ça a pris une ampleur énorme.
Fraudes
« Mais il n’y a rien de concret derrière, on sait qu’il y a des fraudes, des photos truquées, alors qu’il y a eu des explorations extrêmement poussées de ce lac avec des moyens techniques très modernes et qui n’ont absolument rien montré », appuie le paléontologue.
Croire
Et pourtant, « il y a toujours une frange de personnes qui veulent y croire dur comme fer. C’est le désir absolu de croire qu’il y a quelque chose qui l’emporte sur la raison. »
Chercheur
Cet aspect purement mental reste toutefois à prendre en compte pour le chercheur : « ça peut être très intéressant d’un point de vue psychologique, de voir pourquoi certaines personnes croient voir des êtres inconnus à certains endroits dans certaines circonstances. »
Alors que Patterson et Gimlin sillonnaient la forêt à cheval, ils prétendèrent avoir croisé la route d’un hominidé velu à la démarche lourde, capturé à l'aide de leur caméra Super 8. Plusieurs experts crieront au trucage, accusant les deux hommes d’avoir utilisé un costume.
Cryptozoologie
À l’inverse, la cryptozoologie peut s’avérer être une branche de la zoologie très sérieuse, puisqu’au début des années 1900, l’okapi a été découvert grâce à cette pratique notamment : « au départ, il y avait eu des rumeurs au sujet d’un animal curieux qui vivait dans la forêt équatoriale, il y avait des témoignages de Pygmées et d’explorateurs.
Peaux
Puis on a découvert des morceaux de peaux, montrant un animal assez grand et étrange. On a d’abord cru à une forme de zèbre parce que la peau était zébrée, et finalement, on a réussi à avoir des crânes, des peaux entières, et on a vu que c’était plutôt une sorte de parent de la girafe que l’on ne connaissait pas du tout. »
Antilope
Plus récemment, à la fin du XXe siècle ont été observées des choses similaires au Vietnam, avec la découverte des saolas, une espèce d’antilope. Il faut enfin savoir que chaque année, plusieurs milliers d’espèces vivantes jusque-là inconnues sont découvertes, mais très souvent, il s’agit de tous petits animaux comme des insectes ou des escargots.
Éric Buffetaut
Et à l’avenir, Éric Buffetaut en est persuadé : « la cryptozoologie a encore de beaux jours devant elle car il y a tout un public qui trouve cela passionnant, et cela représente une communauté qui n’est pas négligeable. »
Les jardins suspendus de Babylone
Les jardins suspendus de Babylone / Image d'illustration.
Souvent décrits comme l’une des Sept Merveilles du monde antique, les jardins suspendus de Babylone ne cessent de fasciner par leur luxuriance et leur conception auréolée de mystère. L’existence de ces jardins n’a d’ailleurs encore jamais été confirmée historiquement.
Recherches
Des recherches récentes révèlent cependant quelques nouveautés quant à leur emplacement.
Édifices
Édifices auréolés de mystère, les jardins suspendus de Babylone sont considérés comme l’une des Sept Merveilles du monde antique. Cette architecture unique apparaît dans les écrits de plusieurs auteurs grecs et romains s’inspirant de sources disparues.
Bérose
Mais c’est principalement au prêtre babylonien Bérose que l’on devrait l’histoire de la construction de ces jardins par Nabuchodonosor II en 605-562 avant J.-C.
Archéologues
Au début du 20e siècle, après avoir découvert, dans le sud de l’actuel Irak, l’emplacement exact de plusieurs constructions mythiques dont la Tour de Babel, les archéologues se mettent à chercher, en vain, celui des jardins suspendus de Babylone.
Historiens
Selon les historiens contemporains, ces archéologues auraient, pour la plupart, cherché à localiser l’emplacement potentiel des jardins à l’intérieur de Babylone, tandis que d’autres les situaient plutôt dans la ville de Ninive, au nord de la Mésopotamie.
Existence
Nombreux furent encore ceux qui remettaient en cause l’existence d’un tel monument. Qu’en est-il pour les archéologues de notre ère ?
Traduction
Selon la traduction d’inscriptions anciennes, la construction des jardins suspendus de Babylone serait attribuée au roi Nabuchodonosor II en hommage à son épouse Amytis de Médie.
Contrée
Originaire d’une contrée montagneuse (le Nord-Ouest de l’actuel Iran), celle-ci aurait en effet eu le mal du pays, Babylone n’offrant guère de reliefs ni de paysages verdoyants.
Nabuchodonosor II
Nabuchodonosor II aurait alors édifié des jardins d’une ampleur colossale et d’une luxuriance presque indécente. Bien que les descriptions varient, certaines caractéristiques attribuées à ces jardins légendaires reviennent fréquemment.
Terrasses
Parmi elles : Des structure en terrasses : jardins conçus sur plusieurs niveaux de terrasses soutenues par des murs massifs et élevées les unes au-dessus des autres.
Irrigation
Un système d’irrigation avancé : pour maintenir la verdure luxuriante du climat aride de Babylone, des pompes, des roues à eau ou encore des vis sans fin auraient pu être utilisées pour acheminer l’eau du fleuve Euphrate aux niveaux les plus hauts des jardins.
Plantes
Une grande diversité de plantes : arbres et fleurs exotiques (palmiers, buissons fleuris, plantes grimpantes, etc.). Plusieurs colonnes et voûtes : terrasses supportées par des colonnes robustes et souvent ornées de voûtes, de sorte à allier fonctionnalité, robustesse et esthétisme.
Statues
Une multitude de statues et autres décorations : sculptures, gravures, statues et éléments décoratifs en pierre ou en métal précieux (représentations de divinités, d’animaux ou de scènes de la mythologie mésopotamienne).
Représentation des jardins suspendus de Babylone, Athanasius Kircher (1726).
Pavillons
De nombreux pavillons : allées bordées de plantes et de fleurs parfumées connectant plusieurs pavillons. Si les écrits anciens attestent de l’existence des jardins suspendus de Babylone, en revanche, les archéologues de tout temps ne sont encore jamais parvenus à trouver une seule ruine de ce monument aussi mystérieux qu’emblématique.
Jardins
Nabuchodonosor lui-même n’aurait évoqué ces jardins dans aucune de ses inscriptions de fondation destinées à commémorer ses chantiers.
Récits
Selon les historiens modernes, cette superposition de jardins telle qu’elle est décrite dans les récits anciens serait structurellement impossible.
Confusion
Autre confusion : toutes les sources faisant allusion aux jardins suspendus datent du quatrième siècle avant J.-C. Face au manque de preuves écrites, géographiques et archéologiques, certains experts d’édifices anciens émettent alors l’hypothèse que les jardins suspendus ne se trouvent peut-être pas à Babylone.
Diodore
D’ailleurs, il n’est pas rare d’observer que les sources gréco-romaines mentionnant la deuxième merveille du monde confondent l’Assyrie et la Babylonie. L’historien grec Diodore (1er siècle avant J.-C.) localisait ainsi la ville de Ninive près de l’Euphrate alors qu’elle se situait sur les rives du Tigre.
Ornements
Celui-ci prenait également un soin tout particulier à décrire les ornements figurant sur les murs de Babylone et représentant la reine Sémiramis et le roi Ninus chassant plusieurs animaux sauvages.
Décor
Un décor qui ne fut jamais retrouvé à Babylone, mais qui correspondait étrangement aux reliefs néo-assyriens représentant des scènes de chasse sur les murs du palais de Ninive. Doit-on en conclure que les jardins suspendus ont bel et bien existé, se trouvant non pas à Babylone mais à Ninive ?
Stephanie Dalley
C’est en tout cas l’hypothèse de Stephanie Dalley, assyriologue à l’Université d’Oxford et spécialiste du Proche-Orient antique. La chercheuse britannique a en effet suggéré, après une récente enquête, que les jardins suspendus n’auraient pas été commandés par Nabuchodonosor II, mais par Sennachérib, roi d’Assyrie de 705 à 681 avant J.-C., et érigés à Ninive.
Roi
Ses recherches s’appuient sur les annales du règne de ce roi assyrien, faisant l’éloge de l’imposant monument de son invention : "Les alentours du palais sont érigés en hauteur pour que tous les peuples puissent admirer cette merveille. Un jardin suspendu, comparable aux monts Amanus, où poussent tout genre de plantes aromatiques".
Un atlas révèle la présence de cercles de fées aux quatre coins du monde
Cercle de fées, désert du Namib.
Depuis des années, nous pensions que les « cercles de fées » se trouvaient seulement dans deux pays, à savoir l’Australie et la Namibie. Toutefois, une étude récente a dévoilé un atlas vidéo révélant que ce mystérieux phénomène a une ampleur beaucoup plus importante.
Cercles
Tout d’abord, il est essentiel de rappeler ce que sont les cercles de fées. Il s’agit de petites zones circulaires dans des prairies sèches naturelles. Dépourvues de végétation, elles prennent donc la forme d’un cercle, mais aussi parfois de polygone.
Mesurent
Généralement, les cercles de fées mesurent entre deux à douze mètres de diamètre et se caractérisent par un sol nu entouré de hautes herbes d’une atteignant 50 cm en moyenne, alors qu’elles ont habituellement une hauteur de 20 cm en moyenne.
Eau
Par ailleurs, à partir de 50 cm sous le sol des cercles, on note la présence plus importante d’eau. Cela est tout à fait paradoxal puisqu’en surface, le sol des cercles ne contient aucune végétation. Or, cette eau est quasi inexistante à la même profondeur hors des cercles.
Vie
Également, il faut savoir que les cercles de fées peuvent se développer, régresser, voire disparaître. Leur durée de vie est d’une quarantaine d’années en moyenne, mais certaines ont une longévité dépassant les soixante-dix ans.
Vue aérienne de cercles de fées dans le parc national Namib-Naukluft dans l'ouest de la Namibie, en Afrique.
Mystère
Véritable mystère biologique, les cercles de fées intriguent depuis longtemps la communauté scientifique. Une découverte récente montre par ailleurs que l’on ne sait pas encore tout à leur sujet. Jusqu’à présent, leur présence avait, en effet, été détectée dans seulement deux pays, à savoir l’Australie et la Namibie.
Étude
Pourtant, les chercheurs d’une étude espagnole publiée dans la revue PNAS le 25 septembre 2023 affirment que le phénomène est beaucoup plus important.
Emilio Guirado
« Nous avons mené une évaluation globale et systématique des modèles de végétation ressemblant à des cercles de fées et nous avons découvert des centaines d’emplacements similaires à ces modèles sur trois continents », a déclaré Emilio Guirado, scientifique environnemental à l’Université d’Alicante (Espagne), dans un article publié par The Independent.
IA
Les chercheurs ont utilisé une intelligence artificielle pour cartographier pas moins de 263 sites répartis aux quatre coins du monde.
Résultats
Selon les résultats, les cercles de fées sont présents dans une quinzaine de pays. Outre la Namibie et l’Australie, on retrouve ces formations au niveau de la Corne de l’Afrique, dans le Sahel, à Madagascar ou encore en Asie du Sud-Ouest.
Date de dernière mise à jour : 26/07/2024