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En Russie une personne disparaît toutes les demi-heures

2000002982373Des bénévoles de l’organisation sont à la recherche d’une personne disparue, le 18 septembre 2017, dans le village de Borodino, en Russie.

Des membres de la famille viennent signaler la disparition de quelque 200 000 personnes par an. La police est épaulée dans cette délicate mission par un service spécial.

Dima

Le petit Dima, quatre ans, a disparu le 10 juin 2022 dans la région de Ekaterinbourg (Oural). Il était allé à la pêche avec son père non loin de la tente où était restée sa mère.

Père

Le père a envoyé son fils rejoindre sa maman, mais le petit garçon n’y est jamais arrivé.

Cherché

Dima a été cherché pendant quatre jours par la police, les hommes du ministère des Situations d’urgence et des volontaires de l’ONG Lisa Alerte.

Retrouvé

Le petit garçon a été retrouvé au bout de cinq jours : il était épuisé, victime d’hypothermie et piqué par les tiques, mais il était en vie.

Histoire

Cette histoire a connu une fin heureuse l’opération de recherche a été effectuée par les tous services en commun. Malheureusement, il est très rare que les services appropriés et les volontaires agissent de concert. Le plus souvent, ce sont les volontaires qui cherchent et trouvent les personnes disparues.

2000002982373Personnes et enfants disparues.

Structures

Les structures publiques qui s’occupent des recherches n’existent pas en Russie. Les personnes disparues dans les villes doivent être cherchées par la police, mais celle-ci manque de ressources.

Nature

Dans la nature, ce sont souvent des équipes de secours du ministère des Situations d’urgence qui s’occupent du problème. Elles se montrent très réticentes, car, selon la législation, la disparition d’une personne n’est pas une situation d’urgence.

Lisa Alerte

L’unique structure spécialisée dans la recherche de personnes disparues qui réagit rapidement aux demandes d’aide est l’équipe de volontaires Lisa Alerte qui a fait son apparition en Russie en 2010. Cette année-là, Lisa Fomkina, cinq ans, a disparu dans la forêt avec sa tante à une centaine de kilomètres de Moscou.

Fillette

La fillette a disparu le jour où Moscou célébrait sa fête annuelle, la Journée de la ville. Toutes les forces de police avaient été mobilisées pour les festivités et presque personne n’a cherché la fillette pendant cinq jours. 

Recherches

Les recherches ont débuté quand l’information a filtré sur Internet. Des volontaires sont arrivés sur les lieux. 

Volontaires

Nombreux étaient ceux qui ne savaient pas comment chercher dans la forêt. Néanmoins, environ 300 volontaires ont pris part à l’opération. 

Mortes

Lisa et sa tante ont été retrouvées mortes. La fillette est morte le neuvième jour. Il n’aurait fallu qu’un seul jour aux sauveteurs pour la retrouver en vie.

Grigori Sergueïev

Le créateur de l’équipe de Lisa Alerte, Grigori Sergueïev, qui a participé à l’opération en qualité de volontaire, a indiqué qu’avant le drame de Lisa, il ne réalisait pas l’ampleur du problème.

Services

Comme beaucoup d’autres, il pensait que les services publics cherchaient les personnes disparues. « Je croyais que si quelqu’un se perdait, on partait tout de suite à sa recherche.

Tragédie

Il s’est avéré qu’il n’en était rien », a-t-il expliqué. Après cette tragédie, il est devenu évident que le pays avait besoin d’une structure pour unir les volontaires. Tels furent les débuts de Lisa Alerte.

2000002982373Personnes et enfants disparues.

Comment cela fonctionne ?

Au premier trimestre 2017, le service Lisa Alerte a été saisi de 1 317 demandes de recherche de personnes disparues. Des équipes existent dans nombre de villes de Russie et les volontaires engagent des recherches régulièrement. Nous avons contacté Vladimir Riabov, représentant régional de Lisa Alerte, pour savoir comment se déroule une opération de recherche dans la région de Samara (un millier de kilomètres au sud-est de Moscou).

Si quelqu’un venait de se perdre ?

Nous parlons dans un véhicule bourré de matériels spéciaux et nous sommes interrompus régulièrement. Vladimir se doit de répondre : et si quelqu’un venait de se perdre ?

Parfois, il croise des personnes dont le visage lui semble familier. Il plonge dans son portable et compare les passants aux personnes disparues.

L’équipe déploie une large activité dans la région de Samara depuis 2014. Elle n’a pas de bureau, mais elle travaille via Internet. Le grand principe de Lisa Alerte est de réagir immédiatement à une demande : l’équipe peut arriver sur les lieux le jour de la disparition. 

L’autre grand principe est de n’accepter aucune aide financière. Les dons ne peuvent être faits que sous-forme d’équipements pour les recherches.

Et d’autres matériels indispensables, à commencer par des lampes de poche, des portables et des boussoles et jusqu’au papier et au scotch, sans oublier les moyens de transport et l’essence. 

« Nous ne voulons surtout pas passer pour des gens qui s’enrichissent au profit de personnes disparues », soulignent les volontaires.

L’organisation compte une quarantaine de volontaires actifs, ceux qui sont prêts à partir à tout moment et à sacrifier leur temps et les intérêts de leur famille. Ils sont tous de professions et d’âges différents, des retraités aux étudiants, des astrophysiciens aux enseignants.

« Nous ne travaillons que sur demandes remises à la police. L’année dernière, nous en avons eu 390, poursuit Vladimir. »

Nous avons conclu un accord de coopération informationnelle avec la police et la permanence du ministère des Situations d’urgence. Quand ils ont besoin de notre aide, ils nous contactent et nous fournissent les informations nécessaires ».

Étant donné qu’il n’y a ni dans la région de Samara, ni dans toute la Russie de service spécial de recherche des personnes disparues, l’équipe se joint toujours aux opérations importantes.

Si une personne disparaît en ville, les volontaires viennent sur place et collent des avis de recherche avec le signalement un peu partout. Ils questionnent les passants dans les rues et communiquent des informations sur Internet. Une opération prend en moyenne trois jours.

Comment retrouver des traces dans la forêt ?

Si une personne disparaît dans la forêt, la tactique n’est plus la même. La famille est questionnée sur les éventuels itinéraires de la victime, sur ses déclarations avant son départ, sur son état de santé et sur sa réaction en cas de stress.

Les volontaires se divisent ensuite en petits groupes et inspectent le territoire. Ils doivent souvent faire preuve de débrouillardise et être prêts à des revers inattendus.

« Une fois, nous avons retrouvé une personne d’après les champignons », fait remarquer Vladimir. Un homme âgé est parti cueillir des champignons et a disparu. 

Nous avons demandé à sa famille où il allait d’habitude, mais nous ne l’avons pas trouvé dans cette forêt. On nous a alors précisé les champignons qu’il était allé cueillir. Quand nous avons appris qu’il s’agissait de cèpes, nous avons questionné les amateurs de champignons. 

Ces derniers nous ont dirigés dans une autre forêt, située à une trentaine de kilomètres. C’est ici que nous avons retrouvé l’homme.

Le plus difficile est de chercher des enfants. Les adolescents font des fugues, les petits s’évadent de l’école et de jardins d’enfants. Selon les statistiques, les enfants sont moins nombreux à disparaître, mais ce sont eux que l’on cherche en premier. 

Pour les enfants de moins de 12 ans, la disparition est toujours jugée inquiétante, note Vladimir. Même si l’équipe participe à une opération de recherche, elle est redirigée vers le secteur de la disparition d’un enfant. Ça finit mal plus souvent pour les petits.

2000002982373Un bénévoles de l’organisation.

Qui peut aider ?

Dans la région de Samara, les volontaires ne peuvent pratiquement pas compter sur l’aide des structures publiques.

Ils apprécient d’autant plus toute aide qui leur est accordée. Ainsi, le Centre de médecine des catastrophes auprès du département régional du ministère de la Santé a organisé récemment des cours d’aide d’urgence aux victimes pour les volontaires de Lisa Alerte.

Mais l’aide principale est octroyée par le monde des affaires. Les opérateurs de téléphonie mobile BeeLine et MegaFon garantissent des communications gratuites aux volontaires.

La compagnie aérienne UTair leur délivre gratuitement des billets quand une équipe est transférée pour des recherches dans une autre région. Les parents des personnes retrouvées expriment également leur reconnaissance en offrant des équipements.

Les volontaires de Lisa Alerte rêvent qu’un jour la Russie disposera d’un système unique de recherche des personnes disparues, d’un centre regroupant les volontaires, les structures publiques et le secteur commercial.

Et pendant que ces idées sont examinées et élaborées, les volontaires continuent de chercher les personnes disparues. En effet, qui va les chercher sinon eux.


Disparus au Mexique : ils étaient menacés

2000002982373La famille avait lancé un avis de recherche sur les réseaux. © Crédit photo : Facebook.

Michel Amado et sa femme Assya Madjour, un couple originaire du Pays basque, sont portés disparus au Mexique. Leurs proches, mobilisés, ne croient pas à la thèse d’une disparition en vacances.

Mariés

Michel Amado, 57 ans, et Assya Madjour se sont mariés le 21 août 2022 à Playa del Carmen pour le meilleur, et pour le pire. Car cinq jours après l’heureux événement, le couple n’a plus donné de nouvelles. 

Signe

Ni signe de vie à leurs amis, avec qui ils étaient très connectés, même au Pays basque. C’est horrible, confie une amie proche. C’était un couple lumineux, beau, passionnel, extraordinaire ! On espère qu’on les retrouvera, mais on craint le pire, car on connaît le contexte abrasif du Mexique.

Couple

Identifiant les deux disparus comme un couple de Basques qui se trouvait dans « un centre spirituel » à San Cristobal de las Casas, l’une des principales destinations touristiques du Mexique. 

Mexique

L’homme âgé de 57 ans est installé depuis plusieurs années au Mexique, où il possède des appartements et un hôtel.

Aide

La sœur de la femme « a demandé de l’aide dans un groupe (sur internet) de tourisme au Chiapas pour retrouver sa trace »,nous (les) recherchons désespérément. 

Nouvelles 

Nous sommes sans nouvelles d’eux. Ils sont au Chiapas, probablement autour de San Cristobal de las Casas. Tout détail peut nous aider », a ajouté le journal en citant son message.

Disparues 

Plus de 106 000 personnes ont disparu ou sont portées disparues au Mexique depuis 1964, selon le registre national des personnes disparues. 

Disparitions

La plupart de ces disparitions ont été enregistrées depuis 2006, date du lancement d’une opération militaire anti-drogue qui a fait 340 000 morts, et la plupart ont été attribuées à des organisations criminelles.

Corps 

Deux corps sans vie retrouvés dans une auberge de Valladolid, dans la province du Yucatán, seraient ceux de Michel Amado et son épouse Assya Madjour, portés disparus au Mexique depuis un mois.


L'affaire Dominici

2000002982373Gaston Dominici - AFP.

En août 1952, une famille anglaise, les Drummond, est assassinées en Provence. Ce triple meurtre marque le début de ce qui est devenu dans la mémoire collective, l'affaire Dominici. Voici les temps forts de ce mystérieux fait divers.

Vacanciers

Nuit du 4 au 5 août 1952, Sir Jack Drummond, Lady Ann son épouse et Elisabeth leur fillette, vacanciers britanniques, campent en bordure de la nationale Marseille-Sisteron, sur le territoire de la Commune de Lurs (Alpes-de-Haute-Provence).

Assassinés

Au cours de la nuit, ils sont assassinés : Jack et Ann Drummond sont tués par balle ; leur fillette massacrée à coups de crosse de fusil.

Corps

Leurs corps sont retrouvés le 5 août 1952 à quelques mètres de la ferme Grand'Terre, où vivent Gaston Dominici et son épouse Marie, leur fils Gustave et leur belle-fille Yvette. 

Enquête

L'enquête conduite par les commissaires Edmond Sébeille, Fernand Constant, et Georges Hartzig s'avère difficile à mener, en raison du mutisme des habitants et du clan Dominici, de témoignages farfelus, et de vaines pistes.

Gustave Dominici

Il avoue avoir vu la petite Elisabeth vivante le matin du 5 août 1952, suite au témoignage de Paul Maillet, son ami d'enfance. Inculpé de non-assistance à personne et écroué à Dignes, il est condamné à deux mois de prison.

Sortie

À sa sortie de prison, le 15 décembre 1952, Gustave Dominici n'apporte aucun élément nouveau, susceptible de faire avancer l'enquête.

Enquête

Mais après 15 mois d'enquête, l'affaire prend un autre tournant, lorsque Gustave Dominici déclare, lors de son interrogatoire du 13 novembre 1953 que le triple crime a été commis par son père et précise que son frère Clovis est également au courant. Ce dernier confirme le jour même les propos de son frère.

Tué

Le 14 novembre 1953, Gaston Dominici avoue avoir tué les Drummond; il reviendra sur ses aveux un mois plus tard.

2000002982373La reconstitution du crime.

Reconstitution

Le 16 novembre 1953, le juge Roger Périès, procède à la reconstitution du crime puis inculpe Gaston Dominici du triple meurtre de Lurs.

Auditions

Au cours du mois de décembre 1953, lors de ces trois auditions Gustave Dominici maintient ses accusations contre son père en variant les circonstances au cours desquelles il a recueilli ses confidences.

Nie

Le 30 décembre 1953, Gaston Dominici nie une nouvelle fois, être l'auteur du crime. Le juge Périès le confronte à ses fils. Gustave se rétracte, et retire les accusations portées contre son père ; Clovis maintient les siennes. 

Entendu 

Entendu une seconde fois sans son père, Gustave réitère les accusations contre son père. Le 4 février 1954, il déclare avoir accusé à tort Gaston, par lassitude, face aux policiers. 

Juge

Mais le 23 février 1954, devant le juge, il change une nouvelle fois de position et accuse de nouveau son père. Le 25 février 1954, Gustave Dominici se rétracte de nouveau et déclare au juge Périès avoir accusé à tort son père sous la pression des policiers.

Instuction

Du 17 au 28 novembre 1954, à l'issue de l'instruction du juge Périès, Gaston Dominici, accusé du triple meurtre de Lurs, est renvoyé devant la cour d'assises des Basses-Alpes. 

Procès

Le procès se tient au Tribunal de Digne, Marcel Bousquet est le Président du Tribunal, Louis Sabatier le Procureur de la République, Calixte Rozan l'Avocat général et les avocats de Gaston Dominici sont Maître Emile Pollack, Maître Charrier, et Maître Léon Charles-Alfred. 

Verdict

Le 28 novembre 1954, le verdict est rendu : Gaston Dominici, reconnu coupable du triple meurtre, est condamné à mort et incarcéré à la prison de Digne.

Transféré

Le 2 décembre 1954, il est transféré à la prison des Baumettes à Marseille.

2000002982373Le crime s'est déroulé en bordure de la route nationale, entre Peyruis, et Lurs.

Ordonnance 

Le 13 novembre 1956 le juge Carrias, sans preuve tangible, rend une ordonnance de non-lieu, clôturant la seconde instruction ouverte le 25 février 1955, à la suite de révélations de Gaston Dominici.

Commissaires

Les commissaires Chenevier et Gillard, qui dirigent cette seconde enquête, considèrent que Gaston Dominici n'est coupable que du meurtre d'Elisabeth mais que le patriarche s'est accusé pour protéger son fils Gustave et son petit-fils Roger Perrin, véritables responsables du massacre de Lurs.

Preuves

Cependant, s'ils parviennent à préciser certains points, ils ne peuvent produire ni preuves, ni obtenir de véritables aveux.

René Coty

Le 3 août 1957 le président René Coty commue la condamnation à mort de Gaston Dominici en travaux forcés à perpétuité, elle-même transformée en prison à vie, en raison de son âge : 80 ans.

Charles de Gaulle

Le 13 juillet 1960 le président de la République Charles de Gaulle gracie Gaston Dominici, le plus ancien des prisonniers ; il quitte la prison des Baumettes, le 14 juillet 1960 au matin. 

Assigné

Après une nuit chez une de ses filles à Saint-Tulle, près de Manosque, et un passage à Grand'Terre, il s'installe chez sa fille Clotilde à Montfort ; il y est assigné à résidence dès le mois d'août 1960. 

Ferme

Gaston Dominici vend sa ferme Grand'Terre pour payer les frais de justice. En 1962, il entre à l'hospice de Digne.

Décès

Le 4 avril 1965 Gaston Dominici décède, à l'âge de 88 ans, à l'hôpital-hospice de Digne. Les obsèques ont lieu, le 5 avril 1965, à Peyrius, le lieu de résidence de son fils Gustave, en présence de deux cents personnes.


États-Unis : un étudiant aurait tué sa mère pour toucher un héritage de 11 millions de dollars

2000002982373Le meurtrier présumé risque la réclusion criminelle à perpétuité (Photo : Getty Images).

Âgé de 25 ans, le suspect a plaidé coupable à l'ouverture de son procès, il y a quelques jours à New York. Dans son délire meurtrier, il a laissé de nombreux indices qui ont facilité la tâche des policiers. 

Homme

Un homme âgé de 25 ans, étudiant à New York (États-Unis), est accusé d'avoir tué sa mère âgée de 65 ans en 2019, puis d'avoir tenté de faire disparaître le corps avec la complicité de deux amie. Le tout dans le but de toucher un important héritage estimé à 11 millions de dollars (environ 11,1 millions d'euros).

New York Post

Comme l'explique le New York Post, les faits se seraient produits le 31 janvier 2019 dans l'appartement où vivaient la mère et son fils.

Dispute

Au cours d'une dispute, ce dernier aurait violemment frappé sa génitrice sur la tête et lui aurait tranché la gorge. Il aurait ensuite tenté de nettoyer l'appartement avec sa petite amie âgée de 18 ans, puis de faire disparaître le corps.

Cadavre

Il aurait ainsi déplacé le cadavre de sa mère jusqu'à un appartement situé dans le New Jersey, en utilisant le véhicule de cette dernière !

Poubelle

Il se serait cependant contenté de le mettre dans une poubelle, avec l'aide d'une autre complice. Dans les jours suivants, le fils indigne aurait accédé aux comptes bancaires de sa victime.

Contacté

Il aurait contacté des avocats spécialisés dans les questions de succession, afin de savoir comment il pouvait toucher au plus vite les 11 millions de dollars d'héritage provenant de la fortune de sa mère.

2000002982373Jared Eng, a plaidé coupable du meurtre de sa mère, Paula Chin.

Police

La police n'a cependant pas mis longtemps à remonter la piste menant au meurtrier présumé. Le 5 février 2019, soit une semaine après le meurtre, les forces de l'ordre retrouvaient ainsi le cadavre en décomposition dans la poubelle de l'appartement du New Jersey. 

Preuves

D'autres preuves accablantes, parmi lesquelles des gants en latex maculés de sang, ont par ailleurs été découverts sur les lieux du crime.

Historique

En fouillant dans l'historique internet du suspect, les policiers ont également découvert qu'il avait effectué plusieurs recherches pour savoir comment se débarrasser d'un corps ! 

Coupable

Tous ces éléments ont évidemment conduit à la mise en examen du jeune homme, qui a plaidé coupable, risque une peine allant de 18 ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité.


Affaire Troadec : un mystérieux trésor au coeur du quadruple meurtre ?

2000002982373La famille Troadec.

Hubert Caouissin a avoué avoir tué quatre membres de la famille Troadec dans la nuit du 16 au 17 février 2017 à Orvault, près de Nantes. À l'origine de ce quadruple meurtre un mystérieux trésor. L'affaire Troadec, c'est l'histoire sordide d'un quadruple meurtre survenu en 2017 dans la région de Nantes. 

Hubert Caouissin

Hubert Caouissin, le beau-frère de Pascal Troadec est accusé d'avoir tué quatre membres de la famille Troadec : les deux parents Pascal et Brigitte, et leurs enfants Charlotte, et Sébastien, dans la nuit du 16 au 17 février 2017 à Orvault.

Procès

Alors que le procès de l'accusé Hubert Caouissin s'ouvrait mardi 22 juin 2021, des zones d'ombres persistent au tableau, dont notamment la disparition de l'arme du crime, mais aussi et surtout le mobile qui aurait motivé le passage à l'acte : un mystérieux trésor qui n'a jamais été retrouvé.

Histoire 

L'histoire commence tout bêtement lors d'un repas de famille. Pierre Troadec laisse entendre à sa famille qu'il aurait en sa possession un véritable trésor.

Or

50 kilos d'or, retrouvés dans sa maison de Brest dans laquelle il a entrepris des travaux. Hubert Caouissin, qui a reconnu avoir tué les Troadec, est alors le compagnon de la sœur du père de famille. Il est présent au repas, et l'anecdote dorée n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd.

Avocat

Pire, selon les propos de son avocat qui estime qu'il souffrait "d'une abolition partielle du discernement au moment des faits.Tout ça va macérer dans la tête d’Hubert Caouissin et il va se construire ce délire interprétatif". 

Persuadés

Les Caouissin se seraient persuadés que le patriarche aurait légué le secret du trésor à son fils pascal Troadec, qui le détiendrait désormais, sans intention de le partager.

Espionner

Le soir du 16 février 2017, Pascal Troadec aurait surpris Hubert Caouissin en train d'espionner la famille depuis une fenêtre extérieure à l’aide d’un stéthoscope collé aux volets.

Déclarations

L’accusé serait d'après ses déclarations, saisi du pied-de-biche dont le menaçait le père de famille, et aurait tué toute la famille dans un coup de folie.

Invraisemblable

Le mystérieux trésor existe-t-il ? si l'histoire parait invraisemblable, elle mérite qu'on s'y attarde, et notamment ce fameux trésor qui n'a jamais été retrouvé.

Cherché

Et ce n'est pas faute de l'avoir cherché. Monaco, Andorre, Perpignan, les enquêteurs n'ont pas réussi à mettre la main sur l'ombre d'un lingot après 18 mois d'enquêtes. Alors simple délire, fantasme ou réalité, ce trésor a-t-il pu exister ?

Secret

Si rien ne prouve que Pascal Troadec, le fils de Pierre qui lui aurait délivré le secret, était bel et bien en possession des fameux lingots d'or, il est vrai que plusieurs éléments donnent à penser que le trésor existe. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, puisqu'il daterait... de la Seconde Guerre mondiale !

Allemands

L'arrivée des Allemands en 1940 pousse le ministre des Finances de l'époque, Lucien Lamoureux, à évacuer en urgence l'or de la Banque de France vers l'étranger, pour éviter qu'ils s'en saisissent. 

Lingots

Les lingots et les pièces d'or auraient ainsi été acheminés jusqu'à Brest en train puis vers le Canada par bateau. Mais voilà que l'on apprend qu'un paquet contenant 50 kilos, tombé à l'eau au moment du chargement, n'aurait jamais été officiellement retrouvé.

Piste

Sur la piste des lingots d'or de la Banque de France, une habitante du Finistère interrogée par Le Télégramme à la suite du drame à Orvault, a confirmé l'existence de l'or.

Déclarations

D'après ses déclarations au journal, son père aurait plongé dans le port de Brest avec trois amis en juin 1940, et aurait découvert la caisse d'or.

Conservée

Il l'aurait ensuite conservée, pour ne pas qu'elle tombe aux mains des Allemands, avant de la dissimuler dans un immeuble abandonné du quartier brestois de Recouvrance. Quartier où se trouve justement la maison dans laquelle Pierre Troadec aurait effectué les travaux. Alors, extrapolation ou coïncidence ?


Disparus de l'Isère : histoire d'un dossier perdu oublié et enfin rouvert

2000002982373Les enfants disparus de l'Isère.

La chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Grenoble a rendu sa décision : elle rouvre le fameux dossier des enfants disparus de l'Isère.

Dossier

Le dossier des enfants disparus dans l'Isère va être rouvert : la chambre d'instruction de la Cour d'appel de Grenoble a rendu sa décision mardi 23 juin, après que les avocats des familles ont fait appel de décisions de non-lieu.

Juges 

Deux juges d'instruction vont donc relancer les enquêtes sur les disparitions de Charazed Bendouiou, 10 ans, disparue à Bourgoin-Jallieu en 1987, et Ludovic Janvier, 6 ans, disparu à Saint-Martin-d'Hères en 1983.

Grégory Dubrulle

Ils vont aussi tenter d'élucider enfin l'enlèvement de Grégory Dubrulle, survenu à Grenoble en 1983 alors qu'il avait 7 ans. Violé et laissé pour mort sur une décharge publique, il a aujourd'hui 38 ans et veut comprendre.

Terrains

Les terrains vagues autour de la rue Adrien-Ricard à Grenoble ont disparu. Un tribunal et des logements ont poussé à la place. Mais la barre d'immeuble, où vivait Grégory Dubrulle, n'a pas bougé. 

Appartement

Il montre les fenêtres de l'appartement où il a grandi, au 2e étage. Et la marche du hall 4, celle sur laquelle il était assis, torse-nu et short bleu, quand un homme en voiture lui a demandé comment sortir de ce chemin. 

Grégory

C'était le 9 juillet 1983, Grégory avait 8 ans. Il s'est retrouvé au pied du siège passager, il pleurait. Il voit encore, trente ans plus tard, le petit joueur de foot qui pendait au rétro, les jambes de son ravisseur qui portait un short. Puis plus rien, "le trou noir".

Familles

Mais pour lui comme pour les familles des trois autres garçons et cinq filles volatilisés ou assassinés dans la région entre 1980 et 1996, le mystère reste entier. 

Affaire

C'est l'affaire des "disparus de l'Isère". Des cold cases, des dossiers anciens jamais résolus, tous frappés d'un non-lieu deux à trois ans après les faits. La justice les a oubliés, jusqu'à les condamner parfois au silence définitif en détruisant des scellés.

Souffrances

Si vingt ou trente ans ont passé, les familles de ces enfants disparus ou tués vivent toujours au présent ces souffrances d'hier, des drames qui ne passent pas.

Meurtres

Elles entendent parler des meurtres de l'A6, des disparues de la gare de Perpignan. Des affaires qui, près de vingt ans après les crimes, aboutissent à l'interpellation de suspects, confondus grâce à l'évolution des méthodes de la police scientifique.

Presse

Elles lisent dans la presse que policiers et gendarmes ont été invités par leur hiérarchie à étudier tous les dossiers dormants à la lueur des nouvelles techniques.

Mots

"Mais tout ça, ce ne sont que des mots", enrage Férouze Bendouiou, dont la sœur a disparu le mercredi 8 juillet 1987 à Bourgoin-Jallieu. Charazed avait 10 ans. Elle a descendu une poubelle, elle est allée jouer, et personne ne l'a revue. En 1989, la justice a prononcé un non-lieu. Férouze n'a jamais lâché.

Survivant 

Grégory Dubrulle est un survivant. j'ai un truc cassé au fond de moi, et de la haine. Je vois de grands hommes pris la main dans le sac, à qui il n'arrive rien. Et nous, qui avons été victimes du pire, on ne nous regarde même pas. S'il y a une justice, je voudrais savoir pour qui ?"

Grégory Dubrulle

Grégory Dubrulle est revenu à lui le 10 juillet 1983 à 26 kilomètres de son domicile, sur un tas de déchets où son agresseur l'avait laissé pour mort, étranglé et le crâne fracturé. Il se souvient : j'avais comme de la gelée dans les cheveux, des mouches tournaient autour de ma tête."

Rampé

L'enfant a rampé jusqu'à une petite route en terre, où un automobiliste l'a secouru. Il a été entendu quatre, cinq fois dans les mois qui ont suivi les faits. Puis plus rien. Virginie et Jérôme Janvier n'ont plus jamais eu de nouvelles de leur frère Ludovic, 6 ans, depuis le 17 mars 1983, date de sa disparition à Saint-Martin-d'Hères.

Cigarettes

Il était parti acheter des cigarettes pour son père, avec Jérôme et leur plus jeune frère. Sur le chemin du retour, ils ont croisé la route d'un homme en bleu de travail, avec un casque sur la tête. Jérôme raconte.

Chien

Il nous a dit avoir perdu son chien-loup. Que si nous l'aidions à le retrouver, il nous achèterait des bonbons. Il nous a envoyés, mon petit frère et moi, dans une direction. Et il a embarqué Ludovic par la main dans l'autre sens."

Enquêteurs

Les enquêteurs ont suivi une fausse piste, puis abandonné. "Ils sont allés chercher notre père sur son lieu de travail, pour l'attacher à un radiateur et lui taper dessus avec des bottins, pensant qu'il avait vendu son fils", s'indignent Virginie et Jérôme. Le nom de Ludovic est tatoué sur le bras de sa mère, qui survit, achète fleurs et gâteau chaque année pour l'anniversaire de son fils disparu. 

Mort 

Le père Janvier "est mort de chagrin en 2007". Les frères et sœurs de Ludovic font la liste des questions laissées sans réponse par une justice qu'ils disent "sourde".

Disparitions

Et si ces disparitions avaient des points communs ? Les avocats Didier Seban et Corinne Herrmann ont harcelé la justice pour qu'elle daigne sortir ces affaires de l'oubli, et procède au rapprochement de ces dossiers, dont les victimes, toutes issues de milieux plutôt défavorisés, ont disparu dans la même zone géographique.

Cellule

La cellule Mineurs 38 a été mise en place pour croiser dix affaires. Douze gendarmes devaient reprendre les procédures à zéro. C'était une première en France, un grand espoir pour les familles. Mais Férouze n'a vu ni juge ni enquêteur." Pas même un coup de fil, rien. Veut-on me faire croire que ma sœur n'a même jamais existé ? C'est ce que je finis par me demander..."

Disparues

Les avocats Seban et Herrmann eux-mêmes n'en reviennent pas. Ils ont pourtant de l'expérience. Ils ont défendu les familles des disparues de l'Yonne.

Conseils

Ils sont aussi les conseils des mères dans les "meurtres de l'A6", et des parents de plusieurs jeunes femmes tuées dans la Somme. Aujourd'hui, ils représentent six familles dans l'affaire des disparus de l'Isère : nous n'avons jamais connu ailleurs un tel niveau de mépris social à l'égard des familles."

Parcours 

Depuis 2008, cette aventure judiciaire ressemble à un triste parcours du combattant. Dossiers égarés, scellés détruits, calculs de prescriptions inexacts, les obstacles ont été nombreux. "Il existe une réelle dichotomie en France : les discours politiques promettent qu'on ne laissera pas un assassin courir les rues, et la réalité permet précisément le contraire", dénonce Didier Seban.

Michèle Alliot-Marie

En 2010, la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, avait même lancé une enquête de l'IGSJ (Inspection générale des services judiciaires) concernant la disparition, voire la destruction, d'ossements découverts en février 1985 dans une grotte du Vercors à côté de Grenoble. Restes d'enfant, dont les parties civiles demandaient qu'ils soient comparés aux ADN des victimes.

Ludovic Janvier

Et notamment à celui de Ludovic Janvier, disparu à 6 ans. En 2011, la procureure générale alors en poste dans l'Isère, Martine Valdès-Boulouque, indiquait par courrier à Me Seban que "l'important travail de tri et de rangement des scellés n'a pas permis de retrouver les ossements" en question.

Chancellerie

Puis la chancellerie annonce que la justice a remis la main dessus. Et qu'elle aurait procédé à quatre expertises génétiques, concluant à l'absence de rapport entre les ossements et Ludovic Janvier.

Quatre ans à l'attente de ce résultat. Ce que la famille de ce dernier ignore, "alors qu'elle est pendue depuis quatre ans à l'attente de ce résultat, précise Me Corinne Herrmann. Rien ne nous a été notifié, pourquoi ?

Cadavre

Et si ce cadavre n'est pas celui de Ludovic Janvier, de qui s'agit-il ? D'un autre enfant, assassiné dans l'Isère ?" Un tas de questions formulées dans des requêtes répétées que la justice grenobloise a choisi de laisser sans réponse.

Joséphine Scaramozzino

Le 26 novembre 2013, la magistrate Joséphine Scaramozzino, chargée des affaires Grégory Dubrulle, Ludovic Janvier et Charazed Bendouiou, a notifié aux parties civiles la fin de ces instructions. Pourtant, il y a encore du travail. Chantal, la maman de Grégory, indique :

Scellés

Parmi les scellés dans le dossier de mon fils, je me souviens très bien qu'il y avait une grosse pierre, et une lanière en plastique blanc, plein de sang ainsi qu'une sandalette. 

Recherches 

Ne peut-on pas procéder à de nouvelles recherches génétiques sur ces pièces, si elles existent toujours ?" Et les pistes à explorer ne manquent pas. "Il apparaît notamment que plusieurs enfants étaient en contact avec des personnes handicapées ou des professionnels de ce secteur, susceptibles de se déplacer et d'intervenir en différents lieux dans la région", note l'avocate. Grégory Dubrulle avait un beau-père handicapé. Lui et Anissa Ouadi étaient suivis en orthophonie. Charazed Bendouiou bégayait. Ludovic Janvier vivait chez un oncle, où un cousin handicapé voyait un orthophoniste.

Demandes 

Malgré de nombreuses demandes, la justice n'a pourtant ordonné aucune investigation dans ce milieu. Me Didier Seban s'insurge : C'est une manière de renvoyer toutes ces familles à leur place, condamnées à vie à la peine et aux larmes. Et on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif !"

Analystes

Pourtant, dès 2009, il y avait à boire. Les analystes criminels du Centre technique de la gendarmerie nationale (CTGN) concluaient à une "compatibilité entre les constatations faites sur les ossements X et les deux affaires Dubrulle Grégory et Ladoux Fabrice", et affirmaient que "l'hypothèse d'un auteur unique pour les affaires Janvier/Dubrulle/Ladoux ne peut être écartée". 

Creusée

Et devrait même être creusée : les analystes de la gendarmerie pointaient déjà la probabilité d'un même meurtrier dans les dossiers de Saïda Berch et Sarah Syad, 10 et 6 ans, retrouvées elles aussi assassinées en Isère, en 1996 et 1991. Ils ne se trompaient pas et la justice a suivi, prouvant que quand elle veut, elle peut.

Expertise

Elle a ordonné l'expertise des scellés dans les dossiers Sarah Syad et Saïda Berch en 2013. Une trace de sperme est apparue sur le chemisier d'une victime. 

Georges Pouille

Comparée au Fnaeg (fichier national automatisé des empreintes génétiques), cette signature a "matché" avec celle de Georges Pouille, 38 ans, père de famille, dont l'ADN a été prélevé en 2005 pour "conduite sous l'emprise de stupéfiants et défaut d'assurance".

Paul Michel

Pour Paul Michel, procureur général en Isère, la mise en examen de cet homme pour meurtres, vingt-deux ans après les faits, "consacre la détermination de l'institution judiciaire". 

Succès

Un succès grisant, qui aurait dû conduire à la relance des autres dossiers de l'Isère. Mais, en janvier 2014, le parquet de Grenoble a choisi de requérir trois non-lieux dans les affaires Charazed Bendouiou, Grégory Dubrulle, et Ludovic Janvier. Déterminé à enterrer le mystère de ces enfants disparus.


Lars Mittank : la disparition du touriste allemand 

2000002982373Lars Mittank.

Des séquences vidéo de 30 secondes d’un homme de 28 ans du nord de l’Allemagne, Lars Mittank, courant d’un terminal d’aéroport directement vers une forêt, ont lancé diverses théories du complot au fil des ans, alors qu’il est toujours porté disparu. 

Rapports

Des rapports affirment que les clips vidéo du terminal, où l’homme a disparu, ont été visionnés plus de 16 millions de fois, ce qui lui a valu d’être nommé ‘le touriste disparu le plus célèbre du monde‘.

Vidéosurveillance

Le clip tiré d’une séquence de vidéosurveillance à l’aéroport de Varna en Bulgarie est la dernière fois que quelqu’un a vu ou appris quelque chose sur Mittank. 

Images

Le jeune homme de 28 ans, dans les images, peut être vu en train de courir vêtu d’un t-shirt jaune, dans une peur visible pour sa vie, par-dessus une clôture de sécurité et dans une forêt.

Indice

Mittank aurait laissé derrière lui un sac à dos et une valise contenant son portefeuille, son passeport et son téléphone. Cependant, ses biens n’ont fourni aucun indice sur sa disparition.

Cauchemar

C’est le pire cauchemar d’une famille quand des vacances en Europe de l’Est se sont terminées par un mystère qui demeure aujourd’hui. Lars Mittank a rejoint ses amis en vacances en Bulgarie en 2014, mais n’est jamais rentré chez lui.

Allemagne 

En Allemagne, plus de 10 000 personnes sont généralement portées disparues à un moment donné. Au 1er mars 2020, l’Office fédéral de la police criminelle (BKA) comptait 11 500 cas de personnes disparues. 

Cas

200 à 300 nouveaux cas sont ajoutés quotidiennement, tandis que de nombreux cas résolus sont supprimés. Des rapports indiquent que Mittank, en juillet 2014, s’était envolé pour la station balnéaire bulgare de Golden Sands avec son ami depuis leur domicile à Itzehoe, dans le nord de l’Allemagne.

Amis

Les amis ont continué à profiter de leurs vacances jusqu’à ce que Lars soit blessé après s’être battu une nuit. Les rapports indiquent que les fans du Werder Bremen, un club de sport allemand, se seraient bagarrés avec un groupe de fans du Bayern Munich lorsque Mittank s’est séparé du reste de son groupe dans un restaurant McDonald’s.

Antibiotique

Mittank a reçu un coup de poing à la tête et s’est retrouvé avec un tympan perforé et une possible commotion cérébrale. Il lui a été ensuite prescrit un antibiotique appelé Cefuroxime 500 et a été contraint de rester en Bulgarie pendant que ses amis rentraient chez eux.

Informations

Selon certaines informations, un expert de la santé a conseillé au jeune homme d’éviter de monter à bord de l’avion, car les changements de pression atmosphérique lui auraient fait mal à l’oreille. 

Hôtel

Mittank s’est finalement enregistré dans un hôtel bon marché appelé Hotel Color, près de l’aéroport de Varna, alors qu’il voyait ses amis partir pour la dernière fois dans l’avion. 

Détendu

Un des amis de Mittank a déclaré plus tard à la télévision allemande que Lars était « détendu » et de « bonne humeur » lorsqu’ils l’ont quitté.

Suivi 

Cependant, la mère de Mittank a reçu un appel horrible de son fils plus tard depuis sa chambre d’hôtel, où son fils paniqué lui a dit qu’il était suivi par des personnes qui tentaient de le tuer. 

Danger

Il aurait dit à sa mère d’annuler ses cartes bancaires. La mère de Mittank, Sandra Mittank, a déclaré à une télévision allemande : "Je pensais, que mon fils était en danger." Je pouvais entendre son cœur battre au téléphone. Il a dit que les gens essayaient de le voler ou de le tuer.

Texto

Il a également envoyé un texto à sa mère pour lui demander quels antibiotiques le médecin lui avait prescrit. Selon des images de vidéosurveillance de cet hôtel, Mittank a été vu énervé, arpentant le hall de l’hôtel, regardant par les fenêtres, et même se cachant dans un ascenseur. 

Quitté

Les rapports indiquent que Mittank a quitté l’hôtel à 1 heure du matin avant de revenir plus tard. Personne ne sait à ce jour où il est allé pendant cette période.

Taxi

Le 8 juillet 2014, il a pris un taxi au petit matin qui l’a conduit à l’aéroport de Varna. Mittank a envoyé un texto à sa mère, disant qu’il s’était rendu en toute sécurité au terminal de l’aéroport. 

Médecin

Cependant, lorsqu’un médecin de l’aéroport l’a examiné avant de prendre l’avion, il aurait semblé « nerveux et erratique » et méfiant à l’égard des médicaments que le médecin lui avait prescrits.

Bizarre

Puis quelque chose de bizarre s’est produit. Le médecin de l’aéroport, le Dr Kosta Kostov, a déclaré plus tard que Mittank a commencé à trembler lorsqu’il a vu un ouvrier du bâtiment entrer dans la pièce et a pleuré.

Mourir

« je ne veux pas mourir ici. Je dois sortir d’ici. » À un moment donné, Lars Mittank s’est levé de la chaise sur laquelle il était assis.

Portefeuille

Il a laissé son portefeuille, son téléphone portable et ses bagages au cabinet du médecin, a quitté la pièce et a couru hors du terminal et à travers le parvis. 

Caméra 

Une caméra de sécurité l’a filmé en train d’escalader une clôture. Ce fut la dernière observation confirmée de Lars Mittank.

Disparition

Il n’a jamais été retrouvé après cet incident. Jusqu’à aujourd’hui, personne ne comprend pourquoi il s’est enfui, de quoi il aurait pu avoir peur ou pourquoi il a laissé toutes ses affaires au cabinet du médecin de l’aéroport.

Personne ne sait si Lars Mittank est vivant.

Auto-stoppeur 

Environ cinq ans plus tard, en 2019, un chauffeur de camion a récupéré un auto-stoppeur inconnu à Dresde et l’a emmené à Schildow dans le comté d’Oberhavel dans le Brandebourg, juste au nord de Berlin.

Ressemblance

Plus tard, le camionneur a pris connaissance de l’affaire Lars Mittank et a déclaré que l’homme qu’il avait emmené à Schildow ressemblait à une version plus ancienne de la personne disparue qu’il avait vue sur la photo.

Sandra Mittank

Au fil des ans, Sandra Mittank a reçu des messages et des photos du monde entier, dont celui d’un homme qui ressemble à Lars en Amérique du Sud.

Anton Pilipa

Il s’est avéré qu’il s’agissait d’Anton Pilipa, un travailleur humanitaire canadien qui avait disparu. Sandra Mittank, la mère de Lars, souffre depuis plus de sept ans maintenant. Elle veut récupérer son fils et elle fait tout ce qu’elle peut.

Engagé

Elle a engagé un détective privé qui a recherché Lars en Bulgarie. Elle est passée à plusieurs reprises à la télévision allemande et bulgare. Et elle continue de faire passer le mot sur Facebook et sur d’autres réseaux sociaux.

Espoir

Elle a bon espoir, mais elle a suppose que son fils est en mauvaise santé. Il doit être maigre avec les cheveux longs et la barbe.

Théories 

Les derniers moments de Lars Mittank ont ​​déclenché plusieurs théories du complot au fil des ans alors qu’il continue de disparaître.

2000002982373La disparition mystérieuse de Lars Mittank.

Bulgarie

La Bulgarie a les taux les plus élevés de traite des êtres humains. Étant donné que l’incident s’est produit en Bulgarie, on considère que Mittank pourrait avoir été victime de la traite des êtres humains. 

Trafiquants

La Bulgarie a l’un des taux de traite des êtres humains les plus élevés de l’Union européenne. Comme indiqué au cours des cinq dernières années, les trafiquants d’êtres humains exploitent les victimes nationales et étrangères en Bulgarie, et  à l’étranger.

Esclavage

La Bulgarie reste l’un des principaux pays d’origine de la traite des êtres humains dans l’UE. Les gens sont contraints à l’esclavage, à l’adultère et au trafic de drogue. Certains se font prélever leurs organes contre leur gré.

Comportement 

Le comportement étrange et soudain de Mittank pourrait être attribué à un trouble mental. Cela expliquerait pourquoi il pensait être suivi et pourquoi il était si intéressé par les pilules qu’on lui avait données.

Maladies

Les personnes souffrant de maladies comme la schizophrénie paranoïaque refusent souvent les médicaments parce qu’elles ne font confiance à personne et pensent que les gens veulent leur faire du mal d’une manière ou d’une autre, en les empoisonnant.

Déclencheur

Cela aurait pu se passer après le combat. C’est peut-être cela qui a tout déclenché. Sa famille a déclaré que Lars n’avait aucun antécédent de maladie mentale avant cela, et qu’il n’y en avait aucun dans sa famille. 

Cela ne veut pas dire qu’il ne pouvait pas avoir eu une maladie mentale latente. 

Effets 

Les antibiotiques qui lui ont été administrés ont-ils pu avoir des effets secondaires ? Improbable. Les effets secondaires des pilules sont répertoriés ici, et ils n’apparaissent, en aucun cas, pas liés à ses actions et à son comportement :

  • La nausée
  • Érythème fessier
  • La diarrhée
  • Vomissement
  • Vertiges
  • Gonflement du visage
  • Problèmes rénaux
  • Mycose
  • Réaction allergique

En tout cas, Lars agissait déjà de manière surprenante lorsqu’il a inventé l’histoire de personnes qui ont été payées pour l’attaquer (s’il a inventé cela). 

Blessure 

Nous savons que Lars a été blessé à la tête. Cela, pourrait-il avoir causé une sorte de commotion cérébrale ou une sorte de lésion cérébrale qui l’a poussé à se comporter de cette façon ? 

Traumatisme 

C’est probablement parce que cela s’est déjà produit. Souvent, lorsque les gens souffrent d’un traumatisme crânien, ils commencent à agir de manière anormale. Ce n’est pas parce que la maladie mentale n’était pas présente dans sa famille et que Lars n’en avait jamais souffert auparavant et qu’elle n’a pas pu être causée par un traumatisme crânien. 

Séquelles

Certaines personnes peuvent en ressentir les séquelles pendant des années, voire toute leur vie.

Mule

Il a été dit que Lars Mittank était une mule de drogue, sauf qu’il a été déclaré, mais pas confirmé que sa valise a été fouillée après sa disparition, et aucune drogue n’a été trouvée.

Drogue 

Il est probable que ses amis, qui sont rentrés sans lui, soient ceux qui ont transporté de la drogue en Allemagne, et qu'il soit est resté comme une sorte d’assurance. 

Examen

Lars Mittank s’est enfui de l’aéroport après qu’un responsable de l’aéroport responsable de la sécurité ait interrompu son examen médical par le médecin pour lui parler.

Arrestation

Il a peut-être pensé que ses amis s’étaient fait prendre et qu’il était sur le point d’être arrêté, c’est pourquoi il a couru hors de l’aéroport sans ses bagages ni son téléphone portable et a sauté une clôture. 

Amis

Ses amis ont expliqué qu’il avait subi une rupture du conduit auditif après une bagarre dans un bar et qu’il agissait étrangement. Alors pourquoi laisseraient-ils « un ami » seul dans un pays étranger qui, selon eux, agissait bizarrement ? 

Interventions 

Comme d’autres l’ont souligné, une intervention chirurgicale mineure par un ORL aurait pu être réalisée assez facilement et lui aurait permis de revenir immédiatement. Après le retour de ses amis, il se serait enregistré dans un hôtel miteux et bon marché.

Récit

Le seul récit authentique du comportement et de l’état de Lars vient du médecin de l’aéroport, qui a déclaré qu’il semblait épuisé émotionnellement.

Théories

Il existe différentes théories, sur ce qui est arrivé à Mittank ; les gens partagent des dépliants sur les personnes disparues dans différentes langues, principalement en allemand, en bulgare et en anglais. 

Objectif 

Bien qu’ils croient en l’une de ces théories ou aient quelque chose de différent, ils partagent un objectif commun ramener Lars Mittank chez lui.


Jonathann Daval : la très discrète enquête des gendarmes

2000002982373Lors de l’ouverture du procès de Jonathann Daval, le 16 novembre 2020 à Vesoul. BENOIT PEYRUCQ/AFP.

Après la mort d’Alexia Daval, les gendarmes ont très vite été convaincus de la culpabilité de son mari. C’est ce qu’a expliqué le chef des enquêteurs, lundi 16 novembre 2020, à la cour d’assises de Vesoul.

Pression

Malgré la pression médiatique, les gendarmes ont gardé secrètes leurs investigations, tout en mettant trois mois avant d’interpeller Jonathann Daval.

Enquêtes

Dans les enquêtes criminelles, il y a parfois des policiers ou des gendarmes un peu trop bavards. Et puis, il y a des limiers du genre taiseux, qui mènent leurs investigations sans que rien ne filtre à l’extérieur. À l’évidence, l’adjudant-chef Franck Paredes fait partie de cette seconde catégorie d’enquêteurs.

Gendarmes

Tout comme les seize gendarmes de la section de recherches de Besançon qui, sous sa direction, ont traqué le meurtrier d’Alexia Daval, 29 ans, tuée en octobre 2017 à Gray-la-Ville (Haute-Saône).

Adjudant

En écoutant l’adjudant-chef Paredes, lundi 16 novembre, devant la cour d’assises de Vesoul, on comprend que dans cette « affaire Daval » ultra-médiatisée, où les fuites dans la presse ont été légion, certains secrets ont été fort bien gardés.

Indices

En particulier les indices qui, dès le début, ont convaincu les gendarmes qu’Alexia avait été tuée par son mari.

Box

Trois ans plus tard, c’est bien Jonathann Daval, cheveux courts et pull marin, qui est assis dans le box de la cour d’assises. Avec, Covid-19 oblige, un masque sur le visage, ce qui rend parfois difficile la lecture des émotions sur son visage. 

Premier

Surtout que, lors de ce premier jour d’audience, l’accusé n’a pas été incité à s’exprimer. Sauf pour donner son identité et répondre « oui » quand le président Matthieu Husson lui demande s’il confirmait être « seul impliqué dans la mort » de son épouse.

Adjudant

Celui qui a la parole, durant cette journée, c’est l’adjudant-chef Paredes. Et il raconte cette enquête qui a démarré le samedi 28 octobre 2017. 

Gendarmerie

Ce jour-là, un peu avant midi, Jonathann Daval se rend à la gendarmerie, en pleurs, pour signaler que son épouse, Alexia, partie courir vers 9 heures n’est pas rentrée. Le soir, à 18 heures, le mari est de nouveau entendu par les gendarmes. 

Problèmes 

Et là, il évoque les problèmes de son couple, leur difficulté à avoir un enfant et certains tracas de leur vie intime. Il leur dit qu’Alexia prend un traitement hormonal qui, parfois, la rend violente. 

Trace

Il montre aux gendarmes une trace de morsure sur son bras et une griffure sur son poignet. Tout en leur disant que ces blessures lui ont été infligées la veille au matin par son épouse.

2000002982373Jonathann Daval avec sa belle Famille.

Violence 

Cette supposée violence d’Alexia ne sera pas étayée lors de l’enquête. Mais ces déclarations de Jonathann Daval interpellent les enquêteurs.

Incohérences

Dans les jours qui suivent la découverte du corps de la jeune femme, ils comprennent que la version de son mari présente des incohérences. Tout d’abord, personne ce matin-là n’a vu courir Alexia.

Menti

Surtout, très vite, il apparaît que Jonathann a menti en affirmant que la veille, il s’est couché vers minuit avec sa femme.

Témoignage 

Car plusieurs témoignages humains et preuves matérielles donnent la certitude aux gendarmes que cette nuit-là, le jeune homme, censé être au fond de son lit, a en fait utilisé son véhicule professionnel.

GPS

Un tracker GPS dans son véhicule professionnel, installé par l’employeur de Jonathann Daval, a, en effet, été activé à plusieurs reprises. Le lendemain matin, il bip même à deux reprises près du bois où sera découvert le corps d’Alexia. 

Chemin

Et sur un chemin tout proche, les experts découvrent des traces de pneus identiques à ceux du véhicule de Daval. La piste du « mari » est plus que brûlante. 

Hypotèse

« L’hypothèse que le meurtrier est Jonathann Daval est alors fortement envisagée », avoue l’adjudant-chef Paredes à la barre.

Enquête 

L’enquête a été très vite fructueuse, mais d’une totale opacité. Une sorte de petite revanche pour la gendarmerie qui, des années après, garde toujours en elle la blessure d’une autre affaire tragique et très médiatisée : la mort de Grégory Villemin, en 1984.

Investigations

À l’époque, les gendarmes des Vosges avaient mené les premières investigations, sans jamais arriver à semer les journalistes qui suivaient tous leurs déplacements et étaient au courant quasi en direct de toutes les pistes explorées.

Fiasco

Un fiasco douloureux que, 33 ans plus tard, les gendarmes de Besançon ont veillé à ne surtout pas reproduire. En verrouillant, avec la juge d’instruction, leurs investigations durant des semaines. Peut-être à l’excès.

Indices

Car au final, malgré ces lourds indices, il a fallu trois mois avant de placer Jonathann Daval en garde à vue et d’obtenir ses aveux. Le président Husson s’interroge sur ce très long délai. 

Éléments

« On voulait avoir tous les éléments, à 100 %, et fermer toutes les autres pistes », répond l’adjudant-chef Paredes. Mais pendant ces trois mois, il y a eu ces images de Jonathann Daval en veuf éploré et inconsolable, en particulier à la marche blanche et aux obsèques d’Alexia.

Recul

« Avec le recul, est-ce qu’aujourd’hui vous ne vous dites pas, au fond de vous-même, que vous auriez pu intervenir plus tôt ? Vous avez laissé pleurer Jonathann Daval devant la France entière ? 

Gêne

Cela ne vous gêne pas ? » , lance Me Gilles-Jean Portejoie, l’avocat des parents d’Alexia. « Évidemment. mais il nous fallait retenir des éléments probants », répète l’adjudant-chef Paredes.

Avocat 

L’avocat de Jonathann Daval, lui, reconnaît bien volontiers que, dès le début, son client a donné aux enquêteurs des éléments permettant de le soupçonner. 

Détails

« Il vous donne de multiples détails sur sa vie de couple, catastrophique. Il vous donne un mobile, ce sont quasiment des aveux », s’exclame Me Randall Schwerdorffer, en évoquant un « Petit poucet qui laisse beaucoup de traces ». 

Doutes

Une façon de suggérer que, derrière le Jonathann, criminel et dissimulateur en surface, il y avait aussi un homme pétri de doutes qui semait des petits cailloux pour qu’on arrive jusqu’à lui.


Tuerie du Grand-Bornand : l'affaire Flactif une histoire de jalousie

2000002982373Le chalet de la famille Flactif, au Grand-Bornnand Crédit : JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

En 2003, Xavier Flactif, sa femme et leurs trois enfants disparaissent du jour au lendemain mystérieusement de leur domicile au Grand-Bornand, en Haute-Savoie. Ce n'est que quelques mois plus tard que le doute sera définitivement levé.

Vacances

Le samedi 12 avril 2003, Mario, 14 ans, vient passer les vacances de Pâques chez sa mère, Graziella, une femme de 36 ans, remariée au promoteur immobilier Xavier Flactif.

Haute-Savoie

Ils habitent en Haute-Savoie, dans la commune du Grand-Bornand. Mario va pouvoir retrouver son demi-frère, Grégory, 7 ans, et ses demi-sœurs Laetitia et Sarah, 9 et 10 ans. 

Beau-père

En arrivant, Mario n'aperçoit pas le Toyota 4X4 rouge de son beau-père. Il n'y a personne pour ouvrir la porte et sa mère n'est pas joignable. La gendarmerie est avisée de cette absence qui paraît pour le moment temporaire.

Soirée

Dans la soirée, les restaurateurs du coin entrent dans le chalet par une porte-fenêtre qui n'était pas verrouillée. La maison est vide, il n'y règne aucun désordre, tout a été rangé. 

Lendemain

Le lendemain matin, après une nuit d'attente, Mario retourne sur place. Il remarque deux ordinateurs allumés, un dossier dans la cheminée, des lits sans draps. 

Gendarmes

Les gendarmes arrivent sur place, une cinquantaine de militaires quadrillent le secteur du Grand-Bornand. La rivière du Borne est explorée comme les rives du lac d'Annecy, à la recherche du 4X4 rouge. Un hélicoptère survole les lieux, mais rien. 

Techniciens

Le 20 avril, huit techniciens de l'Institut de recherches criminelles de la Gendarmerie, l'IRCGN, s'installent pour trois jours dans le chalet. Au sous-sol, un carré de moquette murale a été découpé. 

Douille

Une douille de petit calibre, provenant sans doute d'un pistolet automatique, est retrouvée au dernier étage. Le 22 avril, le procureur d'Annecy ouvre une information judiciaire pour enlèvement et séquestration.

Parking

Le 13 mai 2003, le Toyota Land Cruiser est retrouvé sur un parking de l'aéroport de Genève, généralement fréquenté par les frontaliers. Le véhicule a lui aussi été nettoyé, un morceau de moquette a été découpé au cutter.

Traces

Il y a des traces de sang. Le père, Xavier Flactif, acculé par des déboires financiers, aurait-il commis l'irréparable ?

Locataire

Ce n'est que quelques mois plus tard que le suspense sera totalement levé, avec une issue plutôt inattendue... Le locataire du chalet, David Hotyat, est vite mis en cause. La jalousie serait au centre de l'affaire.

Étude

Ou comment l’étude des dents des victimes et des traces de sang ont permis d’éclairer les circonstances du quintuple meurtre du Grand-Bornand en 2003. 

Affaire

Cette affaire criminelle qui a défrayé la chronique à la suite de la disparition et des meurtres d'un promoteur immobilier nommé Xavier Flactif, de sa femme Graziella et de leurs trois enfants, est racontée par une équipe de journalistes de "les jours" en immersion au PJGN. 

Enquêtes

Ils racontent de l'intérieur la plus grande enquêtes sur des meurtres que la science aide à résoudre...

Identité

Nous avons tous une véritable carte d’identité en bouche. On peut identifier quelqu’un, même s’il n’a jamais reçu aucun soin dentaire, sur la base d’un panoramique ou d’une radio intrabuccale de deux ou trois dents.

Aimé Conigliaro

Nous dit posément Aimé Conigliaro, d’un air un rien mutin, quand il nous reçoit dans son bureau, lunettes rondes sur le nez et cravate aux tons violets impeccablement nouée autour du cou.

Dents

La courbure de la racine des dents, la forme d’un canal radiculaire, la forme des sinus : tout cela permet de nous « différencier », insiste-t-il, montrant un poster au fond bleu duquel se détache des photos en noir et blanc de rangées de ratiches enclavées dans une mâchoire.’

Expert

À 63 ans’, l’expert en odontologie médico-légale, qui a rejoint l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) en 1997, a vu passer sous son microscope quantités d’émaux différents.

2000002982373

Le Grand-Borrnand en Haute-Savoie.

Interventions

De toutes ses interventions il se souvient particulièrement de celle en 2003 au Grand-Bornand Après quelques heures de recherches, un technicien en identification criminelle, un TIC, présente à Aimé Conigliaro de petits éléments blancs qu’il a trouvés dans les interstices qui séparent les lattes du plancher. 

Morceaux

« Il me demande si ce sont des morceaux de dents. Leur texture et leur forme me font penser que ça peut effectivement être de l’émail dentaire », explique l’expert.

Laboratoires

Plus tard, de retour dans ses laboratoires, il examine les nombreux prélèvements et confirmera qu’il s’agit bien d’émail humain, provenant de dents de lait.

Microscope

« Au microscope électronique à balayage, l’émail humain a un maillage particulier, en forme de nid d’abeilles, différent de celui de tous les autres animaux », poursuit-il.

Découverte

Cette découverte, ajoutée à celle d’une douille de petit calibre et ainsi qu’à celle de traces de sang, soigneusement lavées mais encore visibles au révélateur Blue Star, permettent au parquet d’Annecy d’ouvrir une information judiciaire pour « enlèvement et séquestration ».

Sang

Les traces de sang prélevées sont analysées. Le 5 mai 2003, le procureur de la République révèle à la presse qu’elles contiennent les ADN des cinq membres de la famille Flactif ainsi que celui d’un inconnu.

Prélèvements

Commence alors une gigantesque campagne de prélèvements d’ADN. Plus d’une centaine sont effectués, en commençant par l’entourage proche des Flactif. Début juillet, le sixième ADN est identifié.

David Hotyat

Il désigne David Hotyat, voisin de la famille et locataire d’un de leurs chalets.

Écoute

Après l’avoir placé un moment sur écoute afin d’accumuler les éléments de preuve du quintuple meurtre dont ils le soupçonnent, les gendarmes interpellent le mécanicien et trois complices, le 16 septembre 2003.

Aveux

Dès les premières heures de sa garde à vue, l’homme passe aux aveux et conduit les enquêteurs dans la forêt de Thônes, à une dizaine de kilomètres du Grand-Bornand, où il dit avoir incendié les cinq corps.

Aimé Conigliaro

Aimé Conigliaro se rend de nouveau sur place avec plusieurs de ses collègues. Les gendarmes espèrent trouver des preuves de la présence des parents et de leurs trois enfants sur les lieux, mais il ne reste quasiment rien des cadavres calcinés. 

Crémation

Les dents sont les parties les plus dures du corps humain et les moins susceptibles, avec les os, d’être parties en fumée. « Nous avons délimité des petits carrés de 20 centimètres de côté dans le foyer de crémation » .

Éléments

À chaque carré, était associée une équipe qui y enlevait les gros éléments puis tamisait ce qui restait, explique l’expert.

Endroit

« L’endroit était très escarpé et il avait beaucoup plu depuis le mois d’avril. L’eau avait ruisselé et nous pensions qu’elle avait pu emmener avec elle ce que nous recherchions » 

Investiguer

Alors nous avons décidé d’investiguer aussi les contrebas du foyer. » Ils retrouveront, de fait, des ossements et des morceaux de dents dans de grosses canalisations d’eau situées à distance de l’incendie originel ».

Travail

Un travail très méthodique décrit Aimé Conigliaro dont le but principal est d’identifier les victimes et de confirmer que leurs corps ont tous été éliminés par le feu. 

IRCGN

Revenu à l’IRCGN, l’équipe du département « médecine légal et odontologie » isole et comptabilise tous les morceaux de dents avant d’essayer de les faire coïncider les uns avec les autres. 

Puzzle

Un puzzle monocolore en 3D. « Une fois les dents reconstituées, pour celles en tout cas qui étaient en morceaux, nous avons pu identifier s’il s’agissait de molaires, d’incisives ou de canines. Voir lesquelles avait fait l’objet de soins dentaires. Et définir également le degré d’évolution de leurs racines », détaille le presque retraité.

Retrouvé

Nous avons retrouvé dans le foyer et dans les canalisations des éléments prothétiques des deux parents, ce qui nous a permis de les identifier. Aimé Conigliaro, expert en odontologie médico-légale de la gendarmerie en amont de ce travail, Aimé Conigliaro a en effet contacté les dentistes des Flactif. 

Données

Et leur a réclamé toutes les données nécessaires à son analyse. « Je demande les schémas dentaires, les radios, des informations sur la présence de prothèses : appareil dentaire en résine, couronnes, bridges » , précise-t-il.

Dentistes

Lorsque les dentistes ont un modèle en plâtre de la denture de leurs patients, c’est pour lui la panacée. « Nous avons retrouvé dans le foyer et les canalisations des éléments prothétiques des deux parents, ce qui nous a permis de les identifier, retrace l’expert »

Information

« Mais nous n’avions obtenu aucune information sur la dentition des enfants. » Alors il lui a fallu associer un âge aux dents reconstituées pour les attribuer à chacun des trois enfants. 

Schémas

Plusieurs schémas décrivant l’évolution au cours du temps des éruptions dentaires, la position des dents définitives et celle des dents de lait en fonction de l’âge lui permettent de faire cette évaluation. 

Représentation

Grâce notamment à la représentation établie en 1941 par Isaac Schour et Maury Massler, anciens chercheurs de l’Université de l’Illinois à Chicago, pionniers dans les sciences odontologiques. 

Dentition

Un schéma qui décline, en jaune et en bleu, l’évolution de la dentition humaine entre 5 mois in utero et 35 ans. Car Aimé Conigliaro l’affirme au journaliste surpris qui lui fait face : non, il n’y a pas de grande variabilité entre individus sur ce point.

Rapport

« Une fois que j’ai rédigé mon rapport et que je l’ai envoyé à l’enquêteur, mon travail est fini », explique l’expert. 

Convocation

« Je ne me replonge dans l’affaire que lorsque je reçois une convocation pour aller déposer aux assises. J’y présente les principaux éléments de mon expertise. » 

Photos

Dans l’affaire Flactif, Aimé Conigliaro a projeté une présentation PowerPoint dans laquelle les photos de chacune des dents retrouvées ou reconstituées étaient affichées. 

Avocat

« Seul l’avocat général m’a posé une question, qui concernait les très petits morceaux de dents retrouvés dans les rainures du parquet du chalet. Il voulait savoir si cet émiettement pouvait être la conséquence d’une pathologie dentaire »

Coups

« Ou le résultat de coups violents assénés aux victimes. » La réponse de l’expert est retranscrite stricto sensu dans un article du Monde de l’époque, écrit par Pascale Robert-Diard. 

Fractures

« Les fractures retrouvées sur les dents postérieures, dont des dents lactéales, ne peuvent s’expliquer que par un ou plusieurs énormes coups portés par un objet contondant ».

2000002982373David Hotyat.

Jurés

L’information n’a rien d’anodine. Elle va, avec d’autres éléments, permettre aux jurés de se faire un avis sur le déroulement du quintuple meurtre.

Balle

Lors de ses aveux, en septembre 2003, David Hotyat avait en effet confié avoir tué Xavier Flactif, promoteur immobilier aux combines douteuses, en lui tirant accidentellement une balle dans la tête, avant d’abattre Graziella Ortolano et ses enfants pour faire disparaître les témoins du premier homicide.

Expertises

Les expertises d’Aimé Conigliaro et de ses collègues spécialisés en balistique et en analyse de traces de sang, ainsi que l’étude des emplois du temps des membres de la famille, contrediront cette version.

Faits

Les faits se seraient en réalité passés ainsi : lorsque David Hotyat est arrivé, armé, dans le chalet du Grand-Bornand, il a d’abord tué les trois enfants, la forme des taches de sang retrouvées sur un mur étant caractéristique de coups portés par un objet contondant ou de coups-de-poing sur des visages ensanglantés. 

Graziella Ortolano

Graziella Ortolano a ensuite été assassinée en entrant dans le chalet, une heure plus tard, d’autres traces de sang évoquant également l’existence de coups portés. 

Xavier Flactif 

Arrivé le dernier, Xavier Flactif a enfin été abattu. À l’issue du procès d’assises, David Hotyat est condamné à la perpétuité, avec une peine de sûreté de dix ans. 

Compagne

Sa compagne, qui a très vite avoué l’avoir aidé à nettoyer de fond en comble le lieu du crime, écope de dix ans de prison ferme. 

Amis

Un couple d’amis lui ayant prêté main forte pour déplacer les corps, entre de sept et dix ans. La cupidité, la jalousie et la haine envers une famille mal aimée dans la petite ville auraient été à l’origine de ces meurtres.

Maëlys

Aimé Conigliaro est intervenu sur le meurtre de Maëlys 8 ans. Dans son bureau du Pôle judiciaire de la gendarmerie nationale, à Pontoise, Aimé Conigliaro fait une pause. Il propose un café. Deux de ses collègues passent dans le couloir.

Doyen

Ils chambrent le doyen de la maison, celui qui en connaît tous les arcanes. Sur le mur à sa droite, des photos de groupe témoignent de moments de partage avec les équipes de l’IRCGN.

Badges

Des badges à son nom, pendus à des punaises, lui remémorent ses participations annuelles au congrès de l’American Academy of Forensic Sciences.

Fierté

Il y a de la fierté dans les yeux de celui qui a commencé sa carrière un CAP de prothésiste dentaire en poche. Récemment intervenu sur le meurtre de Maëlys, 8 ans, le 27 août 2017 Nordahl Lelandais est mis en examen dans ce dossier, il n’en dit pas un mot, l’évocation des affaires en cours étant proscrit.

Évocation

Mais à l’évocation du crime, un voile pudique brouille un instant son regard. Derrière son apparente bonhomie, Aimé Conigliaro a vu défiler depuis vingt-trois ans tant d’histoires sordides.


Les disparus de Boutiers : 50 ans après la justice sur les traces de la famille Méchinaud

2000002982373La famille Méchinaud.

Le 24 décembre 1972. Après un repas partagé chez des amis, la famille Méchinaud quitte la rue de la Plante à Cognac pour rejoindre sa maison de Boutiers. 

Disparition 

Plus personne ne les révéra Jacques Méchinaud, le père, 31 ans, ouvrier chez Saint-Gobain, sa femme Pierrette, 29 ans, et les deux enfants Éric, 7 ans, et Bruno, 4 ans. Janvier 1973. 

Gendarmerie

La gendarmerie lance une enquête dix jours après la disparition. Un hélicoptère scrute le lit de la Charente, afin de repérer l’éventuelle présence de la Simca 1100. Les recherches restent vaines. 

Pistes

Toutes les pistes sont envisagées: accident, suicide collectif, meurtre, départ à l’étranger... 2011 et 2012. L’enquête est une première fois relancée.

Sondés

Plusieurs cours d’eau sont à nouveau sondés, des carcasses de voitures et des ossements retrouvés a à Courcerac (17) expertisés... Mais rien n’est lié à la disparition des Méchinaud.

Trace

La famille Méchinaud se volatilise le soir de Noël 1972, depuis cinquante ans, aucune trace, ni d’eux, ni de leur voiture. Aujourd’hui âgé de 80 ans, l’amant de Pierrette reste persuadé qu’ils sont partis en Australie. Pour l’adjudant-chef, qui a travaillé vingt ans sur le dossier, la solution de l’énigme est peut-être à portée de main.

Amant

Lui, c’est l’amant. Il va fêter ses 80 ans à la fin du mois, et cette histoire le poursuit depuis « cinquante ans ce Noël », comme il dit. Maurice Blanchon, employé agricole comme ses parents, « chef de culture dans la vigne », corrige-t-il, a toujours vécu là, en face de Cognac, de l’autre côté de la Charente, à Boutiers-Saint-Trojan.

Parents

« Mes parents avaient la maison voisine de celle des Méchinaud, les jardins étaient séparés d’un simple grillage. » Jacques Méchinaud, 31 ans, sa femme Pierrette, 29 ans, et leurs deux fils, Éric 7 ans, et Bruno 4 ans, ont disparu le soir de Noël 1972.

Matin

Vers 2 heures du matin, ils ont quitté des amis de Cognac pour rentrer chez eux, de l’autre côté de la rivière. Aux dires des amis, les enfants étaient impatients d’ouvrir leurs cadeaux de Noël. À bord de leur Simca 1 100 grenat, c’est l’affaire d’un petit quart d’heure.

Cold case

Mais personne ne les a jamais revus. Ni eux, ni la voiture. Un des plus vieux « cold case » de la gendarmerie. Maurice Blanchon se souvient presque comme si c’était hier de ce Noël 72. À l’époque, cela fait deux ans qu’il « fréquente », Pierrette, sa voisine trentenaire. 

Jolie

« Une jolie fille, ça oui ». En revanche, il ne s’est jamais entendu avec Jacques, son mari. « Un type hautain, prétentieux, qui était toujours le meilleur sur tout, ah ça non, je ne m’en approchais pas, je restais éloigné », souffle l’amant, le souvenir intact de ce rival, employé de Saint-Gobain, électromécanicien, et qui passait tout son temps libre à réparer les voitures, les mains dans le cambouis. 

Soirs

« Elle, je la voyais les soirs où il travaillait de nuit, de 20 h à 4 h du matin, et c’était souvent ». Maurice Blanchon reconnaît aujourd’hui qu’il avait même une clé de la maison Méchinaud Pierrette la lui avait confiée pour qu’il puisse la rejoindre sans sonner, et sans réveiller les deux enfants du couple. 

Maison

Eric et Bruno dormaient dans la deuxième chambre du rez-de-chaussée de cette petite maison de pierre dont la pièce à vivre est à l’étage. 

Mari

« Une fois, le mari est rentré plus tôt que prévu se remémore Maurice Blanchon. On a entendu la voiture et je me suis réfugié en vitesse à l’étage tout en lui disant de parler à son mari quand il entrerait pour couvrir le bruit, et j’ai sauté de la fenêtre du premier, tombant sur le ciment du sol… » Jacques Méchinaud ne s’est rendu compte de rien ce soir-là.

Disparition

Il aurait appris que sa femme le trompait le samedi précédent la disparition. Maurice Blanchon est formel. Lui-même a été prévenu le lundi suivant par une amie qui lui glisse d’une phrase, « il est au courant ». 

Confirmé

Il ne la reverra qu’une seule fois, le mercredi. « Elle était à sa fenêtre et moi dehors, elle m’a confirmé qu’il avait su, que quelqu’un lui avait dit, et elle m’a répété de ne pas m’inquiéter. »

Maurice Blachon 

Maurice Blachon est formel sur ce point : « Elle avait des marques de strangulation, un œil poché, il lui avait mis une bonne tabassée. »

Formel

Il est formel aussi sur un autre point, ce mercredi et ce jeudi, Jacques Méchinaud se serait absenté dans la journée, « en deux allers-retours », pour rendre visite à « un copain de régiment en Vendée ». Puis le soir de Noël 1972 tombe le samedi suivant.

2000002982373Titre dans le journal de la disparition La famille Méchinaud.

Australie

« Ils ont refait leur vie en Australie ». De son côté, Maurice Blanchon passe le réveillon chez ses parents avec ses frères dans la maison voisine des Méchinaud. Il voit bien en partant que la Simca grenat du couple n’est pas là.

Rentré

« Je suis rentré chez moi et j’ai bricolé une partie de la nuit, j’avais une boîte de vitesses qui perdait de l’huile à réparer », dit-il. Le lendemain, toujours pas de Simca 1 100. Maurice Blanchon a un doute.

Clé

Il a la clé. Il entre discrètement, s’aperçoit que le poêle est éteint et décide de donner l’alerte. Par le club de sport de Cognac où moi, je faisais du vélo et lui des barres fixes.

Inquiet

Je connaissais son beau-frère à elle, le mari de sa sœur, je suis allé le voir, en lui disant que j’étais inquiet… Avec ma clé, on est rentré dans la maison ensemble.

Étage

À l'étage, sous le sapin, les deux hommes aperçoivent les cadeaux intacts des enfants qui n’ont pas été ouverts. Sur le frigo, « bien en évidence », dixit Maurice, un chéquier. 

Intérieur

À l’intérieur, des huîtres et les restes intacts du déjeuner du 25 décembre. « C’est le beau-frère qui est allé voir les gendarmes, mais ils ont d’abord dit qu’ils ne pouvaient rien faire avant quelques jours, que les gens peuvent aller où ils veulent », peste encore Maurice. Les jours défilent, et toujours pas de Simca. 

Enquête

Pas franchement d’enquête non plus. La brigade territoriale de la gendarmerie de Cognac est saisie. Suicide familial ? Disparition volontaire ou enlèvement ? 

Affaire

L'affaire des « disparus de Boutiers » reste une énigme. Le dossier devrait être transféré à Nanterre, au pôle judiciaire des cold case qui vient d’être créée. En reprenant tout à zéro d’un œil neuf, les enquêteurs espèrent trouver quelque chose.

Fouillé

« Ce n’est pas faute d’avoir cherché, ils ont fouillé partout », constate Maurice Blanchon, qui a eu droit à une perquisition en bonne et due forme dans les années 2010, et la fouille d’un de ses terrains. 

Relation

« Ils voulaient savoir si j’étais toujours en relation avec elle, si j’avais des lettres ou des choses comme ça. Je n’avais rien bien sûr. Un corbeau leur avait dit que le mari était tombé sur un de mes courriers, mais c’était n’importe quoi, je ne lui aurais jamais écrit. »

Terrain

Bon pied bon œil, l’ancien amant a beau expliquer aux gendarmes que le terrain qu’ils entendent fouiller a été acquis vingt ans après les faits, une tractopelle retourne tout. 

Vain

En vain. « Ils ont envoyé des drones, des plongeurs dans la Charente et dans les fosses, ils n’ont retrouvé que des voitures mises à l’eau pour rouler l’assurance » Maurice Blanchon est resté persuadé : « Ils ont refait leur vie en Australie ».

Années

Cela fait des années qu’il ne dit, le répète sur tous les tons à tous les gendarmes qui viennent le questionner. « Même un capitaine venu d’Angoulême ». « Lui, il voulait partir en Australie.

Pécule

Un type comme ça, électromécanicien, il trouvait du travail n’importe où et comme il faisait pas mal de réparations au noir, il avait dû mettre de côté un « pécule », échafaude Maurice Blanchon.

Pierrette

L’amant assure aussi que Pierrette lui avait fait part du désir de son mari de partir à l’étranger et « qu’elle n’en avait pas du tout envie ». « Il a dû préparer son coup et partir dans la nuit, pour être sûr que si Pierrette voulait rester et crie, personne ne donnerait l’alerte ».

Persuadé

Depuis cinquante ans, Maurice Blanchon s’est persuadé que les Méchinaud sont partis loin. Comme si le mari trompé avait voulu éloigner sa femme de Cognac pour toujours. 

Célibataire

De son côté, Maurice Blanchon est resté célibataire. « Je ne suis jamais resté seul, mais je ne me suis jamais marié », nuance-t-il. Mis à part ces trois ans dans la région de Nîmes, en Camargue, « à suivre une Nîmoise », il s’est toujours occupé de ses vignes charentaises. 

Histoire

« Je ne peux pas dire que j’ai pensé à cette histoire tous les jours, mais enfin souvent, admet-il. Plusieurs femmes m’ont dit que je pensais toujours à elle, et il y avait du vrai… »

Regret

Comme un regret semble le traverser. Celui dont Pierrette, depuis l’Australie, n’ait jamais donné la moindre nouvelle. « C’était une belle femme », répète l’octogénaire, avec la nostalgie de ses trente ans.

Vrai

S’il dit vrai, Pierrette Méchinaud a-t-elle une chance de lire ces lignes, quelque part à l’autre bout du Net, sur le continent des kangourous ?

Scénario

Rien, dans l’enquête judiciaire, ne semble accréditer ce scénario du départ. L’ancien directeur d’enquête de la gendarmerie est même persuadé que la famille Méchinaud n’a jamais mis les pieds sur le continent australien.

Convaincu

« Je suis convaincu que l’on peut résoudre cette affaire, que quelqu’un sait quelque chose », glisse à Marianne l’adjudant-chef Stéphane C., qui a passé presque vingt ans sur le dossier. Il en connaît chaque détail.

Vérité

Une vérité à portée de main ? Quand il arrive à la brigade de Cognac, en 2001, Stéphane C. fait le tour des affaires en cours. L’enquête sur les « disparus de Boutiers » tient en quelques feuillets à peine. 

Service

Depuis trente ans, et Noël 1972, aucun service spécialisé n’a jamais été désigné par les juges d’instruction qui se sont succédé. 

Parquet

Pas plus que par le parquet d’Angoulême. Aucune fouille sérieuse ni de la maison du couple, ni des cours d’eau à proximité n’a été ordonnée. 

Gendarme

Le gendarme C. Décide d’initiative de tout reprendre à zéro. Il lui faudra une petite dizaine d’années supplémentaires pour convaincre la justice de mettre des moyens et de mener des fouilles sérieuses. 

Sondé

« En 2010, on a sondé la Charente et d’autres endroits, on a mis des moyens pour essayer de retrouver la voiture », admet Stéphane C. En vain. Cela s’appelle « fermer des portes ».

Simca

Une autre Simca 1 100 est bien retrouvée dans la Charente, vérifications faites, il ne s’agit pas de celle du couple. Plusieurs « corbeaux » écrivent à la brigade, plusieurs radiesthésistes proposent leurs services.

Mystère

Mais le mystère reste entier. Personne ne connaît d’ennemis à Jacques Méchinaud. Et le soir de Noël 1972, les amis de Cognac chez qui la famille a passé la soirée n’ont rien décelé d’anormal entre elle et lui. Pas plus qu’ils n’ont noté à l’époque des traces de coups sur le visage de Pierrette.

Retraite

Avant de prendre sa retraite, en 2020, après dix-neuf ans en poste à Cognac, Stéphane C. a rédigé une dernière longue synthèse dans laquelle il passe tout en revue. S’il refuse aujourd’hui de livrer le moindre détail qui pourrait « nuire à l’enquête », il semble persuadé que la vérité reste à portée de main. 

Disparation

Disparation volontaire ? Mauvaise rencontre ? Piège ? Règlement de comptes ? Une affaire de famille ? Avec les années, personne, tant du côté des Méchinaud, où Jacques avait dix frères et sœurs, que de celui de Pierrette, ne semble plus se souvenir de l’affaire. 

Avocat

Aucun avocat de la famille n’est désigné. « J’ai 75 ans, cela s'arrête. Pour moi, c’est terminer », confie à Marianne Jean-Paul Méchinaud, le frère cadet du disparu, avant de raccrocher sèchement le téléphone. Son, « c’est terminé » claque comme un clap de fin.

Justice

Pas pour la justice ni pour la gendarmerie. Comme pour rattraper le temps perdu des années 1970 à 2000, d’une enquête initiale quasi-inexistante, le dossier va être repris à zéro au pôle cold case de Nanterre. 

Rassemblés

Les milliers de d'indices patiemment rassemblés par l’adjudant-chef Chalumeau vont être passées au crible. Pas impossible que Maurice Blanchon ait des nouvelles des gendarmes. À défaut d’une carte postale d’Australie.


Disparues de la gare de Perpignan : 20 ans d'enquête

Jacques rancon 1Jacques Rançon lors de son procès pour les crimes de Perpignan, en mars 2018. © RAYMOND ROIG / AFP.

C'est la fin d'une énigme qui aura donc duré 17 ans et traumatisé la ville de Perpignan de nombreuses années.

Jacques Rançon va avouer quelques mois plus tard le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé atrocement mutilé le 26 juin 1998.

Le 21 décembre 1997

Le dimanche 21 décembre 1997, vers 8 h 45, sur un terrain vague de la rue Nugesser et Coli, à Perpignan, un riverain découvre le corps sans vie d'une jeune femme, rapidement identifié comme étant celui de Moktaria Chaîb, une jeune étudiante de 19 ans. 

Quelques jours plus tard, les chaussures de la victime sont découvertes. Une information judiciaire est ouverte du chef d'assassinat accompagné d'actes de torture et de barbarie. 

La pratique de la "découpe"

L'examen médico-légal émet l'hypothèse d'un auteur ayant une expérience dans la pratique de telles mutilations (profession médicale, médico-chirurgicale ou paramédicale, équarrisseur, boucher), voir tout sujet ayant la "pratique" de la "découpe", de mutilations rituelles notamment.

Un nouvel examen évoque des techniques chirurgicales utilisées en Europe dans les années 1970/1975.

L'enquête s'oriente rapidement vers un homme de nationalité péruvienne, Andres Palomino Barrios, un chirurgien ayant exercé avec de faux diplômes dans plusieurs hôpitaux, habitant à 400 mètres du lieu de la découverte du corps de Moktaria Chaîb. Il fournit un faux alibi la nuit des faits. Mais après six mois d'incarcération, il est innocenté.

26 juin 1998

Pendant qu'il est derrière les barreaux, un autre meurtre terrorise Perpignan : le 26 juin 1998, le corps de Marie-Hélène Gonzalès, 22 ans, est découvert nu, décapité et amputé. 

Les enquêteurs effectuent le rapprochement avec le meurtre de Moktaria Chaïb d'autant que là encore, les médecins légistes émettent l'hypothèse d'un auteur ayant l'habitude du maniement d'instruments tranchants-coupants, ainsi qu'un minimum de connaissances anatomiques. 

Les enquêteurs recueillent des témoignages notamment auprès de chauffeurs de taxis et des riverains du quartier de la gare. Plusieurs appels à témoins sont diffusés dans la presse locale. 

Un témoin évoque une Volkswagen Golf blanche : 500 voitures de ce type sont répertoriées dans les Pyrénées-Orientales, tous les propriétaires sont contactés, mais aucun élément ne permet de faire avancer l'enquête.

Vaines investigations

Ils exploitent les numéros composés à partir de 26 cabines téléphoniques implantées de la gare de Perpignan à Toulouse où devait se rendre la jeune fille. Comme celles d'Argelès, dans l'hypothèse où elle y aurait pris le train. 

Ils travaillent également sur les distributeurs de billets du quartier de la gare, entendent les automobilistes clients des stations-services avenue Panchot à Perpignan ainsi que les automobilistes et chauffeurs routiers ayant franchi le péage Perpignan sud. Les investigations s'avèrent vaines.

Suivant toujours la piste du tueur en série, les enquêteurs pensent avoir trouvé le coupable quand Esteban Reig est interpellé à Lyon, le 25 mai 2000, pour le meurtre d'un homme égorgé, décapité et amputé des parties génitales qui ont été suspendues au-dessus de son frigo. 

L'Espagnol se trouvait à Perpignan en 1997, mais il n'avouera jamais le meurtre d'une "disparue" et se suicidera en prison en 2002.

Un autre meurtrier

Entre-temps, en février 2001, une autre jeune femme, Fatima Idrahou, est retrouvée morte et violée. On l'ajoute un temps à la liste des disparues de Perpignan, toutes trois brunes. 

Un gérant de bar, Marc Delpech, est finalement arrêté et condamné le 18 juin 2004 à 30 ans de réclusion, pour meurtre, sans qu'aucun lien ne puisse être établi avec les autres "disparues".

Jacques ranconUne chambre de l’hôtel du Berry, où a vécu Jacques Rançon à l’époque des faits. De la fenêtre, on peut épier l’avenue Charles-de-Gaulle et la gare, à 150 mètres à gauche.

Jacques Rançon entendu au début de l'enquête

Les enquêteurs vont entendre une centaine de personnes connues dans le département pour des infractions à caractère sexuel. Jacques Rançon fait partie de ces suspects. 

Des vêtements qui ne lui appartenaient pas avaient été saisis chez lui, mais les analyses n'avaient rien donné. Dans les deux affaires, les investigations vont se poursuivre au fil des années. 

Des centaines de procès-verbaux sont établis, plus de 500 témoins entendus et plus d'une centaine d'individus interpellés sans qu'aucun élément ne puisse faire avancer l'enquête.

Pendant trop, longtemps, Gilles Soulié, patron de la police judiciaire de Montpellier, a eu cette frustration ne pas trouver. 

"Quand on reçoit les familles des disparues au service, et quand on n'a plus rien à leur dire, je peux vous garantir qu'on passe un long moment de solitude."

Profil partiel d'ADN

Comptant sur les progrès en matière de recherche scientifique, de nouvelles expertises génétiques sont ordonnées à compter de l'année 2006 dans les deux dossiers.

Sans résultat. En 2013, un laboratoire lyonnais travaille sur la chaussure de Moktaria Chaïb. Il réussit à déterminer un profil partiel d'ADN, mais il est encore techniquement impossible de réaliser des rapprochements génétiques avec la base du FNAEG.

Mais en 2014, le fichier national automatisé des empreintes génétiques se dote d'un nouveau logiciel, plus performant. Et le 10 octobre, le laboratoire BIOMNIS certifie que la trace biologique retrouvée sur la chaussure de Moktaria Chaïb appartient à Jacques Rançon.

Déjà 12 ans en prison

L'homme avait déjà passé douze années de sa vie en prison pour agressions sexuelles. En octobre 2013, il avait écopé d'un an de prison pour menaces de mort sur son ex-concubine, mère de ses deux enfants. 

Il avait été libéré en juillet 2014 après neuf mois de prison. Les enquêteurs procèdent à son interpellation le 16 octobre à 12 h 10, devant son domicile, chemin de la poudrière, à Perpignan. 

À la fin de sa 6e audition dans les locaux de la police judiciaire, il finissait par passer des aveux circonstanciés. 

Il reconnaîtra par la suite la tentative de viol du Pont Arago, la tentative de meurtre de l'avenue de Belfort et le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez.

L'énigmatique disparition de Tatiana Andujar

Reste l'énigmatique disparition de Tatiana Andujar, 17 ans, dans les environs de la gare de Perpignan en 1995. Elle n'a jamais été retrouvée.

Une chose est sûre, Jacques Rançon ne peut être relié à sa disparition, il était en prison à l'époque des faits.

Jacques Rançon : plus de 11 ans de prison avant son incarcération en 2014

 Le 27 janvier 1994 : condamné par le Cour d'assises de la Somme à 8 ans de réclusion criminelle pour viol. Incarcéré du 10 juillet 1992 jusqu'au 6 septembre 1997. Il part alors à Perpignan. 

Le 21 décembre, Moktaria Chaïb est retrouvée poignardée puis le 26 juin 1998 Marie-Hélène Gonzalez.

  • 30 septembre 1998 : 3 ans d'emprisonnement dont 2 assortis du sursis par le Tribunal correctionnel de Perpignan pour violence avec une arme. Libéré le 29 juin 1999
  • 14 novembre 2000 : le tribunal correctionnel d'Amiens le condamne à 5 ans d'emprisonnement pour agression sexuelle. Incarcéré du 23 août 1999 au 4 janvier 2003.
  • 12 septembre 2012 : un an d'emprisonnement pour menace de mort. Libéré le 31 décembre 2012

  • 12 mars 2014 : la Cour d'appel de Montpellier le condamne à un an d'emprisonnement pour menaces de mort réitérées avec injonction de soins en raison d'une dangerosité sociale avérée. Il sort de prison le 12 juillet 2014 et est mis en examen et placé en détention provisoire le 16 octobre 2014.

Déjà condamné en 2018 à la réclusion à perpétuité pour les viols et meurtres de deux femmes à Perpignan en 1997 et 1998, Jacques Rançon a été condamné samedi à 30 ans de réclusion criminelle assortis d'une peine de sûreté de 20 ans par la cour d'assises de la Somme pour le viol et le meurtre d'Isabelle Mesnage durant l'été 1986. 

Les jurés ont suivi les réquisitions de l'avocate générale à l'encontre de l'ancien cariste-magasinier de 61 ans, déjà condamné en 2018 à la réclusion à perpétuité pour les viols et meurtres de deux femmes près de la gare de Perpignan en 1997 et 1998.

"Dans la tête de Jacques Rançon, tout est sexuel, une sexualité violente", avait lancé l'avocate générale Anne-Laure Sandretto lors de ses réquisitions, aux cinquièmes et derniers jours de ce procès.

Jacques Rançon avait avoué en 2019 avoir violé Isabelle Mesnage, une informaticienne de 20 ans retrouvée morte à la lisière d'un bois près d'Amiens, l'avoir étranglée, puis avoir découpé son sexe et ses seins pour effacer son ADN. 

Il avait répété ses aveux devant le juge d'instruction, avant de se rétracter par courrier.

Une jeune informaticienne de 20 ans partie randonner, Isabelle Mesnage avait été retrouvée morte le 3 juillet 1986, à la lisière d'un bois, à une douzaine de kilomètres d'Amiens.

L'enquête avait piétiné avant d'aboutir à un non-lieu en 1992. Elle avait été relancée en 2017 quand une avocate, Corinne Herrmann, spécialiste des affaires restées non élucidées, avait fait le lien entre Jacques Rançon, alors mis en cause pour les meurtres de Perpignan après l'identification de son ADN, et la mort d'Isabelle Mesnage.

L'avocate avait demandé au nom de la famille la réouverture des investigations, pointant également les décès de deux femmes dans l'Aisne restés non élucidés, et obtenu gain de cause.

Une nouvelle autopsie avait confirmé de fortes similitudes avec le mode opératoire de Jacques Rançon. 

Originaire de la Somme, Jacques Rançon a été condamné pour les viols, meurtres et mutilations, notamment au niveau des organes génitaux, de Moktaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez à Perpignan en 1997 et 1998, ainsi que pour avoir tenté de violer une troisième femme et d'en avoir laissé une quatrième pour morte.

Des crimes eux aussi longtemps restés sans réponse, avant que leur auteur ne soit finalement confondu par son ADN en 2014.


Affaire Jean-Claude Romand

Jean claude romandJean-Claude Romand.

L'affaire Jean-Claude Romand ne fait plus la une, mais a défrayé la chronique au début des années 1990. Médecin reconnu, mari adoré, père respecté, Jean-Claude Romand avait tout d'une vie parfaite. 

Et pourtant... Le 9 janvier 1993, l'homme de 41 ans est conduit dans un hôpital de Genève suite à l'incendie de sa maison de Prévessin-Moëns (Ain), dans lequel les pompiers découvrent sa femme, Florence Romand, et ses enfants, Caroline, âgée de sept ans, et Antoine, cinq ans. 

La famille a succombé dans un grave accident

À première vue, tout indique la famille a succombé dans un grave accident. Mais l'enquête prend une tout autre tournure. 

Dans la voiture de location du père de famille, un médecin respecté de l'est de la France, les gendarmes font la découverte d'une note inquiétante, rédigée par Jean-Claude Romand lui-même : "Un banal accident et une injustice peuvent provoquer la folie. Pardon".

Par ces mots, l'homme admet les meurtres de ses proches, d'autant que des traces d'essence sont retrouvées sur les corps de ces derniers. 

Il raconte avoir assassiné sa femme à coup de rouleau à pâtisserie, abattu ses enfants à la carabine puis assassiné, le même jour, ses parents dans leur maison de Clairvaux-les-Lacs, dans le Jura. Il révèle également avoir tenté de se débarrasser de son ancienne maîtresse, Chantal Delalande, sans succès.

Dix-huit années de mensonges

S'ensuit alors une série de révélations bouleversantes. En interrogeant le meurtrier présumé et remontant le fil des années passées, les enquêteurs comprennent que rien, dans la vie de Jean-Claude Romand, n'était ce qu'il paraissait.

Connu de tous en tant que médecin et chercheur à l'INSERM puis à l'Organisation mondiale de la santé, Jean-Claude Romand se révèle n'avoir jamais obtenu le moindre diplôme de médecine.

Bien qu'il ait effectivement suivi des études à la faculté de Lyon, l'homme n'a jamais dépassé le stade de la deuxième année. 

Il s'y est pourtant réinscrit douze fois entre 1975 à 1986, sans jamais parvenir à obtenir le diplôme. Pour faire croire à ses mensonges, celui-ci s'informait dans des ouvrages spécialisés, parvenant même à s'attirer l'admiration et le respect de véritables médecins, avec qui il était ami.

Pendant 18 ans, Jean-Claude Romand a menti à son entourage

Jean-Claude Romand a menti à sa femme et à ses parents, prétendant passer ses journées en consultation et en conférence alors qu'il tuait le temps sur des parkings d'autoroute, près du lac Léman. 

Il entretenait sa famille à l'aide de sommes escroquées à ses proches, prétextant vouloir faire des placements en Suisse. Au moment du quintuple meurtre, la famille de Jean-Claude Romand se rapprochait peu à peu de la vérité. 

Sa femme se plaignait notamment de ne pas pouvoir le contacter dans son bureau de l'OMS, et l'un de ses amis avait compris que celui-ci n'y travaillait pas. 

Lors de son procès, en juin 1996, Jean-Claude Romand déclarera : "Si j'ai tué mon épouse, c'est par rapport à la douleur intolérable qu'elle allait vivre en comprenant mes mensonges." 

Il souligne sa "crainte de décevoir sa famille", et justifie ses mensonges par la "peur de l'échec" et l'"injustice" des diplômes.

Condamné à a la réclusion criminelle à perpétuité

Le 2 juillet 1996, Jean-Claude Romand est condamné à a la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de vingt-deux ans. Il est libéré en janvier 2015, non sans avoir marqué la France par ses mensonges titanesques.


Cold cases : ces affaires ne doivent pas tomber dans l’oubli

Logo diane 1

Une structure dédiée aux affaires non résolues

Capture d ecran 2020 10 11 a 19 29 22 1Colonel Fabrice Bouillié.

Dénommé Division des Affaires Non Élucidées (DiANE) a été créée au PJGN

Complexes, anciens, ils ont mis en échec des dizaines d'enquêteurs et continuent de hanter des familles entières. 

Les cold cases constituent « un enjeu humain très fort », estime le général Bernard Thibaud, sous-directeur de la PJ de la gendarmerie.

Pour tenter de résoudre certains de ces dossiers insolubles, la gendarmerie vient d'officialiser la création d'une « Division cold case ». Ses 33 gendarmes sont dirigés par le colonel Fabrice Bouillié.

Pourquoi cette division peut-elle aider à résoudre des cold cases ?

Fabrice Bouillié : depuis la cellule Ariane et l'enquête sur Nordahl Lelandais, nous avons appris à travailler avec des profils très différents. 

On fait collaborer des analystes, des enquêteurs, des scientifiques, des psycho criminologues… C'est une méthode efficace sur les cold cases, car cela apporte un œil neuf. 

Notre mission est de faire émerger de nouvelles hypothèses ou d'aider les enquêteurs à sortir du tunnel dans lequel ils peuvent se trouver quand ils ont poussé une piste qui n'a pas abouti. 

Mais par respect pour les victimes et les familles, ces affaires ne doivent pas tomber dans l'oubli.

La division s'appuie sur des psycho criminologues quel est leur apport sur un cold case ?

Cette spécialité n'existait pas au moment de certains crimes qui restent encore non résolus. Ces experts sont capables de dégager des pistes qui n'avaient pas forcément été imaginées.

Grâce à une scène de crime, ils peuvent par exemple déterminer le profil d'un auteur. Si une victime est recouverte après des sévices, on peut par exemple voir que le tueur la connaît, qu'il a eu honte de son crime.

On va donc se concentrer sur des proches, des gens qui fréquentaient la victime.

Comment vous servez-vous des évolutions de la science ?

Quand nous prenons un dossier, des analystes reprennent tous les scellés. Ils font un tri en fonction des expertises initiales, de l'état de la science à l'époque.

Ensuite, ils vont déterminer ce qui mérite d'être réanalysé à l'aune des nouvelles technologies. Enfin, l'œil neuf offert par la division peut pousser les experts à se pencher sur des scellés écartés à l'époque.

Si on dégage de nouvelles pistes, des scellés qui semblaient sans intérêt il y a 20 ans et n'avaient donc pas été analysés peuvent devenir la clé d'une enquête.

Sur combien de dossiers travaille actuellement la division ?

Nous gérons 14 dossiers en lien avec les sections de recherches saisies. Pour certains, nous sommes dans une étude de faisabilité : il s'agit d'évaluer si nous pouvons dégager de nouvelles pistes, analyser de nouveaux éléments. D'autres dossiers sont plus avancés...


Affaire Anaïs Guillaume : la découverte du corps de cette femme disparue en 2013

PhpwhcdksDes recherches sont menées le 29 octobre 2019 à Fromy (Ardennes) pour retrouver le corps d'Anaïs Guillaume.

Après six ans d'attente et de recherche, le corps d'Anaïs Guillaume a enfin été découvert grâce à une lettre anonyme. 

Les ossements retrouvés mardi 29 octobre à Fromy (Ardennes) sont en effet ceux de la jeune femme disparue en avril 2013 à l'âge de 21 ans.

De quoi relancer l'enquête sur les circonstances du meurtre ? A quelques mois du procès en appel de Philippe Gillet, l'exploitant agricole de 46 ans condamné en avril 2019 à vingt-deux ans de prison pour ce meurtre, la justice a ordonné un supplément d'information. Passage en revue de ce que l'on sait de cette affaire et de l'enquête.

Depuis quand Anaïs Guillaume était-elle portée disparue ?

Originaire de Blagny, près de Carignan, dans les Ardennes, la jeune femme n'avait plus donné signe de vie depuis le 16 avril 2013, rappelle France 3 Grand Est.

Elle avait quitté ce jour-là le domicile de ses parents à Blagny, sans papiers ni affaires personnelles, pour se rendre chez Philippe Gillet, avec qui elle entretenait une relation.

L'agriculteur avait déclaré aux gendarmes que la jeune femme était partie de sa ferme en pleine nuit.

Deux jours plus tard, la voiture d'Anaïs Guillaume a été retrouvée calcinée dans un bois près du hameau de Chameleux, en Belgique, à 11 kilomètres de la ferme de Philippe Gillet située de l'autre côté de la frontière.

Depuis, le corps était introuvable.

Comment le corps a-t-il été découvert ?

Des lettres anonymes envoyées il y a quelques semaines à la justice et à l'avocat de Philippe Gillet ont révélé que le corps de la jeune femme disparue se trouvait bien sur le terrain de la ferme de l'agriculteur.

"Une lettre anonyme est parvenue au parquet de Charleville il y a quelque temps déjà. Ce n'était pas la première. Ne voyant rien venir, ne voyant aucune investigation se préparer, la fille aînée de Philippe Gillet a décidé avec un ami d'aller fouiller ce qu'elle pensait bien être une scène de crime". "On a trouvé les traces d'ossements.", puis alerté les gendarmes.

Les forces de l'ordre ont effectivement trouvé, à l'endroit indiqué, un squelette humain, sous du fumier. En 2015, selon la justice, l'endroit avait été fouillé, mais sans "excavation", précise Le Parisien. 

Les enquêteurs n'avaient donc pas creusé à cet endroit.

Les ossements ont-ils été identifiés ?

Les prélèvements effectués sur la dentition n'ont pu être exploités, mais des tests ADN ont été pratiqués sur les restes de la victime. 

"D'après les résultats, les enquêteurs sont sûrs quasiment à 100% qu'il s'agit bien des restes de ma fille", a déclaré vendredi soir à l'AFP Fabrice Guillaume, le père de la victime.

"Nous allons enfin pouvoir faire le deuil d'Anaïs", a-t-il ajouté. "On voulait vraiment retrouver Anaïs pour pouvoir la mettre en terre et que l'on puisse aller se recueillir sur sa tombe.

Cela fait six ans et demi que l'on cherche Anaïs, on est soulagés car on va pouvoir lui rendre hommage dignement et qu'elle soit à côté de nous. Et c'est en même temps de la tristesse et de la colère", a-t-il confié à France 3 Grand Est.

Qui est l'homme condamné pour le meurtre ?

Décrit comme "violent" et "machiavélique" lors de son procès, Philippe Gillet a été condamné en avril 2019 à vingt-deux ans de réclusion criminelle pour le meurtre de la jeune femme par la cour d'assises des Ardennes.

Lors de ce même procès, la justice l'a en revanche acquitté du deuxième meurtre dont il était également accusé : celui de son épouse, Céline Gillet, 34 ans, survenu en janvier 2012.

A l'époque, Philippe Gillet avait assuré que sa femme était morte écrasée par une vache, mais la thèse de l'accident a été remise en cause après la disparition d'Anaïs Guillaume.

L'avocat général Jacques Louvier a dénoncé un "pseudo-accident" et esquissé ce scénario : Philippe Gillet aurait mortellement frappé sa femme après s'être disputé avec elle au sujet de sa liaison avec Anaïs Guillaume. 

L'accusé avait plaidé l'innocence dans les deux cas, mais des "indices pléthoriques" ont fait pencher la balance du côté de sa culpabilité dans la disparition d'Anaïs Guillaume.

Il avait ainsi acheté deux sacs de chaux de 25 kg la veille de la disparition de la jeune femme, puis il avait utilisé, dans la nuit du 16 au 17 avril 2013, une remorque capable de transporter une voiture.

Il avait enfin, cette même nuit, manipulé plusieurs téléphones portables. Pendant le procès, il a tenté de plaider que la jeune femme était vivante et avait peut-être "refait sa vie à l'étranger",

Pour le parquet général, qui avait requis trente ans de réclusion criminelle à son encontre, Philippe Gillet a voulu tuer les deux femmes parce qu'elles voulaient le quitter.

Dans les deux cas, il était la dernière personne à les avoir vues vivantes. Après le verdict, l'avocat général, Jacques Louvier, avait fait appel du jugement, estimant "aberrant" que la cour d'assises de Charleville-Mézières n'ait pas retenu la préméditation.

Un nouveau procès doit se tenir.

Que change cette découverte pour l'enquête ?

Les enquêteurs vont chercher l'origine des lettres anonymes ayant permis la découverte du corps. Car ces courriers tentent également de jeter le doute sur la culpabilité de Philippe Gillet.

Les missives affirment notamment qu'Anaïs Guillaume, après sa disparition, a été retenue pendant trois ans contre sa volonté en Belgique, et qu'elle "était en vie jusqu'en avril 2016" une date à laquelle Philippe Gillet était déjà en détention provisoire, depuis janvier 2016. 

"Les coupables de la disparition d'Anaïs sont toujours en liberté", proclame une des lettres.

B9724942755z 1 20201015173412 000 g45gso5ed 1 0Un an après la découverte des ossements d’Anaïs Guillaume, ses parents n’ont toujours pas pu enterrer leur fille. - Archives.

Quelle est la réaction de la famille de la victime ?

Pour la famille d'Anaïs Guillaume, ces révélations sont orchestrées par Philippe Gillet, avec l'aide de sa fille, pour tenter de disculper le meurtrier avant son procès en appel prévu dans quelques mois. 

"Ils ont encore comploté cela", estime le père de la victime, interrogé par France 3 Grand Est. "Sa fille va dans le champ et trouve tout de suite l'endroit, ce n'est pas possible. 

Moi, ce champ-là, j'y suis passé 25 000 fois, je n'ai jamais rien vu."

Avec la découverte du corps, la justice doit se saisir à nouveau du dossier pour durcir les chefs d'inculpation, estime aussi Fabrice Guillaume. 

"Il faut qu'il [Philippe Gillet] soit reconnu coupable non pas de meurtre, mais d'assassinat et qu'il prenne le maximum".

Il attend désormais que la justice lui précise "la date du décès d'Anaïs et si le corps a été bougé de place". "Nous, on sait depuis le début que c'est lui, pour nous ça ne change rien, sauf qu'il faut qu'il soit puni. 

La page ne sera jamais tournée. On vivra toujours avec la haine et la tristesse de cette histoire-là. Elle sera tournée un peu quand lui sera condamné. Ce que l'on attend, c'est cela, c'est la condamnation", ajoute-t-il.


Disparition : de Cécile Vallin 17 ans en Savoie

1514124 cecile vallin 1Cécile Vallin.

Cela fait 25 ans cette année que les proches de Cécile Vallin vivent avec la douleur de ne pas savoir. Qu'est-il advenu de la jeune adolescente disparue un week-end de juin en 1997 

"Pour moi", c'est une obligation, Cécile n'a pas disparu toute seule. Les personnes qui la connaissaient savaient qu'un tel acte n'était absolument pas pensable. 

Il y a au moins une personne qui est responsable de sa disparition, qui sait ce qu'il s'est passé. Il faut que cette personne parle", a déclaré avec émotion Jonathan Oliver.

Dimanche 8 juin 1997, il est minuit passé quand Maryse Vallin, professeure, son deuxième mari, proviseur, et deux enfants du couple, rejoignent l'appartement familial, dans l'enceinte même du lycée Paul Héroult, à Saint-Jean-de-Maurienne. 

Maryse Vallin a la surprise de trouver la chambre de sa fille aînée, Cécile, née d'un précédent mariage, totalement vide.

Une disparition jugée très vite inquiétante

Ce week-end-là, la lycéenne avait décidé de ne pas accompagner sa mère et son beau-père à une fête de baptême dans le Midi. Elle voulait réviser l'épreuve de philo du bac, prévue dans une semaine. 

La famille est immédiatement inquiète, il n'est pas dans les habitudes de Cécile, fille sérieuse et prévenante, de découcher sans prévenir. 

On appelle tout de suite une collègue enseignante qui héberge un lycéen, Jérémy, petit ami de Cécile depuis deux ans, mais elle n'est pas chez eux. 

La gendarmerie est alertée en pleine nuit, la mère et le beau-père sillonnent les rues désertes de Saint-Jean-de-Maurienne.

Lundi 9 juin au matin, la disparition inquiétante se confirme, car il s'agit d'une mineure. Cécile Vallin, 17 ans, 1 mètre 65, cheveux courts châtain foncé, yeux marrons vert selon la fiche descriptive et la photo qui l'accompagne, est activement recherchée. 

Les gendarmes visitent l'appartement familial et la chambre de la lycéenne, mais ne trouvent rien, tout parait en ordre et correctement rangé. Il n'y a aucune trace de lutte, la couette est saisie, mais l'expertise ADN ne donnera aucun élément probant. Sur le petit bure

Les derniers appels téléphoniques de Cécile

À l'époque, les téléphones portables sont encore rares et Cécile n'en possédait pas. Les relevés téléphoniques au domicile indiquent qu'elle a appelé dimanche à 10 h 45 sa demi-sœur Chloé, 23 ans, mais celle-ci était absente. 

Vers 16 h 45, elle a parlé avec sa meilleure copine Sandrine. À 17 h 18, elle a téléphoné à son père, Jonathan Oliver, un Britannique qui vit en Normandie. 

Elle lui parle d'une petite fête improvisée dans l'appartement la veille avec des amis. Elle dit être gênée, car elle n'avait pas demandé l'autorisation à sa mère. La conversation est légère, son père la rassure et l'encourage pour ses révisions.

Sitôt sa disparition signalée, des témoins ne tardent pas à se manifester. Plusieurs personnes disent avoir aperçu Cécile aux alentours de 18 h 00, une fois près d'une cabine téléphonique, une autre à la gare de Saint-Jean-de-Maurienne, une autre fois le long de la départementale, à la sortie de la ville. 

Un autre témoin indique lui avoir vu la lycéenne devant l'école de Pontamafrey à 18 h 45, localité à deux kilomètres de Saint-Jean. 

Le témoignage est jugé très crédible et c'est donc là que la jeune fille a été aperçue pour la dernière fois. Les enquêteurs écartent rapidement les hypothèses de la fugue et le suicide. 

Reste la piste de la mauvaise rencontre ou des déboires sentimentaux alors que la jeune femme venait de confier se sentir partagé entre deux petits amis...

Si vous avez des informations, sur la disparition de Cécile VALLIN. contactez-nous : ocrvp@interieur.gouv.fr 0800 358 335.


Henri Désiré Landru : né le 12 avril 1869 à Paris et mort le 25 février 1922 à Versailles 

Photo prise en novembre 1921 lors de son proces a paris de henri desire landru accuse du meurtre de dix femmes et d un jeune garcon qui fut condamne a mort et execute le 25 fevrierHenri-Désiré Landru.

Horrifiés et fascinés à la fois, anonymes et gens du monde se ruent pendant trois semaines à la cour d'assises de Versailles pour apercevoir ce petit homme chauve à la longue barbe noire et au regard perçant, escroc et séducteur devenu Barbe-bleue. 

Et se régaler de ses répliques. Tous sont captivés par le mode opératoire diabolique de cet homme d'apparence si ordinaire dont on n'a jamais retrouvé les victimes et qui sera condamné le 30 novembre à la peine capitale. 

Dix femmes (et le fils de l'une) appâtées, entre 1915 et 1919, par petites annonces dans les journaux, promesse de mariage à l'appui. Puis tuées dans la maison isolée qu'il loue à Gambais, à l'ouest de Paris. 

L'arrestation de Landru, la tenue du procès-fleuve et le verdict doivent beaucoup à l'opiniâtreté de l'inspecteur de police Belin. En l'absence de preuves matérielles et d'aveux, il accumule un faisceau d'indices qui convaincront le jury de la culpabilité d'un homme méthodique jusqu'à la maniaquerie. 

Celui-ci consigne tout dans son carnet : détails physiques sur ses proies, achat de scies à métaux par dizaines ou horaire devant le prénom des victimes, macabre indication du moment précis des crimes... 

Né en 1869 à Paris marié et père de quatre enfants

Henri-Désiré Landru a longtemps vécu de petits boulots. Autoproclamé ingénieur, il invente au tournant du siècle une motocyclette qu'il fait breveter. Elle n'est jamais commercialisée, mais sera le point de départ de ses nombreuses escroqueries. 

L'ex-enfant de chœur séjourne trois fois en prison avant une nouvelle carambouille pour laquelle il est condamné par contumace en 1914, peine assortie d'une relégation au bagne de Cayenne. 

Mais la guerre éclate et la désorganisation qu'elle entraîne sert le fuyard. Dans la clandestinité, il utilise jusqu'à 96 identités, déménage une quinzaine de fois. 

Les hommes sont au front, les femmes seules ; il publie des annonces matrimoniales où il se fait passer pour un veuf aisé cherchant l'âme-sœur. C'est un séducteur sans grande envergure, mais il présente bien. 

Beau parleur et plein d'humour. En contact avec 283 prétendantes, il ne retient que des célibataires isolées ou des veuves. Avec pécule.

À Vernouillet puis à Gambais, de 1915 à 1919

Il reproduit le même scénario : il "recrute" une fiancée, la séduit, lui fait signer une procuration, fait main basse sur ses économies avant de la tuer et de faire disparaître son corps. 

Vraisemblablement brûlé, en partie, dans la cuisinière : les voisins diront avoir senti des odeurs nauséabondes s'échapper de la cheminée. Élément accablant produit au procès : 

Landru achète un billet de train aller-retour pour lui-même, mais un aller simple pour ces dames. Prénommées Jeanne, Berthe ou encore Anna... 

Le doute subsiste sur une douzième victime. Le 12 avril 1919, l'homme le plus recherché de France et qui se fait alors appeler "Lucien Guillet" est finalement arrêté chez lui, à Paris. La sœur d'une victime l'a reconnu dans la rue et a alerté la police. 

"L'affaire Landru" fait la une des journaux et la légende du criminel est solidement forgée quand s'ouvre, deux ans et demi plus tard, son procès. L'engouement est considérable. Chaque matin, à la gare Saint-Lazare, le train pour Versailles, surnommé le "train Landru", est bondé. 

Colette couvre le procès pour "Le Matin". Un vrai spectacle, avec bons mots réels ou apocryphes de l'accusé et effets d'audience. Comme quand son avocat, le ténor du barreau Vincent de Moro-Giafferi, note que tout le monde a tourné la tête quand il annonce l'entrée d'une des disparues, preuve qu'il existe un doute sur ces morts. 

Un argument qui n'émeut pas l'avocat général : Landru, lui, n'a pas bougé, réplique-t-il. L'accusé et son numéro d'acteur finissent par lasser. 

Et le jury suit l'accusation qui demande la peine de mort pour cet "assassin dégouttant du sang de ses victimes". 

Le 25 février 1922

Au petit matin, Landru est conduit sur le parvis de la prison de Versailles  Le président Millerand vient de lui refuser la grâce. Juste avant l'exécution, son avocat lui demande s'il veut libérer sa conscience. 

"Cela, maître, c'est mon petit bagage", lâche-t-il, sibyllin. À 06 h 04, la lame de la guillotine tombe. Landru est parti avec ses secrets. 


Le mystère des massacres de l’Ordre du Temple solaire

Massacre de l ordre du temple solaireGrange-sur-Salvan Suisse.

Le 4 octobre 1994, cinq personnes sont retrouvées mortes dans des maisons jumelées à Morin-Heights : trois victimes, dont un bébé a été poignardé et les deux autres se sont suicidées. La résidence fut ensuite incendiée via un dispositif mis en marche par un appel téléphonique.

Une série de meurtres et de suicides collectifs, en Europe et au Canada, va révéler le sombre dessein de la secte de l'Ordre du Temple solaire (OTS). Comptant à l'époque 600 adeptes instruits et influents, le mouvement a marqué l'opinion par l'ampleur des horreurs commises L’OTS apparaît quelque part au milieu des années 1980.

Il se veut un prolongement très lointain de l’ordre des Templiers, un ensemble religieux et militaire né au 12e siècle en Europe. De plus, les idéologues de l’OTS intègrent des croyances diverses à leur dogme.

« On croyait qu’il existait des grands-maîtres qui résidaient sur l’étoile de Sirius et qui guidaient l’humanité vers l’éveil spirituel. 

Ces grands-maîtres communiquaient avec Joseph Di Mambro, le fondateur, et allaient lui indiquer le moment pour effectuer un aller simple vers Sirius. Les adeptes croyaient que la réincarnation leur permettrait de devenir des maîtres à leur tour. ».

Des disciples issus de la haute société

Joseph Di Mambro a été le stratège financier et l’organisateur de l’OTS, qu’il a dirigé avec Luc Jouret, un médecin versé dans l’homéopathie, et Michel Tabachnik, un chef d’orchestre devenu l’idéologue du groupe. 

Pendant les cérémonies, les fidèles n’y voyaient que du feu devant les trucages et les illusions orchestrés notamment par Jocelyne Di Mambro, femme du fondateur de l’Ordre.

On tenait aussi des travaux forcés, et l’exploitation sexuelle des disciples était répandue. Parmi ces soumis, on trouvait des cadres d’Hydro-Québec et un maire québécois.

En France, on comptait sur la présence de membres de la famille Vuarnet, qui faisait partie du gratin du sport et de la mode.

Le passage à l’acte et l’horreur

Tout a basculé au début des années 1990. L’arrestation de Luc Jouret, qui souhaitait se procurer des armes à feu, a suscité la panique au sein de l’OTS.

La contestation interne s’est faite de plus en plus forte. La paranoïa s’est emparée de ses membres.

La décision d’effectuer le « transit », c’est-à-dire se donner la mort pour espérer atteindre l’étoile de Sirius, est devenue la seule option possible aux yeux des gourous.

Le 5 octobre 1994, les corps de 25 personnes ont été retrouvés à Salvan, en Suisse, mortes par injection. Dans le même pays, à Cheiry, 23 autres victimes ont été découvertes, dont plusieurs assassinées.

L’OTS est resté relativement inconnu jusqu’en 1994

En l’espace de trois ans et demi, 74 de ses membres décèdent dans des circonstances tragiques : 5 décès le 4 octobre 1994 à Morin Heights, au Québec, 25 décès à Grange-sur-Salvan et 23 décès à Cheiry, en Suisse le 5 octobre 1994, 16 décès le 15 décembre 1995 au Vercors, en France, et finalement 5 décès le 23 mars 1997 à St-Casimir-de-Portneuf, au Québec.

Jo Di Mambro et Luc Jouret comptent parmi les victimes de Grange-sur-Salvan.

Les enquêtes policières menées à ce jour ont conclu à un suicide collectif. Les documents laissés par l’OTS, de même que les conférences et communications des dirigeants laissent en effet entendre que les membres se préparaient à ce qu’ils appelaient un « transit », c’est-à-dire un processus menant à leur transport dans un autre monde.

Trois éléments fondamentaux des enseignements de l’OTS permettent de remettre en contexte les justifications qui ont permis aux dirigeants de promouvoir l’idée du « transit » au sein des membres.

D’abord, la croyance (influencée entre autres par la théosophie de Mme Blavatsky et par la pensée d’Alice Bailey) qu’il existe des « Maîtres » résidant sur une étoile nommée Sirius, et qui se sont donné pour mission de guider l’humanité vers l’éveil spirituel. Par le transit, les membres de l’OTS prétendaient être en mesure de se rendre sur Sirius.

La croyance en la réincarnation

La croyance en la réincarnation, qui permet aux adeptes d’affirmer que leur esprit peut quitter leur corps terrestre, être réincarné sous une forme de vie spirituelle élevée, et devenir eux-mêmes des maîtres ascensionnés.

Finalement, un message apocalyptique à saveur écologique qui cherche à convaincre les adeptes de la fin imminente de la planète, du déclin inévitable de l’humanité, et de l’impossibilité d’un salut sur la Terre.

La combinaison de ces trois éléments à l’intérieur de la rhétorique des dirigeants de l’OTS a fort probablement permis à ceux-ci de convaincre les adeptes de la nécessité de procéder à un « transit » vers une autre dimension de la vie humaine.

Ces drames faisaient suite à la découverte de cinq corps, le 30 septembre, dans un chalet de Morin-Heights, au Québec. 

Puis, en 1995, 16 autres personnes ont péri dans un incendie en plein milieu d’une clairière du Vercors, en France.

Finalement, un dernier suicide collectif s’est déroulé à Saint-Casimir, dans la région de Portneuf, emportant cinq personnes dans la mort. Les ramifications de cette saga sont internationales. Pourtant, le portrait des événements demeure incomplet.

« La justice a vraiment laissé passer les coupables entre les mailles du filet. On aurait pu prévenir d’autres événements si, dès les premiers massacres, on avait fait des perquisitions et infiltré la secte », dit Marc Laurendeau.

Plusieurs proches des victimes, ainsi que quelques journalistes, ont remis en question la thèse du suicide collectif et parlent plutôt de meurtres.

À ce jour, seul Michel Tabachnik, qui fut impliqué de près dans l’Ordre, fut poursuivi pour association de malfaiteurs, inculpation dont il fut relaxé en 2001.

Bien que la justice ait clos le dossier, la distinction entre suicide et meurtre dans cette affaire reste difficile à déterminer et beaucoup de gens croient encore que les véritables responsables sont toujours vivants et sont restés impunis.


Marjorie West 4 ans : disparu le 8 mai 1938 à Marshburg en Pennsylvanie

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Photo Marjorie West.

Dimanche 8 mai 1938. La messe terminée, Shirley, Cecilia West et leurs trois enfants, Dorothea, 11 ans, Allan, 7 ans et Marjorie, 4 ans, prennent la route de Marshburg pour célébrer la fête des mères avec un pique-nique. En bordure de la forêt nationale d'Allegheny, la petite famille rencontre un couple d'amis, Mr et Mrs Lloyd Akerlind. 

Les hommes se préparent pour la pêche, Cecilia West regagne la voiture pour se reposer et ses filles, Dorothea et Marjorie, s'amusent à cueillir des fleurs sauvages. 

Bientôt, les deux fillettes rassemblent un joli bouquet de violettes. Dorothea s'éloigne pour le montrer à sa mère, sans imaginer qu'elle ne reverra jamais sa petite sœur...

En revenant sur le lieu de la cueillette, la petite Dorothea s'étonne de ne pas y retrouver Marjorie. Imaginant que celle-ci a décidé de jouer à cache-cache, comme elle le faisait toujours, la fillette part à sa recherche. 

Mais outre le bouquet de violettes que Marjorie avait dans la main, Dorothea revient bredouille. Rapidement, les West alertent les autorités. 

Des centaines d'hommes prêtent main forte aux policiers pour retrouver l'enfant disparue. Le 10 mai, un chien renifleur suit la trace de la petite fille jusqu'à un chalet fermé à double tour. Mais à l'intérieur, rien n'indique que Marjorie y est passée.

En une semaine, 60 km2 sont passés au peigne fin par des milliers de volontaires. "Une ligne d'hommes, debout côte à côte, cherchent sur la Chappel Fork Road jusqu'à ce que les responsables ne leur donnent le signal pour entrer dans la forêt. 

Les ouvriers ont côtoyé les cadres", racontera, plus tard, le journal Bradford Era, saluant les efforts déployés pour retrouver la fillette disparue. 

Malheureusement, aucun de ces efforts, ni aucune des nombreuses pistes explorées par les enquêteurs, ne permettra de retrouver la trace de l'enfant...

La petite Marjorie retrouvée à soixante ans passés ?

Quatre-vingt-quatre ans plus tard, la petite Marjorie West reste officiellement portée disparue. Un homme, un certain Harold Thomas Beck, affirme néanmoins l'avoir retrouvée. 

Dans son livre Finding Marjorie West, l'ex-rédacteur en chef du Mountain Laurel Review affirme avoir localisé la fillette disparue grâce à des portraits vieillis d'elle et de sa sœur. 

Au début des années 2000, le journaliste aurait été contacté par une femme affirmant avoir une collègue ressemblant trait pour trait au cliché d'une Marjorie West plus âgée : une certaine Sylvia Waldrop London. 

Contactée par Beck, celle-ci aurait nié toute connexion avec la fillette disparue, avant d'admettre, quelques années plus tard, avoir menti. Selon Harold Beck, London aurait révélé avoir appris par sa mère, lorsque celle-ci était sur son lit de mort, que son père l'avait kidnappée dans un parc alors qu'elle n'était qu'une enfant. 

De plus, Sylvia aurait admis ce souvenir des prénoms Dorothea et Allan. 

Aujourd'hui, la version de Sylvia Waldrop London n'a jamais été prouvée. En effet, cette dernière est décédée le 27 février 2009 d'un cancer, emportant peut-être avec elle la vérité sur la disparition de la petite Marjorie West...


Une série de disparitions mystérieuses et inquiétantes dans une forêt des Hautes-Alpes

Image 4Des randonneurs disparus au fil des ans.

Six personnes ont disparu en quelques années après s'être promenées dans la forêt du Boscodon. Toutes les pistes sont explorées. 

Le mystère reste entier autour de disparitions inexpliquées dans la forêt du Boscodon dans les Hautes-Alpes. Six personnes se sont évaporées depuis un quart de siècle et leur corps n'a jamais été retrouvé. 

Ce cadre majestueux de 1 000 hectares est un spot privilégié pour faire de la randonnée. Mais cette série de disparitions inquiète les promeneurs et les habitants.

La dernière disparition en date remonte au 26 novembre dernier, il s'agit de Laurence Klamm, une marcheuse expérimentée de 60 ans, partie pour une balade d'une heure, comme le rapporte France info. 

Durant les recherches, les chiens ont perdu la trace de la femme juste après un pont. Elle avait été aperçue quelques minutes plus tôt sur la route. Les chiens semblent également avoir perçu sa trace. Or depuis elle est introuvable.

Une forêt maudite

Un mois avant la disparition de Laurence Klamm, le 23 octobre, c'est un homme de 41 ans Cédric Delahaie qui avait disparu. Son véhicule ainsi que son sac à dos ont été retrouvés. 

Cependant, son corps vient d'être retrouvé au mois de juin en contrebas d'un massif. Un prélèvement ADN ne lui appartenant pas a été retrouvé dans son sac de couchage. 

Mais pour l'heure, cela n'a rien révélé. Depuis 1995, six personnes ont été portées disparues.

Monique Thibert, 60 ans, a disparu le 2 juin 2015 au détour d'un virage ses amis qui l'accompagnaient ne l'ont plus vue. Et Marie-Christine Camus, 62 ans, n'a plus donné signe de vie depuis le 25 décembre 2016. 

La piste criminelle n'est pas écartée

Le corps de Cédric Delahaie a été retrouvé en juin, et un autre corps, celui d'une femme dont les analyses sont en cours a été découvert mi-juillet. Des ossements encore en cours d’identification ont aussi été prélevés. 

Les analyses vont peut-être permettre de connaître les raisons de la mort de ces trois personnes. Et identifier les deux dont on ignore encore l'identité.  Suicide, accident, ou crime. 

Les avis sont partagés. Les pistes explorées, même si les enquêtes ne donnent rien pour le moment. 

Les habitants des alentours, eux, sont partagés même si tous conviennent qu'il y a un mystère et parlent de disparitions inquiétantes.

Jean-Pierre Gandois, le maire de Crots, petite commune à proximité de cette forêt, déclare qu'une petite psychose s'est mise en place depuis quelque temps.

Le parquet de Gap ne privilégie pas la piste criminelle et n'a pas voulu lier les affaires entre elles.


Peyrebeille « L’auberge rouge »

Auberge de peyrebelleL’auberge de Peyrebeille.

Sur le plateau de la montagne ardéchoise, à 1260 mètres d’altitude, sur la route nationale entre Aubenas et le Puy-en-Velay, à la frontière entre l’Ardèche et la Haute-Loire.

À quelques kilomètres du village de Lanarce, au milieu d’une nature sauvage, se situe l’auberge de Peyrebeille où déjà au XVIe siècle les moines de Mazan avaient établi une maison pour que les voyageurs puissent se restaurer et se reposer.

Le décor est planté : celui d’une des plus retentissantes affaires criminelles du 19e siècle : l’affaire de « l’Auberge Rouge ». Source d’inspiration de plusieurs écrivains et cinéastes, histoire racontée de génération en génération dans les familles ardéchoises, l’auberge de Peyrebeille aura fait couler beaucoup d’encre et l’affaire criminelle dont elle fut le témoin l’a rendue tristement célèbre.

Entre légende et réalité « L’auberge rouge » 

Pierre Martin, et son épouse Marie Breysse, s’installent en 1808 dans le hameau de Peyrebeille. Ils reprennent comme métayers, un corps de ferme, succédant aux parents de Marie. 

En ce lieu désolé, ils décident de construire une auberge. Les futurs aubergistes sentent qu’il manque, entre les deux entrées du plateau, un relais sur cette route très fréquentée. 

Dans un premier temps, ils transforment l’habitation en auberge – relais. En 1818, ils édifient l’auberge, font raser des bâtiments proches qu’ils viennent d’acheter et construisent l’important édifice que l’on peut voir encore aujourd’hui.

 Ils vont gérer ce lieu d’une main de maître, les aubergistes se font rapidement une excellente réputation grâce à l’attrait de leur table et au fait qu’ils soient toujours prêts à aider les voyageurs en difficulté.

Les affaires prospèrent avec une telle rapidité que le couple Martin achète bientôt plusieurs terres aux environs, ils prêtent même des sommes importantes à plusieurs de leurs connaissances.

Devenus riches, le couple commence à attirer la curiosité des voisins, voire la méfiance et la crainte. D’où vient cette fortune ? « Comment devient-on aussi riche en si peu de temps quand on a commencé avec seulement une chèvre blanche et une vache noire ? »

Peyrebeille 01

Le 2 octobre 1833, la première à passer sous la guillotine est Marie Martin suivie de son mari Pierre et de leur domestique. Ce dernier, avant d’être exécuté, s’écrie : « maudits maîtres, que m’avez-vous fait faire ?»

La rumeur

Une rumeur enfle rapidement : le couple d’aubergistes, avec la complicité de leur neveu André Martin et de leur domestique, Jean Rochette surnommé « Fétiche».

(Le teint hâlé de Jean Rochette le fera décrire à tort comme un mulâtre originaire d’Amérique du Sud. En fait, il est bien d’origine ardéchoise.), assassinerait et détrousserait les voyageurs qui font étape la nuit dans leur auberge.

Entre 1818 et 1830, on prête aux époux Martin et à leurs complices une centaine de meurtres et disparitions.

Et un enrichissement sordide sur le dos de leurs clients.

Tout le monde les soupçonne, mais tout le monde craint les aubergistes et leur robuste domestique… Personne ne les dénonce. 12 octobre 1831 ce jour-là, au bord de la rivière Allier, le crâne fracassé et le genou broyé, le corps du maquignon Jean-Antoine Enjolras est retrouvé par des pêcheurs.

Ce cultivateur de 72 ans aurait disparu alors qu’il rentrait de la foire de Saint-Cirgues-en-Montagne où il était allé acheter du bétail. Sur le chemin du retour, il aurait égaré sa génisse et la nuit tombante aurait cessé ses recherches.

Il aurait décidé de passer la nuit du 12 octobre 1831 dans l’auberge des Martin… La rumeur a trouvé son coupable : ce sont les aubergistes qui l’ont tué pour le détrousser comme tant d’autres clients auparavant.

Arrêtés le 1er novembre, Pierre Martin et son neveu, André Martin sont des coupables tout désignés… Certains témoignages confortent l’opinion publique.

Le lendemain, le domestique Jean Rochette est également arrêté. Les trois accusés sont transférés à Largentière.

L’épouse de l’aubergiste, Marie Breysse, est arrêtée quelques jours plus tard. L’auberge est fouillée. Pas de preuves, pas de traces des meurtres ou des disparitions. Ces preuves, ont-elles été effacées ?

Le procès 

Le 18 juin 1833, leur procès s’ouvre aux Assises de l’Ardèche à Privas. Les époux Martin, Jean Rochette et André Martin sont accusés de deux assassinats, quatre tentatives d’assassinat et de plusieurs vols entre 1808 et 1831. 

Cent neuf témoins sont appelés à la barre et le procès s’enlise. On pense même à prononcer l’acquittement des accusés. 

Des témoins disent avoir vu des draps de lits ou les murs de l’auberge tâchés de sang, d’autres soupçonnent les aubergistes d’avoir fait disparaître les corps en les brûlant, d’autres se disent témoins de brancardages de cadavres la nuit le long des chemins. 

Certains évoquent même la possibilité que les aubergistes ont fait mijoter leurs victimes dans la marmite pour le dîner… 

Si ces témoignages, dont on peut douter de la véracité, arrivent trop tard pour les dizaines de meurtres mis au crédit des aubergistes, leur sort semble scellé à propos du meurtre de Jean-Antoine Enjolras. 

Selon le témoin Claude Pagès, le cadavre aurait été transporté sur une charrette par Pierre Martin, le domestique et un inconnu depuis l’auberge jusqu’à la rivière.

Laurent Chaze, un mendiant de la région aurait tout vu et entendu. Ce soir-là, il est chassé de l’auberge, faute de pouvoir payer son lit. Caché dans une remise, il aurait assisté à l’assassinat d’Enjolras. 

S’il semble vrai que Chaze ait vu quelque chose d’anormal, il est aussi possible que son témoignage ait été « arrangé ». 

En effet, celui-ci s’exprimait en patois tandis que les audiences se déroulaient en français. La communication était compliquée. 

L’avocat de Jean Rochette a, au cours de sa plaidoirie, implicitement accepté le fait que son client était un assassin en plaidant l’irresponsabilité de ce dernier car il ne pouvait pas échapper à l’influence de ses maîtres. 

Cette plaidoirie a sans doute contribué à sceller le sort des accusés un seul, des chefs d’accusation sera retenu : celui du meurtre de Jean-Antoine Enjolras. 

Le 25 juin 1833, le jugement est rendu : André Martin, le neveu, est totalement blanchi tandis que le jury déclare les trois autres accusés coupables de meurtre. 

Les aubergistes n’ont jamais avoué. Ils sont condamnés à mort et incarcérés à Privas. Leur pourvoi en cassation est rejeté et le roi Louis-Philippe repousse la demande de grâce : les accusés seront exécutés. 

Avertis la veille de leur exécution, les trois condamnés sont escortés par des gendarmes depuis Privas jusqu’à Peyrebeille.

En chemin, badauds et curieux sont amassés le long des routes pour pouvoir apercevoir le convoi ; certains les insultent, d’autres leur crachent dessus. 

Après un jour et demi de trajet, les condamnés arrivent au parking de l’auberge où une foule de plus de 30 000 personnes est venue de toute la région pour assister aux exécutions. 

Le 2 octobre 1833, la première à passer sous la guillotine est Marie Martin suivie de son mari Pierre et de leur domestique. Ce dernier, avant d’être exécuté, s’écrie : « maudits maîtres, que m’avez-vous fait faire ?

La légende était née… mais les doutes subsistent

Auberge sanglante de pereybeille le fameux four ou leblanc jetait ses victimes apres les avoir assassinees et depouillees 33762163233L'auberge sanglante de PEREYBEILLE.

Plusieurs historiens pensent que la culpabilité des Martin n’est pas démontrée. Il semblerait qu’Enjolras soit simplement mort d’une crise cardiaque après avoir trop bu. 

Des témoignages manifestement irrecevables ont influencé négativement le jury. Le président de la cour d’assises a sciemment ignoré les arguments apportés par la défense qui a insisté sur le fait que le témoin principal était un clochard ivrogne. 

De nombreuses pièces du dossier ont disparu des archives judiciaires. Les pages des livres d’état-civil faisant état des étapes de la vie des époux Martin ont été arrachées. 

Le mystère de la culpabilité ou de l’innocence des époux Martin ne sera jamais éclairci, sauf à retrouver un jour les pièces du dossier…

Contexte historique

Cette affaire mérite d’être replacée dans son contexte historique. Aux insurrections des Canuts de Lyon en 1831, répond celle des forêts royales en Ardèche.

Le droit du ramassage du bois est restreint pour les paysans au profit des scieries dont certaines seront incendiées et leurs bois coupés.

Des bandes de coupeurs opéraient de nuit dans un terrain qu’ils connaissaient parfaitement et n’avaient aucune peine à mettre la gendarmerie en déroute.

Le préfet ordonna de faire revenir l’ordre. C’est dans ce contexte que le dossier des Martin a été instruit. Leur procès eut également pour fond un règlement de compte politique, car nul n’ignorait l’appartenance du couple au clan des ultra-royalistes.

Tous savaient que Marie Breysse avait caché un curé réfractaire, que Pierre Martin était un homme de main de la noblesse locale qui avait fait pression sur des propriétaires afin qu’ils cèdent leurs terres à bas prix aux nobles revenus d’exil.

De plus, il était soupçonné de sympathiser avec les coupeurs des bois. Les aubergistes étaient donc en butte au mécontentement général.

L’histoire de l’Auberge Rouge resta longtemps dans les esprits, entretenue par les nombreuses complaintes chantées pendant les foires et les veillées.



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Date de dernière mise à jour : 12/09/2024