Top Secret 2
IK-3 : tortures pratiquées dans la prison Loup polaire
Colonie n°3, où Navalny a été emprisonné.
Des médias indépendants russes ont révélé de nombreuses tortures pratiquées dans la prison russe où est mort Alexeï Navalny.
Tortures
Des tortures inimaginables. Plusieurs médias indépendants d’informations russes ont révélé de nombreuses exactions commises au sein de la prison à régime spécial IK-3, dans l’Arctique, où est décédé l’opposant au Kremlin Alexeï Navalny, le 16 février 2024.
Gardiens
Des gardiens de prison avait tenté de maquiller en suicide le décès d’un prisonnier, probablement mort des suites de torture. Fait rare, quatre d’entre eux ont été poursuivis par la justice russe, dont deux pour « violences ayant entraîné la mort ».
Barkhombek Charichov
Ce prisonnier, Barkhombek Charichov, était condamné à 25 ans de prison pour « trafic de drogue » et transféré à IK-3 de son ancienne prison pour avoir dénoncé des tentatives d’extorsion de son personnel.
Témoignages
Selon plusieurs témoignages, depuis son arrivée au « Loup polaire », surnom de cette colonie pénitentiaire à l’extrême-nord de la Russie, Charichov était régulièrement torturé dans une cellule dite « de quarantaine ».
Colonie de Kharp, où Navalny a purgé sa peine.
Maltraitances
Parmi les nombreux actes de maltraitances, la technique des « matelas », qui consiste à battre un détenu avant de l’empaqueter dans de nombreux matelas où seule la tête dépasse, durant des heures voire des jours.
Victime
La victime ne pourrait alors plus bouger, serait nourrie à l’aide d’un entonnoir, et ferait ses besoins sur lui-même. Ainsi, Charichov serait mort après avoir passé trop de temps « dans les matelas ».
Viols
Viols, sévices moraux et physiques seraient légion et routiniers dans ces prisons russes ultra-sécurisées. Elles feraient partie de la phase « d’éducation » du prisonnier lors de son arrivée. Ces révélations ne veulent rien dire sur le traitement pratiqué à Alexeï Navalny dans cette prison.
Daniel Ellsberg le lanceur d’alerte des « Pentagon Papers »
Daniel Ellsberg, à Dresde (Allemagne), en février 2016.
L’ancien analyste militaire était devenu célèbre au début des années 1970 après avoir fait fuiter 7 000 documents classifiés, qui révélaient que plusieurs gouvernements américains avaient menti au public sur la guerre du Vietnam.
Daniel Ellsberg
L’Américain Daniel Ellsberg, qui a dévoilé en 1971 des documents confidentiels sur la planification de la guerre au Vietnam les « Pentagon Papers » est mort vendredi 16 juin 2023 à l’âge de 92 ans.
Mort
« Il est mort d’un cancer du pancréas, qui lui avait été diagnostiqué le 17 février 2023. Il n’a pas souffert et était entouré de sa famille bien-aimée », ont déclaré son épouse et ses enfants.
Analyste
L'ancien analyste du département d’Etat et de l’agence Rand Corporation liée au Pentagone, Daniel Ellsberg était devenu célèbre au début des années 1970 après-avoir fait fuiter 7 000 documents classifiés, les « Pentagon Papers », qui dévoilaient que plusieurs gouvernements américains avaient menti au public sur la guerre du Vietnam.
Documents
Ces documents révélaient notamment que, contrairement aux affirmations de divers responsables américains, la guerre du Vietnam ne pouvait pas être gagnée par les Etats-Unis et que Washington avait néanmoins joué la carte de l’escalade militaire.
Révélations
Des révélations qui avaient permis de changer l’opinion des Américains sur ce conflit de la décolonisation et de la guerre froide, de 1955 à 1975, véritable traumatisme pour les deux pays avec 58 000 militaires américains tués et quelque 3,8 millions de morts civils et militaires côté vietnamien.
Robert McNamara, secrétaire d'état américain à la défense (1961-1968) au cours d'une conférence de presse durant la guerre du Vietnam. C'est lui qui a fait effectuer le fameux rapport lorsqu'il était à la tête du Pentagone.
Rapport
En 1969, de plus en plus révolté par la situation au Vietnam, où il s’était rendu sur les lieux du conflit, Ellsberg s’était procuré un rapport de 7 000 pages.
Photocopié
Travaillant pour la Rand Corporation, il avait photocopié le rapport page par page avec l’aide d’un couple d’amis. L’histoire, qui avait abouti à la révélation des mensonges dans le New York Times puis le Washington Post.
Richard Nixon
The New York Times avait commencé à publier ces documents, avant que l’administration du président républicain Richard Nixon (1969-1974) n’obtienne une injonction d’un tribunal fédéral pour les en empêcher, au motif de la sécurité nationale.
Représailles
Le Washington Post avait pris le relais, malgré les risques de représailles politiques, économiques et judiciaires. Daniel Ellsberg a remporté le prix Olof-Palme des droits de l’homme en 2018.
Mort d'Alexeï Anatolievitch Navalny
Alexeï Anatolievitch Navalny.
Alexeï Anatolievitch Navalny, né le 4 juin 1976 à Boutyne dans l'oblast de Moscou et mort le 16 février 2024 au centre pénitentiaire de Kharp en Iamalie, est un avocat, militant anti-corruption, homme politique et prisonnier politique russe.
Veuve
La veuve de l’opposant russe accuse Vladimir Poutine de l’avoir « tué ». Vladimir Poutine a tué mon mari, Alexeï Navalny. Poutine a tué le père de mes enfants », a-t-elle déclaré.
Poutine
« Avec lui, Poutine a voulu tuer notre espoir, notre liberté, notre futur », a-t-elle asséné, affirmant vouloir poursuivre « l’œuvre » de son époux.
Pays
« Je continuerai pour notre pays, avec vous. Et je vous appelle tous à vous tenir près de moi. Ce n’est pas une honte de faire peu, c’est une honte de ne rien faire, c’est une honte de se laisser intimider », a-t-elle martelé.
Unir
« Nous devons nous unir pour frapper d’un seul coup Poutine, ses amis, les voyous en épaulettes, les courtisans et les tueurs qui veulent paralyser notre pays ».
Vladimir Poutine.
Accusations
En réaction à ces accusations, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fait savoir le lundi 19 février 2024 que l’enquête sur la mort de M. Navalny était toujours « en cours » et n’avait pas permis d’arriver à des conclusions « pour le moment ».
Circonstances
« Dans ces circonstances, en l’absence d’informations, nous pensons qu’il n’est absolument pas permis de faire des déclarations aussi odieuses », a-t-il ajouté, en référence aux accusations des pays occidentaux contre le Kremlin après la mort de l’opposant russe.
Philippe Grumbach ancien dirigeant du magazine L'Express espion du KGB pendant 35 ans
Un soir de bouclage à L'Express. De gauche à droite, Hugues Néel, Marc Ullmann, Françoise Giroud, Jean-Jacques Faust, Philippe Grumbach et Roger Thérond. J.R Roustang / L'Express.
Le jeudi 15 février 2024, le magazine hebdomadaire L'Express révèle que son directeur dans les années 1970, Philippe Grumbach, était un espion pour les services secrets de l'URSS.
Bork
Il se cachait derrière l'alias "Bork". Journaliste français et rédacteur en chef du magazine L'Express dans les années 1950 et 1960, avant d'en devenir le directeur de la rédaction en 1974, Philippe Grumbach n'était pas celui que l'on croyait.
Traître
Comme le révèle l'hebdomadaire L'Express dans son numéro de jeudi 15 février 2024, celui qui était dépeint à sa mort, en 2003, comme un "journaliste brillant" était aussi un traître à la France qui pendant 35 ans a émargé au KGB, jusqu'en 1981.
Relation
"Son entourage intime a confirmé cette relation occulte à L’Express. Proche de Mitterrand et de Giscard, il a été, à l’insu de tous, un des plus grands des espions soviétiques de la Ve République", affirme le rédacteur en chef du magazine, Étienne Girard, qui signe avec Anne Marion une enquête de longue haleine, menée dans les archives du KGB.
Philippe Grumbach
Né en 25 juin 1924 à Paris, Philippe Grumbach a été secrétaire de la rédaction de l'Agence française de presse (ex-AFP) de 1946 à 1948. Après un détour à Libération puis Paris-Presse-l'Intransigeant, il rejoint L'Express en 1954 comme rédacteur. Il fonde Pariscope en 1965, puis dirige le Crapouillot.
Expérience
Fort de son expérience, il occupe par la suite des fonctions au sein de la commission chargée de veiller à la qualité des programmes de radiodiffusion et de télévision (1975 - 81), du Haut-conseil de l’audiovisuel (1977 - 81) et de la Commission nationale du droit de réponse (1977 - 81), et devient ensuite producteur de cinéma avant de revenir à la presse en 1984 au Figaro.
Administrateur
Il effectue aussi des passages en tant qu'administrateur de l’Institut national de recherche pédagogique (1978) et président-directeur général d’Horizons Productions (1981 - 86).
Carrière
Une carrière particulièrement riche qui conduira le ministre de la Culture de l'époque, Jean-Jacques Aillagon, a le qualifié de "l'une des figures les plus marquantes et les plus respectées de la presse française", après son décès.
Archives
Les archives du KGB sur lequel s'est appuyé le magazine dans son enquête prouvent que Philippe Grumbach aurait touché l'équivalent de centaines de milliers d'euros contre des informations concernant François Mitterrand et Jacques Chirac.
Espion
Était-il espion "par idéologie ?" puis "par goût de l'argent ?", questionne l'actuel directeur de la rédaction de L'Express Philippe Grumbach a été démasqué en 1995, mais jamais inquiété. Il est mort en 2003, emportant avec lui 35 années de secrets.
Alexandre Benalla : agent des services secrets marocains ?
Alexandre Benalla aux côtés d'Emmanuel Macron.
L’affaire du garde du corps « officieux » du président français, Emmanuel Macron, tourne au scandale d’Etat. Licencié pour avoir fait preuve de brutalité dans l’exercice de sa fonction, Alexandre Benalla est, néanmoins, l’illustration même de l’infiltration des plus hautes sphères du pouvoir français par les services des renseignements marocains.
Sources
Des sources informées ont révélé à Algeriepatriotique que le déjà ex-chargé de mission auprès du chef de cabinet du président Macron, Alexandre Benalla a été repéré et recruté d’abord comme « correspondant », puis comme agent par les services secrets israéliens qui ont délégué la « sous-traitance » à la DGED marocaine.
Profil
Son profil « audacieux et rusé » avait tapé dans l’œil de la mouvance sioniste socialiste, expliquent nos sources. Mais son caractère « impétueux» et « insolent», ainsi que ses origines marocaines « ont fait qu’il soit placé sous le contrôle du Makhzen pour éviter toute mauvaise surprise », précisent nos sources, qui indiquent qu’Alexandre Benalla « s’est acquitté de plusieurs missions, notamment au Maroc » où une société de sécurité avait été créée et dont la direction lui avait été confiée avant d’être dissoute
Échelons
Alexandre Benalla a gravi les échelons doucement, mais sûrement depuis qu’il fut introduit dans les rouages du Parti socialiste par l’ancienne ministre de l’Éducation, Najet Vallaud Belkacem, elle-même inféodée à Rabat, aux côtés de Rachida Dati, Myriam Al-Khomri, Audrey Azoulay et bien d’autres.
Affaires
Les affaires Alexandre Benalla mettent à nu la stratégie du Makhzen en France et révèle les dessous de l’acharnement des dirigeants français... PS, Les Républicains, La République En Marche à soutenir la monarchie alaouite et à couvrir les frasques et les dépassements de Mohammed VI.
Régime
C’est que le régime monarchique de Rabat a de tout temps eu un pied dans les plus hautes sphères du pouvoir en France et, depuis quelque temps, au sein de l’Union européenne où il compte de nombreux lobbyistes rémunérés avec l’argent du peuple marocain détourné par la famille régnante prédatrice protégée par Paris.
Agents
La France est infestée d’agents secrets marocains qui ont accédé aux fonctions les plus sensibles, jusqu’à avoir accès aux secrets les mieux gardés. Et l’affaire Alexandre Benalla n’est que la partie visible de l’iceberg.
Équipe
En 2012, il fait partie de l'équipe de sécurité de la campagne de François Hollande. Après le départ d'Emmanuel Macron du gouvernement Valls II, Alexandre Benalla se rapproche de l'ancien ministre et est engagé comme directeur de la sûreté et de la sécurité d'En Marche durant la campagne présidentielle en 2017.
Parents
Alors que ses parents sont séparés, son père, qu'il décrit comme violent, tente de l'emmener au Maroc à trois reprises. Sa mère le cache et change en 1995 son prénom, Maroine, pour Alexandre. Il développe très jeune un goût pour la sécurité. Il sollicite et obtient en 2006, à l'âge de 14 ans, lorsqu'il est en troisième, un stage d'observation de trois jours auprès du Service de protection des hautes personnalités.
Études
Il effectue ses études secondaires au lycée Augustin-Fresnel à Bernay (Eure). En juin 2007, à 15 ans, il est stagiaire-sécurité au festival du film de Cabourg. En 2009, il entre en licence de droit à l'Université de Rouen-Normandie et valide celle-ci en 2013.
Master
Il s'inscrit ensuite dans un master en administration, spécialité « sécurité publique », à la faculté de droit de Clermont-Ferrand, mais ne valide que la première année.
Éric Plumer
Formé à la sécurité politique par Éric Plumer, responsable national du service d'ordre du Parti socialiste, il est, à partir de 2010, membre du Mouvement des jeunes socialistes, puis il travaille à partir de 2011 pour le service d'ordre du parti.
Protection
Alexandre Benalla est chargé de la protection de Martine Aubry pendant la primaire socialiste de 2011. Alexandre Benalla fait partie l'année suivante de l'équipe de sécurité de la campagne de François Hollande, entre mars et juin 2012.
Chauffeur
En 2012, Alexandre Benalla est aussi chauffeur d'Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, pendant une courte période. Sa rupture de contrat fait l'objet de versions contradictoires.
Ministre
Selon le ministre, dans une déclaration qu'il réaffirme le 3 septembre 2018, elle s'effectue au bout d'une semaine, car Alexandre Benalla lors d'un accident qu'il provoque aurait voulu prendre la fuite. Cependant, l'entourage d'Alexandre Benalla conteste l'affirmation d'Arnaud Montebourg, et le magazine people Closer donne une autre explication au licenciement, évoquant un conflit à la suite d'un incident où le ministre aurait emprunté le boulevard périphérique à vélo.
Audition
Alexandre Benalla, lors de son audition devant la commission sénatoriale en septembre 2018, déclare avoir travaillé 3 mois au cabinet d'Arnaud Montebourg, et en être parti pour d'autres raisons que celles qui ont pu être données.
Sensibilisation
En mars 2015, Alexandre Benalla participe à une sensibilisation (cinq jours) au sein de l'Institut national des hautes études de la Sécurité et de la Justice lors d'une session régionale « jeunes » en Île-de-France.
Conseiller
À partir de juillet 2016, il travaille bénévolement pendant quatre mois comme « conseiller chargé des jeunes et de la banlieue » et comme chef de cabinet auprès de Jean-Marc Mormeck, le délégué interministériel pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer.
Gendarmerie
Alexandre Benalla intègre la réserve opérationnelle « de sécurité publique » de la Gendarmerie, à l’issue d’une préparation militaire dans la gendarmerie, le 25 juin 2009, dans le département de l’Eure, où il effectue pendant six ans comme gendarme-adjoint, au gré de ses convocations, un travail de sécurité publique générale.
Brigadier
Entre 2009 et 2015, il sert ainsi au total pendant 194 jours. Ayant donné satisfaction, il est nommé brigadier le 1er décembre 2015. En 2017, il est radié à sa demande de la réserve opérationnelle « de sécurité publique » de la Gendarmerie, et il est intégré le 20 octobre 2017 dans la réserve opérationnelle « spécialiste » de la Gendarmerie.
Lieutenant-colonel
Avec le grade de lieutenant-colonel. Il s’agit de le faire participer à un groupe de travail et de réflexion sur l’amélioration de la sécurité des emprises militaires de la gendarmerie.
Richard Lizurey
C'est sur proposition du directeur général de la Gendarmerie nationale, Richard Lizurey, qu'il est nommé au grade de lieutenant-colonel alors que les services instructeurs avaient, eux, envisagés un grade, inférieur, de commandant.
Emmanuel Macron
Après la victoire d'Emmanuel Macron, il intègre l'Élysée en qualité de chargé de mission dans le cabinet présidentiel dirigé par le préfet Patrick Strzoda, devient l'un des deux adjoints du chef de cabinet François-Xavier Lauch, où il joue un rôle de coordination entre les différents services chargés de la sécurité du président.
Permis
Alexandre Benalla obtient un permis de port d'armes de la préfecture de police le 13 octobre 2017 en poste à l'Élysée, à la suite d'une demande du directeur de cabinet Patrick Strzoda.
Projet
Il participe à des groupes de travail sur un projet de réorganisation de la sécurité du président de la République. Le projet porte sur le rapprochement du GSPR, chargé de la sécurité à l'extérieur du palais de l'Élysée, et le commandement, chargé de l'intérieur.
Intimité
Selon plusieurs sources, Alexandre Benalla vit dans l'intimité du président de la République Emmanuel Macron et de sa femme Brigitte : il les accompagne dans leurs déplacements et activités privés, au ski, au tennis, ou pendant les vacances.
Cercle
D'après Le Monde, Alexandre Benalla faisait partie du « premier cercle » d'Emmanuel Macron, qui s'était entouré d'un petit groupe de « fidèles ».
Symboles franc-maçons.
Franc-maçon
Alexandre Benalla est initié franc-maçon au sein de la Grande Loge nationale française en janvier 2017. Ayant peu fréquenté sa loge ( « Les Chevaliers de l'Espérance » ), il en est suspendu à titre conservatoire le 24 juillet 2018 au moment où éclate l'affaire qui porte son nom.
Alexandre Djouhri
En 2018, il est révélé plusieurs rencontres d'Alexandre Benalla avec l'homme d’affaires franco-algérien Alexandre Djouhri à Londres, ville où il a été interpellé en janvier 2018 dans l'attente de son extradition vers la France, dans le cadre de l'affaire Sarkozy-Kadhafi.
Tchad
Par ailleurs, trois semaines avant la visite d'Emmanuel Macron au Tchad fin décembre 2018, Alexandre Benalla rencontre le frère du président tchadien, Oumar Déby, alors que la France négociait des ventes d'armes avec ce pays, ce qui amène le président de la République à démentir tout statut de représentant de l’État à Alexandre Benalla.
Passeport
Cependant, celui-ci voyageait, selon des informations récoltées par Mediapart, avec un passeport diplomatique émis le 24 mai 2018 par le gouvernement français. Le ministère des Affaires étrangères affirme avoir demandé à Alexandre Benalla de rendre ce passeport dès le mois de juillet 2018.
Sénat
En janvier 2019, devant la commission des lois du Sénat, le directeur du cabinet du président de la République, Patrick Strzoda, affirme qu’Alexandre Benalla a utilisé une vingtaine de fois ses passeports diplomatiques après son licenciement, entre le 1er août et le 31 décembre 2018.
Patrick Strzoda
Patrick Strzoda ajoute que Benalla a possédé aussi deux passeports de service en plus des deux passeports diplomatiques, et qu'il soupçonne que la demande de l'un d'entre eux ait été faite par le biais d'un document falsifié par Alexandre Benalla.
Salarié
Selon Mediapart, en novembre 2018, Alexandre Benalla est inscrit en tant que salarié de la société France Close Protection, liquidée judiciairement en septembre 2019, dirigée par un proche et logée dans le même centre de domiciliation que Mars, une société de sécurité qui appartient à Vincent Crase (gendarme réserviste chargé de sécurité à LREM).
Iskander Makhmudov
Selon Libération, qui analyse l'enquête de Mediapart, la société Mars aurait signé un contrat avec un oligarque russe, Iskander Makhmudov, « contrat d’autant plus compromettant qu’il aurait été négocié pour le compte de Benalla alors que ce dernier travaillait encore à l’Élysée », et la société France Close Protection aurait été créée à l'initiative d'Alexandre Benalla et Vincent Crase pour « changer de circuit financier ».
Licenciement
Toujours selon Mediapart, Alexandre Benalla, qui a perçu des indemnités de retour à l'emploi après son licenciement de l’Élysée, touche en décembre 2018 un premier salaire de France Close Protection de 12 474 euros. Dans le cadre de cette affaire du contrat avec l'oligarque russe, une enquête préliminaire est ouverte début février 2019 par le parquet national financier pour « corruption ». En décembre 2021, Alexandre Benalla et son épouse sont placés en garde à vue dans l'affaire des contrats russe.
Vassili Blokhine : le bourreau de Staline aux 15.000 têtes
Vassili Mikhaïlovitch Blokhine / Services secrets soviétiques.
Exécuteur en chef du régime, ce membre du NKVD a activement participé à l'élimination des ennemis du Vojd jusqu'à frôler le surmenage.
Boucher
Le qualificatif de « boucher » lui va comme un gant. Comme les équarrisseurs, il porte un tablier de cuir, des gants de moto qui lui remontent jusqu'aux coudes et une casquette afin de ne pas tacher son uniforme, déjà bardé de médailles du Mérite. Vassili Blokhine est un instrument de mort froid et précis, lisse comme un scalpel.
Vassili Blokhine
Pourtant, il aurait pu se trouver de l'autre côté de ce pistolet qu'il braque sur la nuque d'un dissident : ayant combattu dans l'armée tsariste à ses débuts, il n'a rejoint la police politique soviétique que sur le tard, en 1921… Mais Joseph Staline, voyant sans doute dans son profil atypique un futur camarade exemplaire, le prit sous son aile.
Maçon
L'ancien maçon prend alors rapidement du galon. Régulièrement promu dans les années 1920, il se trouve être très à l'aise avec un pistolet, surtout lorsqu'il est pointé sur la tête d'un prisonnier condamné à mort.
Bourreaux
Comme la plupart des prolifiques bourreaux de l'époque, il est issu de la classe paysanne : peut-être cette ascension sociale justifie-t-elle le zèle avec lequel Vassili Blokhine s'exécute et exécute dans le cadre de ses fonctions. Froidement, avec méthode, tel un employé modèle sur sa propre chaîne d'abattage.
Signature
À partir de 1925, on retrouve sa signature au bas de la plupart des sentences d'exécution du Commissariat du peuple aux Affaires intérieures (NKVD). En 1936, en récompense d'un travail jugé « irréprochable », Vassili Blokhine est même loué par le ministre des Affaires internes : il recevra l'ordre de l'Insigne d'honneur l'année suivante.
Purges
Il faut dire qu'il a du pain sur la planche. Entre les purges internes du Parti communiste, la spirale de mort dans laquelle Joseph Staline s'enferme et l'exécution systématique de dissidents, le bourreau frôle le surmenage.
L'écrivain Isaac Babel, photographié par le NKVD en mai 1939.
Terreur
La Grande Terreur qui saisit l'Union soviétique entre 1936 et 1938 conduit à la liquidation de quelque 750.000 « ennemis du régime » et à la déportation d'autant de prisonniers vers les goulags. Dans ce contexte, rien de surprenant à ce que les exécuteurs, en première ligne, soit proches du burn-out.
Alexandre Emelianov
« Quoi que vous disiez, le travail n'était pas des plus faciles, dira plus tard Alexandre Emelianov, un collègue de Vassili Blokhine, selon des propos repris par Russia Beyond. »
Fatigués
« On était si fatigués qu'on pouvait à peine tenir sur nos jambes. Et on se lavait à l'eau de Cologne jusqu'à la taille. Sinon, on ne pouvait pas se débarrasser de l'odeur du sang et de la poudre. Même les chiens nous évitaient et s'ils aboyaient, ils le faisaient de loin voire pas du tout. »
Confiance
Signe de la confiance que Joseph Staline lui porte, c'est au cours des Grandes Purges de la seconde moitié des années 1930 que Vassili Blokhine exécute ses prisonniers les plus prestigieux des gradés dont certains avaient été ses supérieurs.
Nikolaï Iejov
En 1940, il fusille Nikolaï Iejov, ancien patron du NKVD et, ironiquement, l'un des instigateurs de la liquidation dont il se retrouve victime. Vassili Blokhine abat également le dramaturge Vsevolod Meyerhold et l'écrivain Isaac Babel. Entre autres. En cette période agitée, difficile de tenir les comptes.
Massacre
Lors du massacre de Katyń du printemps 1940, au cours duquel des dizaines de milliers de prisonniers de guerre polonais sont secrètement abattus, Vassili Blokhine est l'un des principaux bourreaux à se salir les mains.
Un ensemble de documents appartenant au général Mieczysław Smorawiński, l'un des morts identifiés dans les fosses communes de Katyń le 30 avril 1943.
Liquidation
Chaque jour, il participe à la liquidation de 250 personnes, s'accordant seulement quelques minutes par condamné, le tout dans une cave humide reconvertie en abattoir.
Surprise
À la surprise de ses acolytes, Vassili Blokhine se présente au point de rendez-vous avec une valise pleine de pistolets allemands Walther 2. « Nos armes TT soviétiques n'étaient pas assez fiables. Elles avaient tendance à surchauffer avec l'usage intensif. » Il ne faudrait pas gâcher l'opportunité d'un si beau massacre…
Zèle
Avec zèle, le bourreau de Joseph Staline travaille d'arrache-pied jusqu'au terme de la guerre. En 1945, Vassili Blokhine a atteint le rang de major-général et peut se targuer d'une carrière de vingt-quatre ans au sein du parti.
Prouesse
(Une prouesse rare : la longévité n'est pas un trait commun dans les rangs du NKVD). D'après les historiens, il aurait exécuté de sa main 15.000 ennemis du régime sans l'ombre d'un remords.
Pension
Après la guerre, il reçoit une généreuse pension de la part du KGB. Mais on dit qu'il s'abîme dans la boisson : il faut dire que Vassili Blokhine éclusait régulièrement de la vodka en compagnie de ses acolytes lors des journées noires de 1936 à 1940, afin de tenir la cadence.
Une affiche de 1944 illustrant le massacre de Katyń.
Collègues
Du reste, beaucoup de ses anciens collègues ont été internés dans des hôpitaux psychiatriques, signe d'un métier qui laisse d'irréparables séquelles.
Surmenage
Ses années de surmenage finissent par le rattraper : affaibli par une maladie mentale, contraint de marcher avec une canne, Vassili Blokhine meurt en 1955 d'un infarctus du myocarde. La thèse de l'empoisonnement n'a pas été écartée.
Lien
Des agents russes tentent de recruter des étudiants sur Leboncoin
Site Leboncoin.
Des agents des services secrets russes approchent des étudiants ou jeunes actifs qui proposent des cours particuliers par des annonces en ligne.
Agents
Des agents russes sont passés par le site Leboncoin pour recruter des étudiants français prometteurs et pouvoir ainsi récupérer des informations sensibles, a appris un média le 21 octobre 2022 auprès du ministère de l'Intérieur.
Étudiants
Ces agents y repèrent des étudiants ou de jeunes actifs qui proposent des cours particuliers pour arrondir leurs fins de mois.
Cas
En tout, une douzaine de cas ont été identifiés selon une source au ministère de l'Intérieur. Certains agents russes repérés par les renseignements français ont ensuite été interpellés et expulsés du territoire. D'autres ont été discrètement mis en garde par les autorités françaises.
Cibles
Les cibles ne sont pas prises au hasard, car il s'agit à chaque fois de jeunes étudiants, ingénieurs prometteurs, issus de grandes écoles et qui travaillent surtout dans des domaines sensibles : la politique, les nouvelles technologies ou le nucléaire par exemple.
Espions
Ces espions russes, qui agissent sous couverture, se font passer pour des consultants ou des hommes d'affaires, qui souhaitent prendre des cours de haut niveau en français, en économie ou en mathématiques.
Cours
Ils prennent ensuite deux ou trois cours classiques, souvent dans un lieu public. Une fois le contact établi, l'agent russe teste son jeune professeur en lui demandant des informations de plus en plus précises sur son domaine de compétences.
Sujet
Plus le sujet et pointu et sensible, plus la rémunération proposée augmente, jusqu'à 300 euros pour une seule note. Au fur et à mesure, les méthodes de communication deviennent aussi plus confidentielles avec des rendez-vous pris à l’oral et des agents injoignables par téléphone.
Blason du service fédéral de sécurité de la fédération de Russie / FSB.
Objectif
L'objectif est double : à court terme, obtenir des informations et à plus long terme, hameçonner des jeunes pousses qui dans l'avenir pourraient intégrer par exemple des ministères ou de grandes entreprises stratégiques et les recruter pour de bons dans les rangs des services secrets russes.
Pratiques
Pour mettre en garde contre de telles pratiques, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), d'habitude très discrète, a rendu publique sur son site internet, cette méthode des agents russes pour inciter les éventuelles victimes à se faire connaître.
Russes
C'est aussi une façon de faire savoir aux Russes que la France a repéré leur méthode de recrutement, glisse une source proche du dossier.
Méthode
Cette méthode des petites annonces typiquement russe a pris de l'ampleur ces dernières années (même si le conflit en Ukraine a perturbé le dispositif) mais elle n'est pas nouvelle.
Croquis d'audience de Francis Temperville s'exprimant, le 23 octobre 1997 à Paris, lors de son procès.
Francis Temperville
En 1987 uns des étudiants français en physique nucléaire, Francis Temperville, avait été recruté par les services secrets russes via une petite annonce qu'il avait publiée dans un journal pour des cours particuliers.
Documents
Pendant deux ans, il avait livré des dizaines de documents classés secret défense avant d'être arrêté et condamné à neuf ans de prison pour trahison.
Chinois
Une méthode assez similaire avait aussi été repérée du côté des services secrets chinois, ajoute une source proche de l’enquête : les agents tentaient d’approcher de jeunes Français via de fausses annonces d’emploi postées sur le réseau professionnel Linkedin.
Vladimir Poutine : sous le signe du KGB
Vladimir Poutine.
En choisissant la carrière d'espion, le chef du Kremlin a honoré une tradition familiale. Et dépassé largement l'exemple de ses ancêtres.
Candidat
Lorsqu'il s'est retrouvé propulsé, ce candidat à l'élection présidentielle de 2000, Vladimir Poutine s'est montré avare en prestations médiatiques. Mais il a accepté de publier un livre d'entretiens dans lequel il levait pour la première fois le coin du voile sur une histoire familiale très liée aux services de sécurité.
Grand-père
Il y est un peu question de son grand-père Spiridon, dont Vladimir explique qu'il fut un chef cuisinier pour Lénine, puis Staline. Vu la paranoïa qui régnait alors au Kremlin, il est douteux qu'il ait obtenu un tel poste sans appartenir aux « services ».
Vladimir
Le petit Vladimir allait naître en octobre 1952, peu avant la mort de Staline. La saga familiale, est-elle fidèle ou un peu arrangée pour les besoins de la propagande électorale ? Difficile de le savoir.
Né
Une chose est sûre : Vladimir Poutine est né sous le signe du KGB. Il reconnaît que, tout jeune, il a été « marqué par les histoires romanesques d'espions » et a mis un point d'honneur à apprendre l'allemand, comme son père.
KGB
Adolescent, il se serait présenté spontanément au siège du KGB de Leningrad. On lui conseilla d'aller à l'Université faire des études de droit. Ce qu'il fit, tout en s'adonnant à sa passion pour le judo.
École
Ce n'est qu'à la trentaine qu'il fut admis à l'école du KGB. Il en sortit diplômé en 1975. Entre-temps, il s'était marié et avait eu deux filles.
Poste
Son premier poste à l'étranger fut en Allemagne de l'Est, à Dresde, loin de Berlin, où se concentrait l'activité des services du monde entier qui faisait rêver les jeunes espions.
Le jeune Vladimir Poutine en uniforme du KGB.
Ville
La présence du KGB dans cette ville provinciale se limitait à six officiers. On y travaillait en étroite collaboration avec la Stasi. Malgré les apparences, Dresde avait son importance, comme plaque tournante de la contrebande.
Dresde
Dresde abritait aussi le QG de Robotron, le plus grand producteur de produits informatiques du pays. L'entreprise dépendait étroitement de la technologie de l'Ouest. « Dresde, c'était le coeur du marché noir technologique », avoue un agent du BND (le service de renseignement est-allemand) à la retraite.
Armes
« On exportait des armes et on importait des composants électroniques mis sous embargo par les Occidentaux. Par tous les moyens ».
Trafics
« Les trafics les plus divers, cigarettes, pierres précieuses, etc, servaient à faire rentrer des devises avec lesquelles on achetait les composants au marché noir via des sociétés-écrans basées en Autriche ou en Suisse. C'était le rôle de la Stasi. L'équipe du KGB était là pour surveiller ce qu'ils faisaient. »
Farewell
Au début des années 1980, l'affaire Vetrov ( « Farewell » ) et ses retombées en France ont porté un coup dur à la « ligne X » (technologique) en dévoilant aux services occidentaux les noms de 250 agents soviétiques chargés de l'espionnage industriel un peu partout à l'Ouest.
Agents
C'est la raison pour laquelle les agents installés en Allemagne reçoivent pour instruction de redoubler d'efforts afin de recruter de nouvelles sources dans des sociétés ouest-allemandes, comme Siemens, Bayer, Messerschmidt ou Thyssen.
Cité
Dans la cité est-allemande, l'agent Poutine et son équipe approchent les visiteurs commerciaux venus d'Allemagne de l'Ouest : la plupart descendent à l'hôtel Bellevue, sur les rives de l'Elbe, un établissement géré par la Stasi ! Il suffit de se poster au bar pour engager la conversation.
Hommes
Les hommes du KGB ont également à leur disposition un groupe de prostituées, les seules autorisées à opérer dans cet hôtel. Les chambres sont équipées de miroirs sans tain, derrière lesquels des caméras enregistrent leurs ébats avec les clients.
Formation des recrues du KGB.
Époque
C'est sans doute de cette époque que Poutine a acquis le goût du « piège à miel » qui permet ensuite de faire chanter sa cible. La cellule enrôle aussi des étudiants est-allemands prometteurs qui s'apprêtent à partir dans une Université technologique d'Allemagne de l'Ouest.
Visa
Ceux qui n'acceptent pas de coopérer se voient retirer leur visa. Cela implique de se rendre régulièrement à l'Ouest pour s'assurer qu'ils ne sont pas tentés de désobéir et leur rappeler que leur famille, restée à l'Est, pourrait pâtir de leurs incartades.
Décoré
Vladimir Vladimirovitch Poutine est décoré en 1988 par le patron de la Stasi. Dès le milieu des années 1980, il devient évident pour les patrons du KGB que le régime communiste touche à sa fin : le bloc de l'Est est distancé sur les plans technologiques et économiques.
Régime
Le régime craque de partout. Il faut que le KGB arrive à se maintenir, même en cas de changement de régime. En RDA, le président du Conseil d'État, Erich Honecker, apparaît complètement dépassé par la situation, incapable de suivre le mouvement de la perestroïka.
Patron
En 1986, le patron du renseignement extérieur du KGB, Vladimir Krioutchkov, rend visite à ses hommes à Dresde. Il leur donne pour instruction d'infiltrer les groupes d'opposants et les cadres du régime susceptibles de former les élites de l'après-Honecker.
Services
Cette fois, les hommes du KGB agissent à l'insu des services est-allemands. La cellule de Poutine se met alors à créer des sociétés à l'Ouest vers lesquelles sont transférées des sommes importantes, issues des fonds secrets. Il s'agit de constituer un trésor de guerre qui permette à l'élite du KGB de survivre économiquement.
Experts
Même les experts du BND allemand ne savent pas tout ce qu'a accompli Poutine pendant ces années. Dans les archives de la Stasi, le dossier est mince. On comprend toutefois que ce n'était pas un agent lambda.
Des agents du KGB se préparent pour le travail.
Exemples
Quelques exemples... En 1988, une médaille de bronze du Mérite de l'armée populaire décernée à « Vladimir Vladimirovitch Poutine » par le patron de la Stasi. En 1989, un plan de table pour un dîner de gala à l'occasion du 75e anniversaire de la Tcheka, où Poutine occupe une place privilégiée.
Mémos
Des mémos aussi, dans lesquels il donne des ordres à de hauts responsables de la Stasi... En 2000, quand Poutine est devenu président, Markus Wolf et d'anciens du KGB ont fait chorus pour expliquer aux médias que Poutine n'avait tenu qu'un rôle marginal. Pouvaient-ils dire autre chose ?
Activité
Il est toutefois une autre activité qui n'a jamais été creusée à ce jour : selon le transfuge Oleg Kalouguine, le poste de Dresde était aussi utilisé par le KGB pour des contacts discrets avec certains groupuscules terroristes de l'extrême gauche européenne.
Camp
Dans les années 1960-1970, les services est-allemands ont accueilli un camp d'entraînement de l'OLP et reçu avec beaucoup d'égards le célèbre terroriste Carlos. Cela faisait partie des « mesures actives » jugées légitimes contre l'Ouest décadent.
Groupe
Le groupe allemand Fraction Armée rouge, qui multipliait les kidnappings et attentats à la bombe en Allemagne de l'Ouest, avait sa base arrière à Dresde, une ville tranquille et peu accessible aux espions de l'Ouest.
Réunification
Lors de la réunification allemande, cette histoire a été glissée sous le tapis, car l'heure était avant tout à la réconciliation.
Fraction
Un ancien de la Fraction Armée rouge a confié aux services allemands que Poutine était présent lors de certains briefings avec la Stasi, et qu'il semblait commander même aux généraux de la Stasi. Le groupe terroriste pouvait difficilement acheter des armes à l'Ouest.
Financement
Il dépendait donc entièrement des services de l'Est pour son financement et son armement. Le KGB, dictait-il donc le choix de certaines opérations ? Les quelques journalistes russes et allemands qui ont tenté d'enquêter sur cette partie de l'histoire ont tous reçu de fermes avertissements sur le danger de se montrer trop curieux.
Yvonnick Denoël.
Russie : à quoi ressemble la colonie pénitentiaire dans laquelle Alexeï Navalny va purger sa peine ?
Vue générale de la colonie N2 près de la ville de Pokrov.
Machine à « briser » les détenus, la colonie pénitentiaire n°2 en périphérie de la ville de Pokrov a la réputation d’être une des plus sévères de Russie.
Prison
Avec ses blocs d’immeubles soviétiques décrépis et ses maisons de bois branlantes, la ville de Pokrov abrite la prison où l’opposant russe Alexeï Navalny purgera sa peine, une colonie pénitentiaire décrite comme une machine à « briser » les détenus les plus récalcitrants.
Colonies
« On dit que c’est une des colonies les plus sévères de Russie », déclare Denis, un entrepreneur qui refuse de donner son nom de famille : « Peut-être que c’est pour ça qu’il a été transféré ici ».
Clôture
Entourée d’une clôture de tôle surmontée de barbelés, la colonie pénitentiaire n°2 est installée en périphérie de la ville, près d’une usine du géant Américain de l’agroalimentaire Mondelez.
Iadviga Krylova
À Pokrov, la sympathie pour l’opposant est moins évidente. « Le lieu de son emprisonnement n’a aucune importance pour nous : le plus important est qu’il soit en prison », assène, une retraitée de 56 ans, Iadviga Krylova.
Pokrov
À cent kilomètres à l’est de Moscou, Pokrov et ses 17 000 habitants sont un point de passage sur la route de Vladimir, ville médiévale dont les églises classées au patrimoine mondial de l’Unesco font partie des plus visitées de Russie.
Ville
Auparavant, la ville marquait aussi la limite du 101e kilomètre autour de la capitale, au-delà de laquelle les autorités soviétiques ont envoyé en exil nombre d’intellectuels ou de dissidents.
"Cette colonie est considérée comme exemplaire et elle y parvient en ne traitant pas les gens comme des humains" raconte un opposant.
Goulag
C’est justement à l’époque soviétique qu’a été ouverte la colonie pénitentiaire. Lointain héritage du Goulag, le système concentrationnaire institué sous Staline, elle fait aujourd’hui partie des 684 camps de travail accueillant 393 000 prisonniers en Russie.
Détenus
En théorie, la colonie offre aux détenus la possibilité de travailler en échange d’un maigre salaire, qui couvre à grand-peine les frais de logement qui leur sont imposés.
Système
Mais le système est régulièrement dans le viseur des groupes de défense des droits humains, qui dénoncent des conditions harassantes et des journées de travail interminables.
Maxime Troudolioubov
Maxime Troudolioubov, rédacteur du site d’information Meduza, assure que le système de colonies pénitentiaires est un instrument utilisé par le Kremlin pour briser les opposants et marginaliser les critiques.
But
« C’est son but : soit une personne est brisée psychologiquement, soit elle quitte la Russie immédiatement après avoir purgé sa peine. Dans les deux cas, un opposant sort du terrain de jeu », explique-t-il.
Sévérité
La sévérité du système est connue. En 2013, Nadejda Tolokonnikova, membre du groupe contestataire Pussy Riot condamnée à deux ans de camp pour avoir chanté une « prière punk » anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, avait entamé une grève de la faim pour protester contre « l’esclavage » dans son camp de travail en Mordovie, au sud-est de Moscou.
Alexandre Kalachnikov
Alexandre Kalachnikov, le directeur des services pénitentiaires russes (FSIN), a assuré à l’agence de presse TASS qu' « aucune menace » ne pèserait sur la santé d’Alexeï Navalny, qui pourrait travailler comme cuisinier, bibliothécaire ou couturier.
Annonce
Mais depuis l’annonce de son lieu de détention, d’anciens détenus de la colonie pénitentiaire n°2 en ont raconté le quotidien.
En théorie, la colonie offre aux détenus la possibilité de travailler en échange d’un maigre salaire, qui couvre à grand-peine les frais de logement qui leur sont imposés.
Casser
L’administration de la prison s’efforce de « casser psychologiquement les gens », a affirmé à la chaîne télévisée d’opposition Dojd Dmitri Demouchkine, un homme politique nationaliste qui y est resté deux ans.
Konstantin Kotov
Pour Konstantin Kotov, qui y est passé pour avoir enfreint la loi russe sur les manifestations, « cette colonie est considérée comme exemplaire et elle y parvient en ne traitant pas les gens comme des humains ».
Environnement
Il décrit un environnement dans lequel les détenus n’ont quasiment pas de temps libre et sont complètement coupés du monde extérieur. L’objectif : maintenir « les gens sous pression et les soumettre ».
Opposition
Privée de sa voix la plus audible, l’opposition russe se demande dans quel état Alexeï Navalny sortira de prison et s’il sera toujours prêt à affronter le Kremlin.
Harcèlement
« Il va y avoir du harcèlement et des humiliations. Le but du système est de le briser », a déclaré Marina Litvinovitch, membre d’une commission officielle qui observe les conditions de détention.
Opposant
L’opposant de 44 ans, qui a survécu l’année dernière à un empoisonnement dont il accuse le Kremlin, et a passé plusieurs mois de convalescence en Allemagne, doit y purger une peine de deux ans et demi. Sa condamnation a provoqué l’indignation de la société civile russe et des capitales occidentales.
Comment la Russie a traqué un agent secret renégat sur le sol américain
Alexandre Poteev était colonel dans le service du renseignement extérieur russe.
D’après une enquête du « New York Times », Moscou a organisé en 2019 la tentative d’assassinat d’Alexandre Poteev, ancien colonel du renseignement russe qui avait trahi l’identité de onze espions aux États-Unis.
Vladimir Poutine
La pilule n’est pas passée. D’après Vladimir Poutine, « un homme qui choisit un tel destin le regrettera encore mille fois ». Cet homme, ou ce « porc » selon les mots du président russe, c’est Alexandre Poteev.
Colonel
Ancien colonel du SVR, le service du renseignement extérieur russe, l’homme aujourd’hui âgé de 71 ans a commis l’irréparable aux yeux du Kremlin.
Cible
A tel point qu’il aurait été la cible d’une tentative d’assassinat en 2020 commanditée par le pouvoir russe, d’après une enquête du New York Times publiée lundi 19 juin 2023.
Sujet
Si le sujet est si sensible, c’est aussi parce que Vladimir Poutine est lui-même sorti des rangs des services de renseignements russes avant d’entrer en politique.
Alexandre Poteev
En 2010, Alexandre Poteev était encore chef adjoint du département Amérique de la direction « S », soit les réseaux dormants, du SVR. Avec un tel poste, il bénéficiait d’un accès direct à toutes les informations sur les agents en place. Cette même année, il organise son départ de la Russie pour rejoindre les États-Unis.
CIA
Et révèle à la CIA les mécanismes de financement des agents russes et leurs moyens de communication au cours de ses voyages à l’étranger et de rencontres à Moscou.
Informations
Ces informations ont conduit à une enquête d’un an du FBI, pour aboutir à l’arrestation de onze espions installés sur la côte est des États-Unis.
Couverture
Ces Russes sous couverture avaient pour objectif de collecter des informations et de recruter de nouveaux agents. Mais Alexandre Poteev a fait défection, et entraîné la chute d’éléments précieux pour le régime.
Interpellés
Les onze agents ont été interpellés. Dans une volonté de rapprochement avec la Russie, l’administration Obama fait le choix de la négociation.
Accord
Un accord est trouvé : Washington renvoie dix de ces espions en Russie, Moscou libère quatre agents double prisonniers.
Anna Chapman
Parmi les Russes figure la désormais célèbre Anna Chapman, ainsi que les deux agents qui ont inspiré la série The Americans. Et parmi les prisonniers qui sortent des geôles, Sergueï Skripal est libéré.
Responsable
Cet ancien responsable au sein du renseignement militaire russe avait été condamné en 2006 pour avoir livré des secrets au Royaume-Uni.
Empoisonnement
Il a été la cible d’une tentative d’empoisonnement en 2018 dans les rues britanniques de Salisbury.
Mort
L’agence de presse russe Interfax le déclare même mort en 2016, « d’après des sources proches du dossier », assurait le média. Cette année-là, pourtant, il obtient un permis de pêche et prend sa carte dans le parti des républicains. Sous son vrai nom.
Vivant
Tout semble indiquer qu’il est bien vivant, résidant à Miami, en Floride.
Condamné
Pour avoir dévoilé ces informations aux renseignements américains, Alexandre Poteev est condamné par contumace dans un tribunal moscovite à vingt-cinq ans de prison en 2011.
Intouchable
L’ancien militaire est pourtant intouchable, déjà installé à des milliers de kilomètres de là, aux États-Unis. Pendant plusieurs années, il disparaît des radars.
Hector Alejandro Cabrera Fuentes
D’après le quotidien américain, l’opération pour l’assassiner ne s’organise que trois ans plus tard, en 2019. Au cœur de l’intervention : Hector Alejandro Cabrera Fuentes. D’origine mexicaine, ce microbiologiste part étudier à Kazan, en Russie, puis termine un doctorat en Allemagne.
Épouses
Il a deux épouses, l’une vit au Mexique, l’autre est Russe et installée en Allemagne. En 2019, cette dernière et leurs deux filles ne sont pas autorisées à quitter la Russie pour rentrer en Union européenne.
Stratagème
Un stratagème pour pousser le scientifique à se rendre à Moscou. Sur place, il y rencontre un « responsable russe », selon le New York Times, qui lui rappelle que son épouse est bloquée, et qu’ils « peuvent s’entraider ».
Machinerie
Quelques mois plus tard, la machinerie se lance. Le responsable russe demande son premier service à Hector Alejandro Cabrera Fuentes. Il doit obtenir un appartement au nord de Miami Beach, à quelques pas du lieu de vie d’Alexandre Poteev, sous un faux nom.
Mission
En février 2020, de nouveau, le responsable Russe réclame une rencontre à Moscou, pour lui confier une nouvelle mission.
Localisation
Le microbiologiste doit retrouver la voiture de l’ancien colonel des renseignements, noter le numéro de sa plaque et sa localisation. Seule condition : ne pas prendre de photos, pour éviter toute trace. La recrue échoue cette fois.
Sécurité
Il tente de s’introduire dans le complexe immobilier gardé en suivant une autre voiture, attire l’attention de la sécurité, pendant que son épouse photographie la plaque d’immatriculation.
Filmé
Tout est filmé par des caméras, et la preuve est sur son téléphone.
Interpellé
Deux jours plus tard, alors qu’il tente de quitter les États-Unis pour partir au Mexique, Hector Alejandro Cabrera Fuentes est interpellé à la frontière américaine.
Interrogé
Interrogé sur l’image prise de la voiture, il déballe le plan dans ses détails, sa rencontre avec un responsable à Moscou qu’il pense être membre du FSB, service de renseignement intérieur russe. Tout laisse penser, selon le média américain, que l’issue de cette opération ne pouvait être que la mort d’Alexandre Poteev.
Date de dernière mise à jour : 27/02/2024